Foot : après la reprise de l’entraînement, le championnat tchèque sera-t-il un des premiers à redémarrer en Europe ?

L’entraînement de Dynamo České Budějovice, photo: ČTK/Václav Pancer

La majorité des footballeurs professionnels en République tchèque ont retrouvé les terrains d’entraînement lundi. Pour l’heure en groupes restreints de huit joueurs, mais déjà une reprise de la Fortuna Liga au début du mois de juin est envisagée.

Le traditionnel derby pragois entre le Slavia et le Sparta, le 8 mars dernier, a été l’avant-dernier match de football disputé en République tchèque. « Un derby pragois sans coronavirus, mais le Slavia et le Sparta restent convalescents », avait alors titré Radio Prague International le lendemain d’une rencontre disputée devant un stade plein. Le lundi se tenait encore un match à Ostrava, mais deux jours à peine plus tard, les écoles fermaient leurs portes, puis la majorité des commerces et logiquement, avec eux, aussi, tous les stades de sport.

Depuis, à l’exception des championnats de première et de deuxième divisions de football, toutes les compétitions sportives ont été définitivement interrompues. Même la fédération de hockey sur glace, l’autre grand sport professionnel en République tchèque, a été radicale en décidant, dès l’issue de la saison régulière et après seulement deux matchs de play-offs, avant même la mi-mars, qu’aucun champion ne serait désigné cette saison. Les fédérations de handball et de volley-ball en ont fait de même, tandis qu’en basket, si tous les championnats ont été arrêtés et qu’aucun d’entre eux ne reprendra quelle que soit l’évolution de la situation, une décision pour désigner les clubs champions sera prise lorsque le gouvernement aura décrété la fin de l’état d’urgence.

L’entraînement de FK Pardubice,  photo: ČTK/Josef Vostárek
Seule la suite des championnats professionnels de football reste donc encore en suspens, alors qu’en Fortuna Liga six journées de saison régulière et cinq autres de play-offs pour l’attribution du titre de champion, des places européennes mais aussi pour désigner les équipes relégables restent encore à disputer ; de même que les demi-finales et la finale de la Coupe de République tchèque.

Comme ailleurs en Europe et dans le monde, les dirigeants du football tchèque sont contraints de faire preuve de patience. Au début du mois d’avril, suite à la décision prise par la Pro League (la ligue du football professionnel) en Belgique d’interrompre tous les championnats de l’exercice 2019-2020, ils avaient fait savoir que la Ligue tchèque suivrait les recommandations de l’UEFA. Or, l’association européenne a appelé ses fédérations membres à ne pas interrompre définitivement les championnats nationaux en raison de la crise du coronavirus et a menacé d'interdire de compétitions européennes la saison prochaine toutes les équipes issues de championnats n'allant par à leur terme.

L’entraînement de Dynamo České Budějovice,  photo: ČTK/Václav Pancer
Depuis lundi, ne serait-ce donc qu’en République tchèque, l’horizon s’est quelque peu éclairci. D’abord, conformément à la première étape du plan de déconfinement annoncé par le gouvernement la semaine dernière, les sportifs professionnels sont désormais autorisés à s’entraîner en (un peu) plus grand nombre et sans masque de protection des voies respiratoires, à condition que l’activité se passe en plein air et que les distances de sécurité entre les personnes soient respectées, de même que toutes les mesures d’hygiène (fini le plaisir des douches communes), comme par exemple la désinfection des ballons. Les groupes ne peuvent cependant pas compter plus de huit joueurs, une restriction qui, forcément pour un sport collectif où les contacts physiques sont nombreux, limite encore notoirement les possibilités de travailler. Après un peu plus d’un mois d’entretien et de préparation individuels, période durant laquelle aller courir ou faire du vélo dans la nature est resté possible sous certaines conditions, cette reprise a fait l’effet d’un bol d’air frais pour tous, joueurs comme entraîneurs heureux de se retrouver sur un terrain.

L’entraînement de Sigma Olomouc,  photo: ČTK/Luděk Peřina
Douze des seize clubs figurant en Fortuna Liga ont profité de cette possibilité de retravailler collectivement, dont notamment les deux grands clubs de Prague, Slavia et Sparta, et le Viktoria Plzeň. Trois autres, parmi lesquels le Baník Ostrava et le Sigma Olomouc, ont attendu ce mardi, tandis qu’un autre club de Moravie, Slovácko, a préféré retarder l’échéance d’une semaine.

Tous ne sont cependant pas convaincus des bienfaits de cette reprise et du plaisir retrouvé de retaper dans un ballon. L’entraîneur des Bohemians Prague, Luděk Klusáček, notamment, a estimé que tout cela était « un non-sens » compte tenu des circonstances et des conditions d’entraînement.

Pour l’instant, la Ligue tchèque envisage de reprendre la compétition, à huis clos, dès que possible après le 8 juin, date prévue de la fin de l’état d’urgence sanitaire. Mais, lundi, le ministre de la Santé a déclaré que cette reprise des championnats de première et de deuxième divisions pourrait peut-être se faire plus tôt encore si une dérogation était accordée quant au nombre de personnes dont la présence est nécessaire pour la tenue d’un match en bonne et due forme. Concrètement, il faudrait que le nombre maximal de personnes autorisé passe de cinquante à cent. Si tel était le cas, le championnat de République tchèque pourrait bien être un des tout premiers à redémarrer en Europe.