Petr Uhl, ancien dissident : « La semaine Jan Palach a été une ouverture à la Révolution de velours »
Toute cette semaine, les Tchèques se souviennent des manifestations qui, en janvier 1989, à l'occasion du 20e anniversaire de l'immolation par le feu de Jan Palach, avaient été violemment réprimées par la police du régime communiste. Aujourd'hui journaliste et commentateur au quotidien Pravo, Petr Uhl était à l'époque l'un des principaux représentants de la dissidence tchèque. Quinze ans plus tard, il revient sur les événements de cette semaine dite « Palach » :
"Jan Palach était un jeune étudiant qui s'est suicidé en se brûlant, en 1969, en signe de protestation contre la normalisation et les conditions qui avaient été peu à peu réinstaurées après l'invasion soviétique. A l'époque, c'était une véritable résistance, mais personnellement, je n'ai jamais été d'accord avec ce procédé et avec, disons, l'admiration de son acte. Malgré cela, il est devenu très populaire, restant gravé dans les mémoires comme un symbole de la révolte, de la protestation ; et il y a quinze ans, en 1989, les gens qui étaient encore plus mécontents des conditions de vie, de la situation politique, etc., cherchaient des occasions pour manifester leur mécontentement. Et voilà qu'alors se présente cet anniversaire, un nouvel anniversaire parce que les Tchécoslovaques, et les Tchèques surtout, aiment beaucoup les anniversaires. C'était donc le 20e anniversaire de la mort de Jan Palach, et les gens se sont réunis sur la place Venceslas, dans le centre-ville, à l'endroit où Palach a commis son acte. La police est alors intervenue très violemment lors des émeutes. Il y avait des milliers de personnes et ces rassemblements se sont répétés chaque jour pendant une semaine. La brutalité de la police augmentait et les gens étaient toujours plus nombreux. Ce qui était très intéressant était le fait que de nombreux jeunes qui n'avaient pas été témoins de l'invasion soviétique vingt ans auparavant et de la normalisation participaient à ces manifestations. Et il y a eu bien entendu de nombreuses interpellations et arrestations. Vaclav Havel a ainsi été condamné à plusieurs mois de prison. Tous ces événements de janvier 1989, « La semaine Jan Palach », ont été une ouverture à la Révolution de velours quelques mois plus tard, en novembre. Oui, on peut le dire. »