La Tchéquie après le massacre à l’Université Charles : choc, incompréhension et recueillement
La Tchéquie est sous le choc et en deuil après la pire tuerie de son histoire survenue jeudi après-midi à la Faculté des lettres de l’Université Charles à Prague. Les réactions.
« Massacre à Prague » titre le quotidien Mladá fronta Dnes, « Violence insensée, horreur et douleur » : c’est ainsi que le journal indépendant Deník N résume, pour sa part, les réactions de la classe politique tchèque.
Dans leurs pages et sur leurs sites, tous les médias tchèques décrivent, minute par minute, les terribles événements de jeudi et apportent les témoignages tout en revenant sur l’assassinat d’un homme et d’un bébé survenu il y a une semaine dans une forêt en périphérie de Prague et également attribué à l’auteur de l’attaque à la Faculté des lettres.
Les journalistes soulèvent en même temps de nombreuses questions : « Le tireur a acheté sept armes au printemps. Pourquoi personne ne s’en est soucié ? » s’interroge, par exemple, un chroniqueur du quotidien Hospodářské noviny.
« Quoi que nous apprendrions prochainement sur les circonstances de l’attaque, nous ne comprendrons jamais comment on puisse faire une chose pareille. C’est une blessure qui ne se refermera jamais complètement. Les promesses de renforcement de la sécurité, qui circulent déjà parmi les hommes politiques, n'y changeront rien », constate le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Respekt, en avertissant : « Il est important de ne pas publier et partager les photos de l’agresseur avec l’arme. Il est prouvé que cela motive d’autres tireurs potentiels ».
Après avoir exprimé leur profonde tristesse, les dirigeants politiques ont lancé ce même appel aux Tchèques :
« Ce dont nous avons besoin avant tout, c’est de compassion, de retenue et de solidarité, d’une part pour permettre d’élucider les faits, d’autre part pour ne pas aggraver la souffrance des proches des victimes », a déclaré le président Petr Pavel.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Vít Rakušan, a tenu à remercier la police et tous les autres services intervenus dans l’urgence :
« Les policiers n’ont pas hésité à faire irruption dans le bâtiment de la faculté et se sont courageusement lancés dans une fusillade avec l’assaillant. (…) Je demande à tous de ne relayer que les informations diffusées par la police et le ministère de l’Intérieur, et non les rumeurs et fausses informations qui se propagent massivement. »
La fusillade meurtrière à Prague fait également la une des médias internationaux, soulignant, comme le quotidien Le Monde en France, que les autorités tchèques ont démenti tout lien avec le terrorisme international. Des condoléances ont afflué du monde entier : du Palais de l’Elysée, de la Maison Blanche ou encore des institutions européennes. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, la présidente slovaque Zuzana Čaputová ou encore son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et bien d’autres politiciens encore ont exprimé leur émotion et leur tristesse.
Une assistance psychologique est apportée aux familles des victimes, mais également aux policiers qui sont intervenus à la Faculté des lettres, comme l’a évoqué le directeur de la police régionale de Prague, Petr Matějček, lors d’une conférence de presse ce vendredi :
« Je peux confirmer que trois de mes collègues avaient besoin d’un soutien psychologique. Moi-même, qui suis au service de la police depuis quarante ans, j’étais dévasté par ce que j’ai vu sur le lieu de la tragédie. »
Ce vendredi, les Pragois affluent devant le siège de l’Université Charles, pour allumer des bougies et déposer des fleurs. Les communautés universitaires du pays, à Brno, Olomouc et dans autres villes encore, sont elles aussi en deuil. Plusieurs collectes en faveur des familles des victimes ont été lancées à travers le pays.
De nombreux événements sportifs ont été annulés et le Théâtre national de Prague a annoncé qu’une minute de silence serait respectée avant les spectacles programmés ces vendredi et samedi. Le 23 décembre, jour de deuil national, une messe en hommage aux victimes du massacre sera célébrée à la cathédrale Saint-Guy de Prague, en présence du chef de l’État.