Prague dit non au renforcement du statut de la Palestine

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Jeudi 29 novembre, la Palestine est devenue un Etat observateur non membre de l’ONU. Une large majorité des 138 Etats membres des Nations Unies, dont la France, ont soutenu la demande du président Mahmoud Abbas de rehausser le statut de la Palestine sur la scène internationale. Néanmoins, l’Union européenne n’a pas réussi à adopter une position commune sur la question : si une quarantaine de pays, dont une dizaine d’Etats européens, se sont abstenus lors du vote à New York, la République tchèque a été le seul pays du Vieux continent à voter contre la résolution, aux côtés d’Israël, son fidèle allié, ou des Etats-Unis.

Mahmoud Abbas,  photo: CTK
C’est un succès historique pour la Palestine qui a obtenu, au sein de l’ONU, un statut identique à celui dont dispose le Vatican. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a demandé, non sans émotion, à l’Assemblée générale de « délivrer l’acte de naissance d’un Etat palestinien » a réussi à obtenir le soutien de plus de deux tiers des pays représentés aux Nations unies, alors qu’une majorité simple était suffisante pour que la nouvelle stature internationale de la Palestine soit adoptée.

Pourtant, 41 pays ont exprimé leurs réserves vis-à-vis de la résolution proposée par le chef de l’Autorité palestinienne. Parmi les abstentionnistes, la Slovaquie, la Pologne, la Slovénie, la Bulgarie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Neuf Etats ont voté contre la demande palestinienne, dont Israël, les Etats-Unis, le Canada et la République tchèque. Avant le vote déjà, Prague avait fait part de son intention de s’opposer à la résolution. On écoute le porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères, Vít Kolář :

Jiří Schneider,  photo: CTK
« Si la République tchèque a décidé de voter contre la proposition de la Palestine, c’est par ce qu’elle craint que cette dernière puisse entraver le processus de paix. Nous ne pouvons pas accepter les démarches unilatérales qui ne conduisent pas à la solution de deux Etats indépendants et viables : la Palestine et Israël. »

Rien de vraiment surprenant, étant donné que la République tchèque entretient des relations privilégiées avec Israël, dont l’histoire remonte à l’entre-deux-guerres. Pour le vice-ministre des Affaites étrangères et ancien ambassadeur tchèque en Israël, Jiří Schneider, le « oui » de la majorité des membres de l’ONU au renforcement du statut de la Palestine est une sorte de « formule magique », sans laquelle ces pays ne sauraient pas exprimer leur soutien à la Palestine. Jiří Schneider :

« Nous aussi, nous accordons aux Palestiniens leur droit à un Etat indépendant. Mais la présente résolution n’est par une bonne voie pour atteindre cet objectif. Le problème est que, du côté palestinien, il n’y a pas qu’un seul représentant, le président Abbas. Il y a aussi une formation très importante, le Hamas, qui ne partage pas les principes que Mahmoud Abbas a soulignés dans son discours devant l’Assemblée générale. Le Hamas ne respecte pas Israël. Autrement dit, il n’est pas question d’une position univoque de la Palestine en tant qu’Etat qui reconnaît son voisin. »

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Si, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, la diplomatie tchèque remet en cause l’utilité de l’attribution à la Palestine du statut d’Etat observateur à l’ONU, pour le quotidien tchèque Lidové noviny, il s’agit d’une position constante, claire et courageuse au sein de l’Europe. Il n’en est pas ainsi pour le commentateur Milan Slezák qui apprécie « ce geste hautement symbolique et important de l’Assemblée générale de l’ONU ». On l’écoute :

« Ce qui est très intéressant pour les Palestiniens et très frustrant pour les Israéliens, c’est ce soutien à la Palestine exprimé par autant d’Etats européens. Israël n’a plus beaucoup d’alliés en Europe. Même s’il est surtout orienté vers les Etats-Unis, il est conscient du fait que dans des périodes de crise, comme celle qu’il vient de vivre récemment, il est bien d’avoir un appui en Europe. Or, désormais, il ne peut plus vraiment compter sur le soutien de l’Union européenne. »

Il n’empêche que le refus du nouveau statut renforcé de la Palestine rapproche deux autres alliés sur la scène politique, les Etats-Unis et la République tchèque qui auront peut-être l’occasion de s’entretenir sur le sujet lundi prochain, lors de la visite de la secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton à Prague.