Pour les défenseurs des Roms, la discrimination positive est envisageable

En avril dernier, nous vous avions parlé des résultats préliminaires d'une enquête sociologique sur l'état des ghettos en RT, commandée par le ministère du Travail et des Affaires sociales. Près d'une semaine après la publication du rapport final, le Conseil gouvernemental pour les affaires de la communauté rom lance un appel à la nouvelle équipe au pouvoir.

Jana Horvathova
Le rapport rendu par l'équipe de sociologues au ministère du Travail est encore plus alarmant que prévu : la RT compterait plus de 300 zones de précarité accrue où vivraient quelque 80 000 personnes, voire plus. Des zones, situées notamment dans les anciennes régions industrielles où le taux de chômage peut atteindre 90%. Des zones que le rapport refuse d'appeler « ghettos » à cause de la connotation négative du mot, lui préférant le terme de « zones d'exclusion ».

Devant cette situation, le Conseil gouvernemental chargé des affaires roms propose des solutions d'urgence. Jana Horvathova, directrice du Musée de la culture rom de Brno, en est membre :

« Le rapport révèle que l'un des plus grands problèmes réside dans le fait que les municipalités sont responsables de l'apparition de ces zones d'exclusion sociale. Le Conseil propose un amendement de la loi sur les municipalités : les devoirs des municipalités vis-à-vis des citoyens y seraient précisément définis pour éviter que ne se créent de nouvelles zones. »

L'autre point important concerne l'éducation, un maillon significatif du cercle vicieux qui mène à l'exclusion, faute d'une intégration au système scolaire et d'une égalité des chances. Le rapport indique que le système tchèque reproduit les schémas d'exclusion.

« Le Conseil propose un changement du système éducatif, par exemple en développant la fonction des assistants-pédagogues dans les écoles maternelles, primaires et secondaires, favoriser des classes avec de petits effectifs d'élèves roms et les cours de soutien personnalisés. D'autre part, nous voulons que le système de financement des écoles primaires soit réadapté afin qu'il encourage l'intégration des élèves roms dans le système d'éducation général. »

Autre plaie de l'exclusion, le chômage de longue durée. Devant l'inefficacité à le réduire, Jana Horvathova admet que le Conseil a décidé de promouvoir une solution plus « radicale » que jusqu'à présent : les entreprises de plus de 25 personnes seraient obligées d'employer des Roms. Une discrimination positive à l'américaine ?

« Nous en sommes à un stade où tous les efforts et les tentatives menés par le passé ont échoué ou se sont révélés insuffisants. Le Conseil en est donc à considérer que le modèle de référence vis-à-vis des Afro-américains est un système qui a du succès. »

Comment de telles mesures seraient-elles financées ? Une question qui va dépendre de la volonté du ministère concerné ainsi que de la nouvelle équipe dirigeante. Une possibilité déjà évoquée, celle d'aller puiser dans les ressources du Fonds social européen, jusqu'à 2,6 millions de couronnes qui seraient réparties sur six ans. Reste à savoir si les autorités locales, accusées de favoriser la naissance de ces zones d'exclusion, seront prêtes à s'investir concrètement. En attendant, le nouveau ministre du Travail a réagi à l'appel en jugeant l'idée d'une discrimination positive au travail comme « discutable », mais a promis de tenir compte des propositions du Conseil.