La République tchèque pas favorable à la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’ONU

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Quel statut pour la Palestine ? C’est la question que se posent les diplomates du monde entier avant l’intervention très attendue de Mahmoud Abbas vendredi à New York, au cours de laquelle le président de l’Autorité palestinienne devrait réclamer la reconnaissance de la Palestine comme Etat membre des Nations Unies. La position de la République tchèque sur ce dossier est relativement claire : comme l’a rappelé le Premier ministre, Petr Nečas, lors de sa visite en Israël la semaine dernière, la République tchèque est dans le contexte actuel opposée à la démarche des Palestiniens.

Benyamin Netanyahou et Barack Obama,  photo: CTK
« Nous sommes convaincus que toute mesure unilatérale compromettrait le processus de paix au Proche-Orient et n’apporterait aucune contribution en vue de son aboutissement. » Ces propos ont été ceux du chef du gouvernement tchèque la semaine dernière à l’issue de sa rencontre, à Jérusalem, avec son homologue israélien Benyamin Netanyahou. Sans encore affirmer ouvertement quelle serait la position tchèque en cas de vote d’une résolution à l’ONU, Petr Nečas pouvait toutefois difficilement être plus explicite : présent à New York cette semaine, le ministre tchèque des Affaires étrangères ne votera pas, le cas échéant, en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien.

La République tchèque entend donc adopter une position d’attente et souhaite surtout voir les négociations visant à l’obtention de la paix au Proche-Orient se poursuivre. Vice-ministre des Affaires étrangères, Jiří Schneider explique pourquoi :

« Tout d’abord il faut dire que la Tchécoslovaquie avait déjà pris certaines mesures dans les années 1980 vis-à-vis de la Palestine. Pour nous, ce qui passe actuellement ne représente donc pas une grande avancée ou un grand changement. Ce qui importe le plus pour nous, ce sont les circonstances et le contexte actuel. Nous refusons que cette initiative palestinienne devienne la chose la plus importante. La priorité est d’abord la situation dans le monde. Nous souhaitons que celle-ci se calme et que les négociations aboutissent à la cohabitation de deux Etats dans la paix et la sécurité. Plus nous nous rapprocherons d’une situation de paix, plus nous serons favorables à la reconnaissance finale d’un Etat palestinien, ce qui signifie la reconnaissance d’un Etat avec des frontières bien définies pour lesquelles il n’existe toutefois actuellement aucun accord. »

A Prague, au Parlement, les voix de certains représentants de l’opposition de gauche se sont élevées pour réclamer que la même chance soit aujourd’hui donnée à l’Autorité palestinienne que celle qui a permis la création d’Israël en 1948. Mais ces voix restent plutôt minoritaires. Et comme le rappelle encore une fois le vice-ministre des Affaires étrangères, la diplomatie tchèque a déjà reconnu l’OLP. Jiří Schneider :

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« Il faut souligner que, pour nous, cette situation n’est pas aussi cruciale que pour d’autres pays qui, vis-à-vis de la Palestine, n’ont jamais entrepris aucune démarche de reconnaissance semblable à la nôtre. La Tchécoslovaquie a reconnu l’Organisation de libération de la Palestine et nous avons aujourd’hui en République tchèque un ambassadeur palestinien. Pour la République tchèque, l’éventuelle reconnaissance d’un Etat palestinien ne serait donc qu’un petit pas, elle ne constituerait pas une décision majeure. En revanche, pour d’autres Etats, toute démarche entreprise en vue d’une reconnaissance d’un Etat palestinien est une décision politique de première importance. La République tchèque ne fait pas partie de ces pays. »

La République tchèque en fait d’autant moins partie que, comme l’a également rappelé Petr Nečas à Jérusalem, la diplomatie tchèque considère Israël comme la seule véritable démocratie au Proche-Orient. Sans oublier qu’en dehors de l’Europe, l’Etat hébreu est aussi, après les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, le quatrième marché le plus lucratif pour les exportations tchèques.