Présidence de l'Union européenne : combien ça coûte ?

Photo: Commission européenne

Le top départ est donné depuis le début de l'année. Dans 18 mois, la République tchèque sera sous les feux des projecteurs européens, et c'est maintenant que la présidence européenne se prépare. Pour un pays touristique comme la République tchèque, l'enjeu est de taille.

Photo: Commission européenne
La vague d'appels d'offres s'apprête à déferler. Elle a déjà commencé en partie, puisque le gouvernement vient de lancer un appel à propositions pour le logo de la présidence tchèque de l'Union européenne. Toutes les entreprises, quelle que soit leur nationalité, sont appelées à concourir, d'ici au mois d'octobre.

Le responsable du plan communication de la future présidence, c'est Ondrej Karsak, un ancien du Centre culturel tchèque à Berlin. Entre ses mains : la mission de véhiculer une image positive de ce pays, certes discret sur l'échiquier politique, mais dont l'ambition est de devenir le premier centre de congrès en Europe.

"La présentation du pays est une des tâches liées à la présidence. Devant le public mondial et européen, on veut présenter la RT comme une destination touristique, comme un pays moderne, dynamique, comme une destination intéressante pour les investissements, les idées novatrices, etc. Nous avons plusieurs moyens pour construire cette image : les événements culturels qui accompagneront la présidence, ce seront les éléments les plus visibles car orientés vers le public. Il y a une coutume, selon laquelle, les grands événements culturels ont lieu au début et en fin de présidence dans la capitale, à Prague et à Bruxelles. On est en train de négocier cela avec le ministère de la culture et avec la représentation de la République tchèque à Bruxelles. Autre activité par laquelle faire connaître la République tchèque : internet."

Le calendrier des événements n'est pas encore officiellement dressé, mais on sait déjà qu'il y aura 11 conseils des ministres, et plus de 140 rencontres informelles aux niveaux inférieurs. Sur la table des négociations : non pas le choix des thèmes, mais celui des lieux. Tous les présidents de région souhaitent accueillir les événements les plus prestigieux, prévoyant bien sûr des retombées extrêmement gratifiantes aux niveaux touristiques et financiers.

"Nous réalisons que l'occasion d'organiser des rencontres ministérielles et des conseils est une grande opportunité pour la République tchèque de mieux se présenter et de se faire connaître aux médias européens, c'est pourquoi nous souhaitons organiser les deux tiers des rencontres hors de Prague. Mais ce n'est pas seulement la volonté qui compte. Il faut qu'il y ait les exigences logistiques, qu'on trouve les structures adéquates. Dans les premiers mois, l'équipe de préparation a fait plusieurs repérages en région pour voir la situation sur place, rencontrer les représentants de régions, mieux situer les lieux où les conseils pourraient se tenir. Je ne veux pas être concret, parce qu'aucune décision finale n'a encore été retenue, mais les 2/3 des réunions informelles se tiendront en région."

Et de fait, accueillir un conseil européen, cela signifie être en mesure de fournir trente suites pour les chefs d'Etat et de gouvernement, les présidents de la Commission et du Parlement, l'hébergement adéquat pour les délégations et les centaines de journalistes accrédités, et bien sûr, le centre de conférence, avec toutes les infrastructures d'interprétariat et de sécurité nécessaires. En France, où la phase de préparation à la présidence est déjà bien avancée, puisque cette dernière sera effective dans moins d'un an, relativement peu de lieux peuvent se targuer d'offrir de tels moyens, selon un fonctionnaire du Quai d'Orsay cité par le journal Libération : seuls Nice, Cannes, Biarritz et La Baule sont dans la course. Même Paris souffrirait de l'absence d'un centre de conférences international, celui de l'avenue Kléber n'étant plus aux normes.

Mais, si présider l'Union européenne entraîne en général de juteuses retombées touristiques et commerciales, cela coûte aussi de plus en plus cher, élargissement oblige. Chaque ministère veut organiser son quota de rencontres officielles ou informelles, qui s'ajoutent aux initiatives nationales définies avec les axes prioritaires de la présidence. Pour la République tchèque, ces initiatives tourneront autour des 3 axes : compétitivité, libéralisation, dérégulation. « L'Europe sans barrière », tel est le futur slogan de la présidence tchèque. L'une des premières choses qu'a faite le gouvernement tchèque est donc d'établir le budget des 18 prochains mois.

"Le gouvernement tchèque a déjà approuvé un cadre financier pour les années 2007-2009, qui représente une augmentation des ressources financières de 1.9 milliards de Kc. et 200 millions d'ici à la fin de l'année, 700 millions l'année prochaine, et le milliard restant sera investi en 2009. La création d'une nouvelle structure entraîne la création de nouveaux postes de travail, mais il faut souligner que les préparateurs ont des CDD, juste pour la période de la présidence, jusqu'à fin 2009. L'équipe représente aujourd'hui environ 25 personnes, mais cette équipe est appelée à se développer jusqu'à une quarantaine de personnes. "

Les entreprises privées seront aussi invitées à répondre aux différents appels d'offres qui se succéderont cet automne, pour devenir « partenaire officiel » de la présidence tchèque de l'Union européenne. Et dans ce domaine, en République tchèque plus qu'ailleurs, la transparence sera de rigueur.

"C'est courant, mais c'est vrai qu'il faut donner certaines limites à la participation des sociétés privées. Il est courant que les entreprises privées soutiennent le transport, offrent le parc de véhicules, comme c'est le cas de la présidence actuelle, de la présidence allemande, et de la Finlande et nous poursuivrons dans cette pratique... Nous préparons les négociations, les appels d'offres. Tout le monde peut y répondre."

Le premier appel d'offres devrait concerner le parc automobile.