Plzeň et le Sparta se disputeront de nouveau le titre au printemps

Photo: ČTK

Le football en République tchèque pour l’année 2014, c’est déjà fini ou presque. S’il reste encore un match décisif à disputer pour le Sparta Prague en phase de poules de la Ligue Europa, le 11 décembre à Berne, la 16e journée de la Synot Liga, le championnat local, première journée de la phase retour et dernière journée avant la traditionnelle longue trêve hivernale, a été disputée ce week-end. Sacré champion d’automne la semaine dernière, le Viktoria Plzeň passera les fins de fin d’année et attaquera le printemps prochain dans le fauteuil de leader. Mais l’équipe de Bohême de l’Ouest, qui a remporté dimanche le match au sommet de la 17e journée aux dépens de Jablonec (2-1), surprenant troisième, ne dispose que d’un petit point d’avance sur un Sparta qui entend bien ne pas abandonner son titre de champion.

Jablonec - Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
Certes, on entre dans la période de l’Avent, les marchés de Noël s’ouvrent un peu partout dans le pays, les guirlandes des sapins illuminent les longues soirées et les fêtes de fin d’année, et tout le tralala qui les accompagne, approchent. Mais quoiqu’on en dise ou pense du niveau de la Synot Liga, pour tout amateur de football en République tchèque, la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre marquent surtout le début de trois longs mois sans rien à se mettre sous la dent. Ce n’est pas que le championnat tchèque soit le plus excitant et le plus palpitant de tous à suivre, personne n’affirme d’ailleurs une telle chose, mais il réserve quand même, ici et là, d’agréables moments de ballon. Un peu en quelque sorte comme cela arrive aussi parfois en Ligue 1 en France et comme dimanche soir lors de l’affiche de cette fin d’automne entre Jablonec et le Viktoria Plzeň, autrement dit entre l’équipe surprise de cette première moitié de saison et une des meilleures équipes de ces dernières saisons, ou encore entre le 3e du classement et le leader.

Miroslav Koubek,  photo: ČTK
Du jeu, de l’engagement, de l’intensité, du suspense : sans atteindre des sommets, c’est tout cela qu’a proposé un match équilibré jusqu’au bout et qui a finalement tourné en faveur de Plzeň grâce à un second but inscrit dans le temps réglementaire alors que les deux équipes s’apprêtaient à se quitter sur un score équitable de 1-1. Un but que plus personne n’attendait vraiment, pas même l’entraîneur du Viktoria, Miroslav Koubek :

« C’est une victoire heureuse, il faut reconnaître qu’un résultat nul aurait été plus logique compte tenu de la physionomie du match. En même temps, nous tenions à conserver notre place de leader avant la trêve et pour cela il nous fallait gagner. En fin de match, nous n’avons donc pas fermé le jeu pour défendre le point du match nul. Nous aurions pu encaisser un deuxième but en contre-attaque, mais nous voulions marquer et la réussite a finalement été de notre côté. »

Dušan Uhrin,  photo: David Sedlecký,  Wikimedia CC BY-SA 3.0
A l’exception de la défaite concédée à Prague contre le Slavia en début de saison, le Viktoria Plzeň, vainqueur de douze de ses seize matchs pour deux résultats nuls et deux revers, a battu toutes les autres formations figurant dans les dix premières au classement, y compris donc le Sparta Prague, son premier poursuivant (2-0), et Jablonec à deux reprises. C’est donc assez logiquement, malgré un début de saison empoisonné par une élimination précoce et très mal vécue en phase préliminaire de la Ligue Europa, que Plzeň mène le train de la Synot Liga. Arrivé aux commandes du Viktoria cet été après l’éviction de Dušan Uhrin, Miroslav Koubek se dit d’ailleurs plutôt satisfait du parcours de son équipe :

« Il est toujours possible d’avoir plus de points, mais je ne connais pas beaucoup d’équipes qui n’ont pas de hauts et de bas sur l’ensemble d’une saison. Même les plus grandes équipes des meilleurs championnats européens ont parfois un jour sans et perdent des points là où elles ne devraient pas contre des équipes plus faibles. Vous ne pouvez pas maintenir le même niveau de forme toute la saison, c’est pourquoi je pense que 38 points est un bilan honnête. »

