Petr Fiala en tournée dans l’Indo-Pacifique pour parler affaires et stratégie
Après une première étape aux Philippines, c’est par une visite en Indonésie que le Premier ministre tchèque poursuit sa tournée en Asie. Un voyage en compagnie d’une trentaine de chefs d’entreprise qui, jusqu’à mardi prochain, le mènera encore dans quatre autres pays.
Des Philippines à l’Ouzbékistan, en passant par l’Indonésie, Singapour, le Vietnam et le Kazachstan, c’est un voyage d’une dizaine de jours que Petr Fiala entreprend tout au long de cette semaine et jusqu’en début de semaine prochaine. « L’importance économique de l’Indo-pacifique est énorme, c’est la région du monde qui connaît la croissance la plus rapide », a expliqué le Premier ministre, samedi soir dernier à Prague, avant de monter dans l’avion qui l’a donc d’abord conduit à Manille.
Reçu avec les honneurs dus à son rang dans la capitale philippine, le chef du gouvernement tchèque a notamment discuté des défis sécuritaires dans la région, en particulier dans la mer des Philippines occidentales et dans le détroit de Taïwan, où la présidente de la Chambre des députés s’est rendue récemment.
Et puisqu’il s’agit essentiellement d’un voyage d’affaires et stratégique, c’est logiquement d’un domaine dans lequel les entreprises tchèques sont unanimement reconnues pour leur savoir-faire dont il a d’abord été question lors de ce passage à Manille, comme l’a confirmé Petr Fiala :
« Notre industrie de la défense suscite effectivement beaucoup d’intérêt. Mais les Philippins sont également très intéressés par la coopération dans le domaine de l’agriculture, où certains projets ont d’ailleurs déjà été lancés, comme par exemple dans le domaine de la transformation du lait. D’autres secteurs d’activité comme la logistique ou les transports possèdent eux aussi un important potentiel et, déjà, la coopération dans le domaine de la recherche spatiale se développe bien. »
Alors que Prague et Manille célèbrent cette année le cinquantenaire de leurs relations mutuelles, ce passage dans les Philippines, dont plusieurs millions de ressortissants travaillent déjà un peu partout dans le monde, a aussi été l’occasion pour Petr Fiala de rappeler une autre priorité tchèque :
« Je tiens aussi à informer le gouvernement philippin de notre intention d’augmenter le nombre de travailleurs philippins en République tchèque. Les Philippines font partie de notre programme de soutien à la migration économique que les entreprises tchèques appellent de tous leurs vœux. »
Depuis quelques années, pour faire face à l’importante pénurie de main-d’œuvre dans un pays où le chômage reste un des plus faibles de toute l’Europe (taux en baisse de 0,2 point à 3,7% en mars), les ressortissants philippins sont accueillis les bras ouverts sur le marché du travail tchèque. Au même titre que la Mongolie et la Serbie, les Philippines ont été intégrées à un régime migratoire spécial dit « des autres États » qui prévoit l’accueil chaque année d’un millier de travailleurs en provenance de chacun de ces pays. Ce programme s’adresse aux employeurs directs opérant en République tchèque depuis au moins deux ans dans le domaine de la production, des services ou du secteur public.
Ce mardi, le Premier ministre a poursuivi sa tournée par une étape en Indonédie. Sur le marché du quatrième pays le plus peuplé au monde, la République tchèque entend aussi mettre en avant son industrie de l’armement. Mais si l’Indo-Pacifique et l’Asie centrale sont si importants aux yeux de Prague, au-delà de l’aspect purement économique, c’est aussi pour des raisons stratégiques. Pour Petr Fiala, les pays visités pourraient constituer une sorte de contrepoids à la Chine dans le domaine du commerce extérieur.
Enfin, puisque même lorsqu’il est à l’autre bout du monde, l’Ukraine reste au centre des préoccupations du chef du gouvernement tchèque, il a aussi été question, lundi, des céréales et produits agricoles ukrainiens. À la différence de ses trois pays partenaires au sein du groupe de Visegrád, la République tchèque a, elle, décidé de ne pas interdire leur importation :
« La République tchèque ne possédant pas de frontière commune [avec l’Ukraine], le problème n’est pas aussi important. Chez eux [en Pologne, Hongrie et Slovaquie], en revanche, des mesures ont été prises, entre autres, parce que cela (les importations) réduit considérablement les prix dans leurs pays et crée une concurrence pour leurs agriculteurs. Chez nous, ce n’est pas le cas. Au contraire même, nous prenons des mesures pour faire baisser les prix de l’alimentation et parvenir à de meilleurs tarifs pour les Tchèques. »