Plus de fermeté dans la lutte contre l'extrémisme
Objet d'une critique de plus en plus violente, le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, vient de présenter de nouveaux projets de lutte contre l'extrémisme. Présentation par Alain Slivinsky.
Il y a quatre ans, un étudiant soudanais a été assassiné, à Prague. La raison ? La couleur de sa peau. La scène politique tchèque déclara la guerre au racisme... On constate que les choses n'ont, pourtant, pas tellement changé, les manifestations néonazies sont de plus en plus nombreuses, tout comme celles d'autres tendances extrémistes. Les critiques pleuvent sur le ministère de l'Intérieur, le gouvernement, la police, les tribunaux - en dernier lieu dimanche, lors d'une cérémonie du souvenir à la mémoire des victimes de l'holocauste. Les communautés juives y ont lancé un appel à la condamnation la plus ferme des activités néonazies en Tchéquie. Le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, a réagi, rapidement, en promettant la fin de la tolérance. Selon lui, la police disposera d'un soutien plus important des milieux politiques, dans le cas d'interventions musclées. Une nouvelle interprétation de la loi lui permettra d'intervenir là où cela n'était pas possible : lors de manifestations, concerts de groupes racistes, dans des salles réservées, fermées au public. Elle pourra infiltrer ses agents et enregistrer les discours, les chansons racistes. Les étrangers qui ont participé à des rassemblements néonazis seront interdits de séjour en Tchéquie. Ils seront répertoriés dans une banque de données spéciale. Les experts en extrémisme ne sautent, pourtant, pas de joie : selon eux, les initiatives du ministre arrivent avec un grand retard. Pavel Bilek, du Comité tchèque d'Helsinki, affirme que les lois actuelles permettraient, depuis longtemps, à la police d'intervenir de la manière la plus ferme. Petr Uhl, ancien délégué gouvernemental aux droits de l'homme, est du même avis. La police pouvait intervenir dans un restaurant où avait lieu un concert néonazi, à n'importe quel moment, et pas seulement quand il s'y passait quelque chose de suspect. Selon l'ambassade d'Allemagne, à Prague, le concert du groupe slovaque « Juden Mord » (mort aux Juifs), ne serait pas possible dans ce pays. Le propriétaire du local serait même poursuivi en justice... Les statistiques tchèques sont claires : le nombre de délits et crimes à motif raciste augmente : en 2000, il y a eu 50 cas de plus qu'en 1999. L'extrême-droite se rassemble : création du Bloc national social, un groupement des partis d'extrême-droite, organisateur d'un meeting politique, le 1er mai à Prague... La fermeté s'impose donc, et le ministre de l'Intérieur vient d'en donner l'aval.