Première non officielle de l'adaptation pour l'écran du roman de Bohumil Hrabal « Moi qui ai servi le roi d'Angleterre »

'Moi qui ai servi le roi d'Angleterre'

Quarante ans après avoir porté à l'écran le roman de Bohumil Hrabal « Trains étroitement surveillés » et avoir obtenu un Oscar à Hollywood, le réalisateur Jiri Menzel a achevé le film « Moi qui ai servi le roi d'Angleterre ». Cette adaptation du roman qui est probablement le plus grand succès littéraire de Hrabal, n'a été réalisée qu'après de longues tergiversations dues entre autres aux changements d'attitudes de l'écrivain et à l'ambiguïté de son testament. La première non officielle du film a eu lieu ce lundi à Prague.

Julia Jentsch,  Jiri Menzel,  Ivan Barnev,  photo: CTK
Jiri Menzel est un spécialiste des adaptations des oeuvres de Bohumil Hrabal pour le cinéma. Il a réalisé au total quatre longs métrages basés sur les romans de cet écrivain et pourtant il rechigne à définir son rapport vis-à-vis de l'auteur qui a profondément marqué sa vie. Interrogé sur les raisons de son engouement pour Hrabal il ne donne qu'une réponse évasive :

« Je ne sais pas comment le dire. C'est comme si on vous demandait pourquoi vous avez épousé telle ou telle personne. Heureusement, comparé au mariage, mon rapport vis-à-vis de Hrabal est beaucoup plus durable. Mais je ne sais pas le définir. Je ne veux pas dire de bêtises. »

'Moi qui ai servi le roi d'Angleterre'
Le premier projet de réalisation de ce film a été lancé et la première version du scénario a été rédigée par Jiri Menzel en 1996 mais en même temps une autre équipe, celle du réalisateur Karel Kachyna, préparait, elle aussi, une adaptation du roman. Pendant plusieurs années, différents producteurs et réalisateurs se sont disputés les droits de cette adaptation à l'écran et ce n'est qu'en 2005 que l'affaire a été finalement tranchée en faveur de Jiri Menzel. Entre-temps beaucoup de choses ont changé. Le cinéma n'est plus ce qu'il était et Jiri Menzel a donc été obligé de se faire aux nouvelles méthodes de tournage. Pour expliquer ce changement, il utilise une curieuse comparaison :

« Tout est différent, c'est comme si vous échangiez une Trabant pour une Mercedes. Vous êtes obligé de faire attention lorsque vous appuyez sur la pédale. Moi j'étais heureux dans ma Trabant. Mais la nouvelle voiture a une autre puissance. »

'Moi qui ai servi le roi d'Angleterre'
La vie d'un simple garçon de café qui se retrouve dans le rouage de l'histoire tchécoslovaque du XXe siècle a été portée à l'écran avec une distribution internationale dont le comédien bulgare Ivan Barnev dans le rôle principal et une des meilleures actrices allemandes de la jeune génération Julia Jentsch. De nombreux rôles ont été confiés à des comédiens slovaques. La première officielle du film aura lieu le 10 janvier et le lendemain une quarantaine de copies seront distribuées dans les salles tchèques.

Il s'agit sans doute du film tchèque le plus attendu de l'année mais qui sera jugé sans complaisance malgré les sympathies du public pour le réalisateur. Les premières réactions dans la presse sont mitigées. Il fallait s'y attendre. Il n'y a rien de plus difficile que de répondre aux attentes des spectateurs qui ont pratiquement tous lu le chef d'oeuvre de Hrabal et ont par conséquent leur propre vision du roman.