Presse : bientôt un nouveau parti sur l’échiquier politique tchèque ?

Mikuláš Minář, photo: Martina Schneibergová

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur l’éventualité de l’émergence d’un nouveau parti politique. Ensuite, elle évoquera la controverse entre l’eurocommissaire tchèque Věra Jourová et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Et tout comme dans sa précédente édition, le magazine s’intéresse à certains aspects du rebond de l’épidémie du Covid-19. A la fin de cette revue de presse, nous évoquerons un chapitre important de l’histoire de la couronne tchèque.   

Le départ annoncé de Mikuláš Minář de la direction du collectif Un million de moments pour la démocratie et sa décision de s’engager en politique a été très commenté dans la presse tchèque.

« Durant l’été et l’automne derniers, le collectif a vécu des heures de gloire. Elle a effectivement réussi à faire sortir dans les rues des centaines de milliers de personnes pour protester notamment contre le Premier ministre Andrej Babiš », rappelle un commentaire publié dans le quotidien Lidové noviny. D’après son auteur, cette décision semble pourtant logique, car trois ans plus tard, l’étoile de l’association semble s’éteindre.

Nombreux sont les observateurs qui estiment que le projet de fondation d’un nouveau parti d’opposition risque d’émietter la force des partis contestataires. Le site Forum 24.cz remarque :

« Si elle est effectivement créée par Minář, cette nouvelle formation ne fera  pas concurrence au mouvement ANO, car c’est prioritairement sur les électeurs des partis d’opposition qu’il misera. De même, cette formation pourrait avoir un certain intérêt pour ceux qui refusent le mouvement ANO à cause de son chef Andrej Babiš et qui, désormais, auront l’occasion de donner leur voix à un mouvement ayant une mission analogue. Bref, un mouvement ANO ‘à visage humain’. »

Le commentateur du site echo24.cz constate que les fondateurs de l’initiative Un Million de moments pour la démocratie qui ont réussi à organiser des manifestations massives ont réussi un exploit sans précédent dans le contexte tchèque. « D’un autre côté, Mikuláš Minář n’a pas su expliquer l’intérêt d’un potentiel nouveau parti et en quoi consisterait son apport », souligne-t-il. Il estime également :

« Certes, les intentions de l’ancien leader du collectif Un million de moments pour la démocratie sont honnêtes. Cela dit, le parti qu’il compte mettre sur pied, tel qu’il le formule, rappelle en quelque sorte le mouvement ANO, mais dépourvu de ses aspects oligarchiques, un parti plus éthique et plus civilisé... Un mouvement ANO pour des gens bien. »

Věra Jourová vs. Viktor Orbán

Věra Jourová,  photo: ČTK/AP Photo/Olivier Hoslet

« Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne, rend à la République tchèque le meilleur service qu’un politique délégué au ‘gouvernement’ de l’Union européenne puisse rendre à son pays. Grâce à son mandat de six ans à Bruxelles, la République tchèque jouit au sein de l’Union européenne d’un renom qu’elle ne mérite même pas ». C’est ce que l’on peut lire dans une note publiée dans le journal Deník qui revient sur les récentes tensions entre l’eurocommissaire tchèque et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán avant de rappeller :

« Le fait d’avoir en charge la protection de l’Etat de droit et de la démocratie dans les pays de l’UE est un grand honneur tant pour Věra Jourová que pour un pays d’Europe centrale. On peut percevoir de la même façon le fait que Viktor Orbán ait demandé à la Commission européenne de convoquer Jourová, suite aux critiques que celle-ci a formulées à l’égard du gouvernement autoritaire de Budapest. »

La seule chose regrettable dans cette affaire, toujours selon le journal Deník, c’est que si Věra Jourová est soutenue par la Commission européenne et par le chef de la diplomatie tchèque Tomáš Petříček, le Premier ministre Andrej Babiš, quant à lui, a, pour l’heure, botté en touche.

