Petits arrangements post-électoraux pour de grandes coalitions

Photo: CTK

Après les élections municipales de ce week-end qui ont vu la victoire incontestable du parti de la droite libérale, l'ODS, l'heure est à la composition des équipes qui dirigeront les villes. Pourtant de grandes coalitions avec ses rivaux de la social-démocratie voient le jour.

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Le chef de l'ODS, Mirek Topolanek, a eu beau multiplier les mises en garde et rappeler que son parti n'avait pas à forger de grandes coalitions avec le parti d'opposition, le CSSD, là où ce n'était pas nécessaire, la réalité est toute autre, deux jours après le scrutin. Malgré la victoire du parti de droite, les résultats obtenus par exemple dans les deux plus grandes villes tchèques après la capitale, Brno et Ostrava, « doivent lui rappeler intimement les résultats des élections législatives de juin », note le quotidien économique, Hospodarske noviny. En effet, dans ces deux villes, si l'ODS a obtenu le plus de représentants, ce sont les sociaux-démocrates qui décideront, au final, de quoi aura l'air le nouveau conseil municipal. Deux variantes sont possibles : soit une grande coalition avec l'ODS, soit une alliance des sociaux-démocrates avec les autres plus petits partis, une variante qui inclut donc la possibilité d'une alliance avec les communistes.

Ailleurs, en tout cas, les jeux sont déjà faits, comme le notent ce mardi tous les quotidiens nationaux : dans de nombreuses municipalités, les membres de l'ODS n'ont pas suivi les recommandations de leur chef qui, en appelant à ne pas faire coalition, souhaitait « chasser le CSSD des villes » : à Liberec, Znojmo, Sokolov, Usti nad Orlici, Prerov et Pelhrimov, les « frères ennemis » se sont déjà entendus et d'autres villes de Bohême et de Moravie vont très probablement suivre leur exemple. D'après Jan Tesar, le maire de la ville de Prostejov, interrogé par le quotidien on-line aktualne.cz, la raison principale de ces alliances est simple : la collaboration avec les sociaux-démocrates a prouvé son efficacité au cours des années précédentes, et si des problèmes sont apparus, une solution a toujours été, en fin de compte, trouvée. Le pragmatisme semble donc être de mise dans certaines communes, contre les disputes politiciennes.

Jiri Paroubek,  photo: CTK
Celles-ci restent toutefois bien entendu monnaie courante : les querelles de personnes, notamment autour de la personnalité de l'ancien premier ministre socialiste, Jiri Paroubek, restent de mise. Certains membres de l'ODS ont fait savoir que c'était sa personne même qui représentait un des principaux obstacles à toute négociation, comme on peut le lire dans le quotidien Lidove noviny. Le journal se fait l'écho d'un membre du CSSD qui admet qu'en cas d'impasse, il demanderait à la direction de son parti la raison du ton résolument offensif adopté, notamment par Jiri Paroubek, qui met mal à l'aise son parti qui n'ose pourtant pas le critiquer ouvertement.

A la fin de cette semaine aura lieu le deuxième tour des sénatoriales : un analyste du quotidien Lidove noviny rappelle que l'écrasante victoire de la droite au premier tour ne sera pas automatiquement synonyme d'une victoire totale au second tour, la prédominance d'un seul parti pouvant effrayer les électeurs. Néanmoins, quelque soit le résultat, aktualne.cz pense pouvoir dès aujourd'hui affirmer que le nouveau tiers de sénateurs renouvelés à la chambre haute penchera très clairement en faveur de l'actuel président Vaclav Klaus, lors des prochaines élections présidentielles, prévues en 2008.

En attendant, hors spéculations sur un avenir encore lointain, notons quand même que les résultats électoraux de ce week-end ne changent rien au blocage autour de la formation d'un nouveau gouvernement. Il faudra attendre ceux du deuxième tour des sénatoriales pour que soient de nouveau engagées des négociations pour sortir de l'impasse.