Prague, après le sommet

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La déception. Le mot exprime probablement le mieux les sentiments que les représentants politiques tchèques ressentaient après l'échec du sommet de Bruxelles et qu'ils n'ont même pas essayés de dissimuler. Prague s'interroge dorénavant sur sa prochaine démarche à prendre s'agissant du processus de ratification du Traité constitutionnel européen. Alena Gebertova.

Le Premier ministre Jiri Paroubek,  photo: CTK
Jusqu'au dernier moment de la réunion du sommet à Bruxelles, le Premier ministre, Jiri Paroubek, ne perdait pas son optimisme. Finalement, il a dû constater, laconique : l'Union européenne n'a pas digéré son élargissement. Pour lui, des concessions auraient été préférables à la non adoption du budget :

« La République tchèque était l'un des pays qui ont essayé de soutenir la présidence luxembourgeoise en vue de trouver un compromis équilibré, et pas seulement d'un point de vue verbal. Après que les cinq pays ont dit leur non, la République tchèque a exprimé par ma bouche la volonté de sacrifier une partie de ses dépenses... ».

Le dénouement, on le connaît : la volonté formulée par la partie tchèque, de concert avec celle de certains autres pays, n'a pas apporté de fruits. Le chef de la diplomatie tchèque, Cyril Svoboda, estime que l'Union européenne se trouve sur un carrefour et que la situation est grave. Fervent partisan de « l'Europe », il n'a pas mâché ses mots d'amertume :

Le chef de la diplomatie tchèque Cyril Svoboda,  photo: CTK
« A mon sens, il n'est pas possible qu'après avoir donné l'aval à son élargissement à dix nouveaux pays, l'Union européenne renonce à la réalisation de son engagement, qui consiste entre autres à mettre en valeur les principes de solidarité et de cohésion. Sinon, il y a une grande disparité entre actes et paroles ».

Un prochain compromis est pourtant possible. Voilà le constat sur lequel se mettent d'accord les représentants de la coalition gouvernementale, en tête avec Jiri Paroubek. D'où leur décision de lancer une campagne en faveur de la Constitution européenne et d'entamer un large débat sur le thème européen, dans lequel le public serait impliqué. Dans cette perspective, la ratification serait reportée jusqu'à l'automne 2006...

Le principal parti de droite, le Parti civique démocrate, l'ODS, demeure quant à lui sur ses positions, en insistant sur l'arrêt du processus de ratification. Il n'étonne guère que cet avis soit partagé par le président de la République, Vaclav Klaus, grand adversaire de la Constitution. On voit le chef de l'Etat tchèque considérer le déroulement du sommet de Bruxelles comme « une situation modèle de ce comment l'Union européenne fonctionne, en fait ».