Pourquoi tant de morts sur les routes tchèques ?

La semaine dernière encore, le ministère des Transports se félicitait de l'efficacité du nouveau code de la route, entré en vigueur il y a tout juste un an, le 1er juillet 2006. Il a introduit le permis de conduire à points, une nouveauté absolue, censée renforcer la sécurité routière dans le pays, dont le bilan était alarmant à l'échelle européenne... Or, après ce week-end de départ en vacances et surtout après la publication des récentes statistiques, il n'y a vraiment pas de quoi être rassuré.

Lors de ce premier week-end des grandes vacances, globalement calme sur les routes, huit personnes sont mortes dans des accidents de la circulation, contre deux victimes l'année dernière. Juin 2007 figure dans les statistiques comme le mois le plus tragique sur les routes depuis un an et demi : au total 106 personnes ont été tuées, alors qu'en juin 2006, quelque 90 victimes ont été recensées.

Les données relatives au premier semestre de cette année sont encore plus décevantes : plus de 480 morts, soit 50 victimes de plus par rapport aux six premiers mois de 2006, période qui précédait le lancement du système de pénalisation à points...

Pour rappel : le nouveau code réprime en particulier les excès de vitesse, dépassements interdits, et conduite en état d'ébriété (donc les principales causes des accidents en Tchéquie), ainsi que l'utilisation du téléphone portable au volant ou l'absence de siège pour enfant. En cumulant douze points, l'automobiliste se fait retirer son permis.

Si les chauffeurs tchèques ont miraculeusement réappris, l'année dernière, à rouler à 50km/h dans les communes, si, effectivement, le nombre de carambolages a baissé, pourquoi la violence routière est-elle de retour ?

Certains imputent ce comportement à risque des automobilistes à un temps particulièrement doux au cours de cet hiver. « Quand l'hiver est rigoureux, les gens roulent moins et sont plus vigilants », affirme Jiri Vokus, porte-parole de la direction de la police tchèque. Vaclav Spicka, spécialiste de la sécurité routière, estime que les Tchèques se sont, tout simplement, habitués au nouveau système qui n'est finalement pas aussi sévère que cela : « Ils ont compris qu'il suffit de faire attention aux radars et aux contrôles policiers dans les villes », constate-t-il dans une interview au quotidien Lidove noviny, en mettant en évidence un autre fait : l'absence de toute forme de motivation positive dans le nouveau code de la route. Il propose d'élargir l'échelle actuelle à 18 points, avec possibilité d'annulation de points cumulés, au cas où le conducteur prendrait, par exemple, des cours de conduite supplémentaires.