Le ministère de l’Intérieur met en garde contre l’extrémisme en ligne et les activités des « Tchèques mécontents »

Une manifestation anti-gouvernementale

La radicalisation des extrémistes en ligne représente un risque de plus en plus important pour la sécurité de la Tchéquie, constate le ministère de l’Intérieur dans son rapport sur l’activité des mouvements extrémistes au cours du deuxième semestre de 2022.

Selon le document, cette radicalisation touche différentes catégories d’âge et groupes sociaux, ainsi que différentes tendances idéologiques. En ce qui concerne l’extrémisme de droite, ce sont des communautés en ligne isolées qui constituent actuellement une menace particulièrement importante.

« Ces groupes sont peu nombreux et leurs membres ne font généralement pas de déclarations publiques. Leur risque réside dans le fait qu’ils peuvent donner naissance à des attaques perpétrées par des individus solitaires », a expliqué le ministère de l’Intérieur.

Il a ajouté que les membres de ces communautés avaient généralement de bonnes connaissances linguistiques et étaient en contact avec des extrémistes à l’étranger.

Dans ce contexte, les autorités ont évoqué l’exemple d’un jeune Tchèque âgé de 17 ans accusé d’avoir préparé des attaques à l’explosif contre les ambassades des Etats-Unis, d’Israël et de Chine à Prague.

Les Tchèques mécontents deviennent « une force politique importante »

Autre enseignement principal de ce rapport sur l’extrémisme : les Tchèques mécontents du fonctionnement de l’Etat, de son l’orientation pro-européenne et pro-occidentale et de l’action du gouvernement sont de plus en plus nombreux et représentent même « une menace pour les fondements démocratiques de la République tchèque ».

Selon le ministère de l’Intérieur, ce groupe, qui s’est imposé ces derniers mois comme « une réelle force politique importante » serait fortement influencé par différentes théories du complot.

Ladislav Vrabel | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

Il constitue une cible facile à atteindre pour les politiciens et groupements extrémistes, xénophobes et nationalistes, ainsi que pour des désinformateurs tchèques et étrangers.

Le ministère a cité en exemple l’organisateur de manifestations anti-gouvernementales Ladislav Vrabel et ses collaborateurs qui ont réussi à rassembler quelque 70 000 personnes lors d’une manifestation de « citoyens mécontents », en septembre dernier à Prague.

Par ailleurs, les auteurs du rapport sur l’extrémisme constatent qu’« après la fin de l’épidémie de Covid, l’attention de nombreux désinformateurs s’est tournée vers la guerre en Ukraine et la propagande du Kremlin.

Une manifestation anti-gouvernementale | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

Tomáš Pika, journaliste et responsable du service de vérification de la Radio tchèque (Ověřovna!) a récemment expliqué au micro de Radio Prague Int. :

« Je dirais qu’il n’y a que quelques dizaines de désinformateurs professionnels en Tchéquie. Souvent d’ailleurs, ils ne croient pas eux-mêmes aux fausses informations qu’ils propagent mais ils gagnent de l’argent de cette façon. Par exemple, il y a Jana Peterková qui a été condamnée en justice pour la diffusion de fausses informations sur le vaccin contre le Covid. Tomáš Čermák et Patrik Tušl sont deux hommes actuellement en prison pour avoir diffusé des infox sur les réfugiés ukrainiens. (…) Mais ces gens sont finalement une poignée. La plupart des gens qui partagent de fausses informations tombent dessus et se contentent de faire suivre parce qu’ils y croient, parce qu’ils ont peur et veulent mettre en garde leurs amis et leurs proches. »

Dans son document sur les mouvements extrémistes en Tchéquie, le ministère de l’Intérieur a constaté, en revanche, une perte progressive d’influence des communistes orthodoxes et des formations paramilitaires. De même, aucune manifestation majeure d’extrémisme religieux n’a été enregistrée par les autorités tchèques entre juillet et décembre 2022.