Présidentielle : deuxième élection vendredi. Peut-être avec un troisième candidat mais toujours avec Václav Klaus favori
La première élection du président de la République, longue de deux jours, vendredi et samedi, au Château de Prague, n’a pas permis d’élire de successeur à Václav Klaus. Ni ce dernier, qui brigue un nouveau quinquennat, ni son adversaire, l’économiste tchéco-américain Jan Švejnar, n’ont recueilli la majorité lors d’aucun des trois tours prévus par la Constitution. Aussitôt le résultat entériné, les chefs des cinq partis représentés à la Chambre des députés se sont donc entendus sur la tenue d’une deuxième élection, vendredi prochain 15 février. Václav Klaus et Jan Švejnar ont affirmé leur intention de se représenter. Mais les communistes et les sociaux-démocrates, les deux formations de gauche de l’opposition, ont entamé dès dimanche de nouvelles négociations avec l’intention de présenter un troisième candidat.
Les candidatures à la deuxième élection doivent être enregistrées officiellement avant mardi soir minuit. D’ici-là, de nombreuses négociations seront menées entre les communistes et les autres partis pour tenter de s’entendre sur un candidat commun susceptible de faire tomber Václav Klaus. Le président sortant est assuré du soutien du Parti civique démocrate (ODS), principale formation de la coalition gouvernementale qui dispose de la majorité au Sénat. Il peut également compter sur une partie des chrétiens-démocrates, membres eux aussi de la coalition mais partagés entre les deux candidats.
Samedi dernier, lors du troisième tour de la première élection, il n’a manqué qu’une seule voix à Václav Klaus pour obtenir la majorité des suffrages des 278 députés et sénateurs présents et ainsi être réélu. Jan Švejnar, parfois présenté comme le candidat d’un front « anti-Klaus », n’a, lui, pas pu compter sur les voix des communistes, qui, comme ils l’avaient annoncé précédemment, se sont abstenus à la différence des deux premiers tours justement afin de s’assurer de l’organisation d’une deuxième élection à laquelle ils entendent présenter leur propre candidat. Si, lundi, on ne savait donc pas si un troisième candidat viendrait se mêler à la lutte entre Václav Klaus et Jan Švejnar vendredi prochain, une chose semblait cependant acquise : sans le soutien des communistes, Jan Švejnar, candidat commun des Verts, membres de la coalition gouvernementale, et du parti d’opposition social-démocrate, ne peut espérer être élu. L’apparition d’un troisième candidat enterrerait en revanche sans doute tous ses espoirs et augmenterait les chances de victoire de Václav Klaus.Enfin, le dernier enjeu avant la deuxième élection reste le même : les voix des chrétiens-démocrates. Avant la première élection, la direction du parti avait laissé la liberté à ses membres de voter pour le candidat de leur choix. Ce qu’ils ont fait. Mais si l’on s’en tient au total des voix obtenues par Václav Klaus lors du troisième tour, il ne lui suffirait que du soutien d’un voire deux députés ou sénateurs chrétiens-démocrates lors de la deuxième élection pour que le président ait la garantie de rester en place pour cinq années supplémentaires. Si la cause de Jan Švejnar n’est donc pas désespérée, Václav Klaus reste néanmoins plus que jamais le grand favori à sa propre succession.
A l’issue du troisième tour de la première élection, la députée Michaela Šojdrová, membre d’un parti chrétien-démocrate partagé entre Václav Klaus et Jan Švejnar et dont les voix font l’objet de toutes les convoitises, a répondu à nos questions :
-Madame Šojdrová, on vient de vivre deux jours de négociations difficiles pour un résultat qui était plus ou moins attendu, à savoir qu’aucun des deux candidats n’a été élu…
« Oui, mais il y a un résultat grâce auquel on connaît désormais très bien les forces. Tout le monde sait qui soutient qui. A mon avis, c’est donc beaucoup plus clair. »
-Comme ils l’avaient annoncé avant la tenue de l’élection, les communistes se sont abstenus lors du troisième tour, ils n’ont pas continué de voter pour Jan Švejnar comme ils l’avaient fait lors des deux premiers tours. Or, il s’avère que sans leur soutien, Jan Švejnar peut difficilement être élu.
« Malheureusement, c’est leur stratégie. Mais la question est de savoir si c’est positif ou négatif que les communistes ne votent pas pour Jan Švejnar. Selon moi, c’est dommage car ainsi, il ne peut pas être élu. Mais je ne suis pas non plus certaine que ce soit le véritable désir de Jan Švejnar d’être élu par les communistes. Je ne le pense pas. »
-L’élection du président n’est pas suivie de très près à l’étranger, et heureusement a-t-on presque envie de dire. Selon vous, quelle image avez-vous, vous députés et sénateurs, donné de la scène politique tchèque ces vendredi et samedi ?« Je crois que cela a été une élection très nerveuse. C’était vraiment un combat entre deux camps, entre un camp qui soutient Václav Klaus et un autre qui soutient Jan Švejnar. Mais c’est la vie politique. A mon avis, il n’y a là rien d’extraordinaire. Je crois que c’était une marche qui mène vers une deuxième élection. »
-Donc, selon vous, pendant ces deux jours de discussions et de négociations, ce n’est finalement rien d’autre que la démocratie qui a bien fonctionné ?
« Oui, j’en suis convaincue. C’était la première fois que nous avons voté à main levée. C’est donc une grande expérience. »