Presse : après la fusillade à l’université Charles, le temps de la solidarité

Cette nouvelle revue de presse propose d’abord quelques remarques sur la récente fusillade à l’Université Charles de Prague. Elle s’intéresse ensuite aux prévisions économiques pour l’année prochaine en Tchéquie et aux principales batailles à venir sur la scène politique. Elle propose également un regard sur l’absence des athlètes russes dans des compétitions internationales. Un mot enfin sur la situation démographique en Tchéquie.

« La République tchèque a passé avec les honneurs le test de solidarité. Le mal ne gagnera pas dans ce pays ». Tel est le titre d’un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny dans lequel son auteur examine les réactions de la population tchèque à la fusillade survenue la veille des fêtes de Noël à l’université Charles et également aux alentours de Prague :

Photo: Iveta Vávrová,  ČRo

« La capacité de prendre en charge les plus faibles, les plus vulnérables, les blessés, les plus malheureux, ainsi que le degré de solidarité qu’elle peut offrir à ceux qui sont frappés par un coup fatal sont les signes selon lesquels on reconnaît la qualité d’une communauté. Force est de constater que la société tchèque ne s’en sort pas mal. Les Tchèques ont déjà envoyé plus de 60 millions de couronnes aux collectes destinées à aider les victimes et les survivants de la tuerie à l’université Charles et, précédemment, dans la forêt de Klánovice près de Prague. Bien sûr, l’argent ne pourra jamais compenser la douleur physique des victimes ou celle des familles qui ont perdu leurs proches. Néanmoins, il s’agit d’une preuve de ce que les Tchèques ne sont pas, comme on le prétend souvent, des individualistes qui se regardent les uns les autres de manière plus ou moins désintéressée. Dans des moments graves, ils essaient, dans la mesure du possible, de soulager les douleurs. »

De l’avis de l’éditorialiste du quotidien économique, le fait qu’un si grand nombre personnes aient apporté leur contribution aux victimes montre qu’il y a dans ce pays beaucoup plus de bien que de mal et que nous pouvons compter les uns sur les autres en cas d’extrême urgence ou de malheur. Et d’ajouter :

« Malgré la tragédie, c’est la meilleure célébration de Noël. Par sa solidarité massive et sa sollicitude authentique à l’égard des victimes, la Tchéquie dit qu’elle est un pays d’humanité. Un pays où le mal peut parfois l’emporter, mais jamais définitivement. »

En attendant la baisse de l’inflation et la croissance des salaires réels

Dans son discours télévisé prononcé le jour de la Saint-Etienne, le Premier ministre Petr Fiala a promis la fin de la hausse des prix et de la pauvreté en Tchéquie. Il a renoué ainsi avec son appel lancé avant Noël et invitant les citoyens à ne pas céder à la morosité et au scepticisme. L’éditorialiste du journal en ligne echo24.cz a remarqué :

Petr Fiala | Photo: ČT24

« Comme un grand nombre de ménages tchèques sont déjà épuisés, on ne peut pas supposer que les paroles du chef de gouvernement puissent les calmer vraiment. Certes, l’inflation va continuer à baisser, les taux d’intérêt vont diminuer et les salaires réels vont enfin augmenter. Mais on ne le ressentira pas immédiatement. »

Selon l’éditorialiste, c’est notamment la croissance des salaires qui devrait avoir un effet positif sur la confiance des consommateurs dans l’économie :

« Depuis un certain temps déjà, les gens ont considérablement réduit leur consommation et reporté achats et investissements importants. Des données statistiques ont montré que la confiance des consommateurs dans l’économie est tombée en décembre à son niveau le plus bas depuis le début de l’année. Avant que la situation des gens ne s’améliore, il leur faudra donc plus que les paroles du Premier ministre selon lequel 2024 marquera la fin des temps difficiles. Les économistes estiment qu’il faudra peut-être jusqu’à trois ans pour que le niveau de vie et la consommation des gens se rétablissent. »

L’année 2024 mettra à l’épreuve la force des partis gouvernementaux

« L’année 2024 mettra à l’épreuve la force des partis politiques », estime l’éditorialiste du journal Mladá fronta Dnes qui a expliqué pourquoi :

