Pour ou contre la Constitution européenne : le débat est lancé

Constitution européenne en langue tchèque (Photo : CTK)
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C'est au quotidien Mlada Fronta Dnes que le président Vaclav Klaus a fait part, samedi dernier, des dix raisons pour lesquelles il était contre la Constitution européenne. L'eurodéputé allemand Jo Leinen, issu du SPD, a vivement réagi dans les médias tchèques en qualifiant certaines des affirmations du président tchèque de mensongères.

Constitution européenne en langue tchèque  (Photo : CTK)
Sale temps pour l'idée européenne en République tchèque. La version en langue tchèque de la Constitution européenne est arrivée dans le pays ce lundi, au nombre de 2 000 exemplaires, et cette présence concrète va obliger le pays et ses représentants à réellement lancer un débat qui jusqu'alors n'a fait que piétiner : la meilleure illustration en est qu'officiellement, on ne sait toujours pas de quelle manière sera ratifié le texte.

Vaclav Klaus  (Photo : CTK)
Le président Vaclav Klaus peut se targuer d'avoir lancé le débat de manière brutale, quand bien même il n'a jamais caché son euroscepticisme voire son rejet de ce qu'il perçoit comme une grosse machinerie bureaucratique. Dix points, c'est le chapelet d'arguments qu'il a égrennés contre la Constitution. Perte de souveraineté de la République tchèque, réduction des Etats à l'état de provinces d'une Union fédérale et toute-puissante, prééminence de la Constitution européenne et du droit européen sur le droit national, impuissance des « petits Etats » au niveau du vote par rapport aux « grands », telles sont quelques uns des reproches formulés par le président tchèque à l'encontre de la Constitution. Si les opinions du chef de l'Etat ne sont un secret pour personne, c'est l'aspect officiel de la déclaration qui frappe, ainsi que certaines affirmations dont certains contestent la véracité même.

Ainsi, contre ce « décalogue » à charge, l'eurodéputé allemand Jo Leinen a réagi point par point, dans le quotidien Lidové noviny ainsi qu'à la Radio tchèque :

Constitution européenne en langue tchèque  (Photo : CTK)
« Je ne suis pas contre le débat, contre les questions. C'est dans l'ordre des choses : nous avons besoin de mener ce débat et nous avons besoin d'être beaucoup informés. Mais je suis contre les mensonges et contre les pensées rétrogrades, contre le double-jeu. Dans la mesure où vous avez déjà accepté d'être membre de l'Union européenne, c'est étrange de venir maintenant avec des arguments qui auraient été pertinents lors du référendum sur l'entrée dans l'Union. Le président Klaus ne voit que le danger, encore et toujours, et ne voit pas les avantages, il a une vision totalement négative des choses. »

Selon le dernier sondage Eurobaromètre, datant de mi-février, seuls 19% des Tchèques seraient prêts à se rendre aux urnes lors d'un référendum et ils apparaissent comme plus sensibles aux sirènes de l'euroscepticisme, tendance qu'expriment à la fois l'ODS, Parti civique démocrate, fondé par Vaclav Klaus, et le Parti communiste. Pourtant ce même sondage indiquait que 63% de la population serait prête à soutenir le texte fondamental. Mais quelle que soit la situation, l'issue de la crise gouvernementale actuelle sera déterminante sur la façon dont le débat sera mené dans le pays et sur la manière dont le texte sera adopté ou non.