La lutte contre le Covid-19 face à une opinion publique clivée

Photo: ČTK/Anna Charvátová

Les pseudo-experts qui s’expriment au sujet du Covid-19 ont un accès facile aux médias. Mais, à la différence du gouvernement, ils ne subissent aucune critique de la part du public et des journalistes et n’assument aucune responsabilité de ce qu’ils prétendent. C’est ce qu’estime notamment le site Hlidacípes.org :

« Ce chaos en matière d’information se traduit par la faible volonté de la population tchèque de se serrer les coudes. Lors de la première vague de l’épidémie, la société semblait unie. Les gens s’entraidaient, fabriquaient des masques de protection, appelaient au respect mutuel. Grâce aux mesures de restriction strictes et rapides prises par la cellule de crise et le gouvernement, la Tchéquie s’en est bien sortie à l’époque. Or, si au printemps, les Tchèques craignaient une maladie inconnue, à l’automne, ils ne comprennent plus les restrictions qui leur sont imposées, car tout s’est finalement bien passé. »

Dans une telle situation, constate le commentateur, ce sont  les experts en la matière qui devraient monter au devant de la scène. Au lieu de cela, on voit s’exprimer au sujet du Covid-19 des dentistes, oncologues, chirurgiens, anesthésistes. Spécialistes reconnus dans leurs domaines, ils devraient pourtant laisser parler les épidémiologistes ou les virologues. « Cette cacophonie approfondit le clivage de l’opinion publique et rend difficile une lutte commune contre la pandémie. Il n’est donc guère étonnant qu’à Prague, une des régions les plus touchées, des centaines de personnes se rassemblent pour protester contre le port du masque », écrit-il en conclusion.

Les défis du nouveau ministre de la Santé

Roman Prymula,  photo: ČTK/Michal Kamaryt

« Dans son nouveau rôle de ministre de la Santé, l’épidémiologiste Roman Prymula se débrouille assez bien, si l’on excepte quelques couacs de communication. » C’est du moins ce qu’estime le commentateur de l’hebdomadaire Respekt en lien avec la décision de ce dernier de déclarer une nouvelle fois l’état d’urgence en République tchèque.

« En disant que la situation est grave, le ministre ne dépeint pas la réalité plus rose qu’elle ne l’est. Il cherche à dompter l’épidémie, ce dont témoignent les mesures de restriction qu’il a présentées, ce mercredi, à la Chambre des députés. Cela dit, le public a le droit de poser les questions qui le préoccupent, ne disposant pas, par exemple, de données convaincantes sur lesquelles se basent Roman Prymula et le gouvernement pour prendre leurs décisions. »

« Certes, le nouveau ministre veut s’inscrire dans l’histoire, mais tout indique que les moments les plus difficiles, il les a, tout comme nous tous, devant lui, » écrit l’auteur de l’article publié dans Respekt. En effet, il lui faudra expliquer patiemment aux gens, pendant des semaines voire des mois, que le virus ne disparaîtra pas de sitôt et qu’il faudra vivre avec. En conclusion, il remarque :

« Si le ministre réussit à proposer des solutions intelligentes en vue d’amoindrir le nombre de victimes de la maladie et d’empêcher la paralysie de l’économie, il méritera en effet une distinction d’Etat. Celle que le président Miloš Zeman veut lui décerner dès aujourd’hui, un peu prématurément, et que Prymula, lui-même, était prêt à refuser au moment où les gens étaient en train de mourir. »

La convertibilité de la couronne tchèque : 25 ans déjà

Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

« Il y a 25 ans, la couronne tchèque a passé son examen final, mais selon certains experts, elle devrait se préparer à prendre sa retraite », titre un article publié sur le site aktualne.cz. Son auteur rappelle :

« Le 1er octobre 1995 entrait en vigueur la loi sur les devises qui a rendu la couronne tchèque totalement convertible. Pour beaucoup, il s’agissait de l’une des confirmations psychologiques de la fin du communisme, d’un moment important de la transformation économique du pays qui a contribué à son intégration dans le camp des Etats développés. Outre son aspect symbolique, ce tournant avait une importance pratique, encourageant l’expansion des entreprises tchèques vers l’étranger et vice-versa. Ainsi, à quelques années de l’entrée du pays dans l’Union européenne, en 2004, les Tchèques pouvaient se sentir comme des membres à part entière de la communauté internationale. »

Selon une grande partie des économistes cités dans l’article, au cours des 25 années écoulées, la couronne tchèque a réussi à se faire une place parmi les monnaies internationales. C’est pourtant vers l’adoption de l’euro que le pays devrait désormais s’orienter.