Miroslav Pelta,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Un bilan honnête, c’est ce que présente également Jablonec. Avec à sa tête Miroslav Pelta, le président de la fédération tchèque de football, le club de Bohême du Nord a profité de l’arrivée à l’intersaison d’une dizaine de joueurs pour sortir de l’ombre et d’un ventre mou auquel il semblait vouer pour l’éternité il y a encore à peine quelques mois de cela. Aujourd’hui, non seulement Jablonec aligne les séries de victoires, sauf contre Plzeň et le Sparta, les deux équipes contre lesquelles il a concédé ses trois seules défaites depuis le début de saison, mais Jablonec possède également la deuxième meilleure attaque du championnat (30 buts) et son jeu séduit les observateurs neutres. Cette qualité et ces progrès, c’est également ce qu’a vus l’entraîneur Joroslav Šilhavý lors de la confrontation contre le champion 2011 et 2013 :

Jaroslav Šilhavý,  photo: ČTK
« Nous avons bien mieux joué que lors du match aller à Plzeň que nous avions déjà perdu. Mais aujourd’hui encore, on a pu voir ce qui nous sépare encore d’une équipe comme Plzeň. Ils ont un groupe de joueurs de qualité et d’expérience qui savent profiter des occasions qui se présentent à eux. Ce sont des joueurs qui ont déjà disputé la Ligue des champions ou la Ligue Europa à plusieurs reprises, ça se voit. Je ne dis pas que nous ne pouvons pas les battre sur un match, mais dans l’ensemble Plzeň et le Sparta nous sont encore supérieurs et nous ne sommes pas encore à leur niveau pour prétendre pouvoir les battre régulièrement. »

Tomáš Hübschman  (à droite),  photo: ČTK
Après huit saisons passées en Ukraine sous le maillot du Shakhtar Donetsk, le milieu défensif Tomáš Hübschman est revenu cet été finir sa carrière dans son pays, mais pas sans ambitions. Meneur d’hommes sur le terrain de ce nouveau Jablonec, l’ancien international tchèque est un des principaux artisans des succès de son équipe. Mais comme l’ensemble de ses partenaires, c’est d’abord terriblement déçu qu’il est ressorti de l’opposition contre Plzeň :

« Bien sûr, notre bilan comptable n’est pas mal pour une première moitié de saison. Si on nous avait dit ça en début de saison, nous aurions très certainement signé des deux mains. Nous sommes sur la bonne voie, mais Plzeň et le Sparta sont encore un cran au-dessus de nous et il nous reste du travail si nous voulons être à leur niveau. Cela s’est confirmé aujourd’hui. Nous avons perdu au moins un point, si ce n’est trois. C’est dommage… Nous avons des bons passages puis nous avons des absences comme lors de ce but encaissé à la dernière minute. »

Jihlava - Sparta Prague,  photo: ČTK
A cause de ce fameux but concédé, Jablonec possède désormais cinq points de retard sur Plzeň et quatre sur le Sparta Prague qui, quelques heures plus tôt, s’était imposé sans sourciller (2-0) sur la pelouse du modeste Jihlava. Au printemps prochain, et comme la saison dernière, c’est donc très probablement à un nouveau coude-à-coude entre le Viktoria et le Sparta auquel le public aura droit.

Un duel qui n’est pas pour déplaire à deux des joueurs français qui évoluent dans le championnat tchèque cette saison, Jean-David Beauguel du Dukla Prague et Damien Boudjemaa du Slavia Prague. Deux joueurs qui nous ont donné leur avis sur cette ligue qu’ils ne connaissaient pas avant d’arriver en République tchèque mais qu’ils ont appris à mieux connaître depuis.

Jean-David Beauguel  (à droite),  photo: ČTK
J-D.B : « A part le Sparta, Jablonec et Plzeň, c’est un championnat assez dur dans le sens où il y a beaucoup d’engagement et que ça balance pas mal. Par rapport aux Pays-Bas, c’est beaucoup plus tactique avec plus de mises en place. On cherche plus à trouver le décalage, alors qu’en Hollande, c’était un peu à l’anglaise avec du box-to-box. Mais ce n’est pas un problème, je m’adapte. »

DB : « Je pense que c’est un championnat qui est un peu plus physique et rapide en contre-attaque qu’en Roumanie. Pour ce qui est de la qualité technique, je dirais que c’était un peu mieux en Roumanie. Mais le Sparta et le Viktoria Plzeň sont des équipes du haut du tableau et je pense que, techniquement, ce n’est pas mal non plus. »

Le championnat de République tchèque reprendra l’avant-dernier week-end de février.