La Cour constitutionnelle | Photo: Tomáš Adamec,  ČRo

« Les trois élections qui auront lieu en 2024, européennes, régionales et sénatoriales, constitueront un test de cohésion pour la coalition gouvernementale. Mais l’année prochaine sera aussi marquée par une bataille concernant les retraites, à la fois au Parlement et à la Cour constitutionnelle. C’est dès le 10 janvier, que cette dernière entendra une motion déposée par les députés du mouvement d’opposition ANO visant à abroger l’amendement qui a réduit l’indexation des pensions prévue en juin dernier. Des coupes que le gouvernement de Petr Fiala justifie par la nécessité de stabilisations des finances publiques. »

L’éditorialiste du journal considère que pour le gouvernement, le verdict de la Cour constitutionnelle dans cette affaire pourrait avoir un impact plus important encore que les élections à venir. L’occasion d’ajouter que d’autres batailles se dérouleront également à la Chambre des députés, concernant notamment l’augmentation progressive de l’âge de la retraite, le vote par correspondance ou la légalisation du mariage pour tous.

A qui manquent les athlètes russes ?

Quelle importance attribuer à l’absence des athlètes russes dans le sport mondial depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine ? Cette question a préoccupé un éditorialiste du site Seznam Zprávy :

Photo: KHL.ru

« Il y a un an, certains ont craint que l’embargo vis-à-vis des athlètes de la Fédération de Russie ne porte préjudice au sport. Aujourd’hui, près de deux ans après l’invasion russe, plus personne ne s’en soucie vraiment, bien qu’on ne trouve pas de Russes dans la plupart des manifestations sportives. Personne ne se soucie réellement de leur absence sur la scène internationale, à quelques exceptions près, la Russie elle-même et les athlètes russes qui ressentent cruellement le manque de contact avec le monde. »

La leçon à en tirer, selon l’éditorialiste, est triple :

« La Russie n’est plus la superpuissance sportive redoutée qui s’attaquait aux médailles sur tous les fronts lors des grandes compétitions. De même, il se trouve qu’il y a tellement de concurrence dans le sport d’aujourd’hui que l’absence d’un pays dont les athlètes atteignaient un niveau légèrement au-dessus de la moyenne ne dérange plus personne. Et, enfin, il y a lieu de rappeler ici le cruel dicton qui dit ‘loin des yeux, loin du cœur’. »

Selon Seznam Zprávy, l’interdiction des athlètes russes s’applique différemment dans différents domaines, ne touchant pas les disciplines où les Russes sont particulièrement performants, comme le tennis. S’agissant du très populaire hockey sur glace, il a noté :

« Le fait que la sélection nationale russe de hockey ne participe pas à la Coupe du monde ne signifie pas un déclin du niveau de la compétition. Il est peut-être dommage qu’elle soit absente aujourd’hui, mais même sans elle, la concurrence est si forte que ça ne change rien. Les athlètes russes ne manquent pas beaucoup non plus dans la plupart des autres sports. Les seules exceptions sont peut-être le patinage artistique féminin et la gymnastique moderne. »

Le chroniqueur du site a encore ajouté que « la participation des athlètes russes au cours des 20 dernières années a en outre trop souvent été marquée par des violations des règles de dopage. »

La situation démographique en Tchéquie

« Moins de 90 000 enfants pourraient naître cette année en Tchéquie, selon une extrapolation des statistiques », rapporte un texte publié sur le site novinky.cz :

Photo: angel4leon,  Pixabay,  Pixabay License

« Seuls 69 200 enfants sont nés au cours des trois premiers trimestres. Il s’agit ainsi d’une baisse de 11 %. Le nombre de nouvelles naissances pourrait même être inférieur à celui de 1999 et, comme l’a rapporté la Télévision tchèque, pourrait être le plus faible depuis la fondation de la Tchécoslovaquie. »

Le site observe que ce constat n’est pas un bon signe pour le gouvernement de Petr Fiala :

« Le problème du faible taux de natalité ne peut être résolu rapidement, d’autant plus que les gouvernements alternent tous les quatre ans en Tchéquie. Cependant, il s’agit d’un problème grave qui concerne l’avenir à long terme du pays et mérite donc d’être prioritairement traité. Le tout au moment où la population vieillit et le nombre de personnes âgées n’a de cesse d’augmenter. Il faut trouver un consensus entre les partis pour résoudre ce problème et abandonner les mantras idéologiques. »