Presse : la Tchéquie et la Slovaquie, des liens nouvellement resserrés
Cette nouvelle revue de la presse explique d’abord pour quelle raison les liens entre la Tchéquie et la Slovaquie ont tendance à se resserrer. Faut-il favoriser la sortie de la Tchéquie du groupe de Visegrád qui réunit quatre pays de l’Europe centrale ? Réponse également dans ce magazine. A son menu ensuite quelques observations sur le Covid-19 deux ans après son apparition. Le dernier sujet traité concernera les attentes liées à la prochaine élection présidentielle en Tchéquie.
Au cours des dix dernières années, la Tchéquie et la Slovaquie se sont plus que jamais rapprochées. C’est ce qu’a constaté, à l’issue de la visite du Premier ministre tchèque Petr Fiala en Slovaquie, un commentateur du journal Deník :
« Le nouveau cabinet tchèque marche sur les traces de la Slovaquie dont le cabinet libéral de droite a remplacé, il y a deux ans de cela, le parti populiste Smer. Une similitude qui a été confirmée lors du séjour du nouveau chef de gouvernement tchèque, mardi, à Bratislava. Une tradition non écrite veut que la première visite à l’étranger des chefs de gouvernement tchèques soit effectuée dans ce pays voisin. Cette fois-ci pourtant, il ne s’agissait pas d’un simple geste d’amitié. Le cabinet tchèque de Petr Fiala et le cabinet slovaque de Lubomír Heger sont plus proches que les précédentes représentations politiques. A noter notamment que les deux ont accédé au pouvoir après la domination dans leurs pays respectifs de leaders populistes forts et dans une situation particulièrement difficile. »
Le commentateur de Deník estime que la Slovaquie et la Tchéquie pourront désormais collaborer en vue d’obtenir de la part de l’Union européenne un soutien de leur politique nucléaire, comme source verte d’énergie. Autre intérêt commun aux deux pays : prendre leurs distances avec la Pologne et la Hongrie en raison de la vision de ces deux pays sur les questions d’Etat de droit.
Le groupe de Visegrád entre ses défenseurs et ses critiques
En réaction à la nouvelle selon laquelle le Premier ministre hongrois Viktor Orban aurait exprimé sa solidarité au président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev suite aux émeutes qui secouent son pays, des voix se sont levées en Tchéquie pour revendiquer la sortie du pays du groupe de Visegrád. L’auteur d’un texte publié dans une récente édition du quotidien Hospodářské noviny prétend en revanche qu’« il n’est pas souhaitable de liquider ce groupe de quatre pays d'Europe centrale, bien que le chef de gouvernement hongrois fasse tout ce qu’il peut pour le détruire ». Il explique :
« Le V4 a été fondé comme un instrument soutenant les efforts des pays d’Europe centrale pour adhérer à l’Union européenne et à l’OTAN. L’espace qu’il couvre et qui a été le théâtre de conflits d’ordre territorial, d’agressions et de pillages entre pays voisins par le passé, a vu naître une formation qui est parvenue à surmonter cette histoire par la communication et la coopération mutuelle. Grâce au groupe de Visegrád, ses quatre pays membres ont appris à se parler et à s’écouter. Du jamais vu auparavant ».
Le fonds international de Visegrád dont le siège est à Bratislava et qui soutient la société civique et la culture, est la seule institution du groupe. « Faute de structures officielles, il est possible d’adapter la coopération aux besoins actuels et à la situation politique », rapporte à ce propos le commentateur du journal. Il indique enfin :
« Vu de l’extérieur, le groupe de Visegrád paraît dominé par des leaders autoritaires. Pourtant, la présidence qui incombe au deuxième semestre à la Slovaquie et qui coïncide avec la présidence tchèque de l’Union européenne pourrait changer la donne. Parmi les prioritées formulées en commun, l’accent devrait être mis, par exemple, sur une politique étrangère inspirée par Václav Havel. Ce serait la meilleure réponse à l’usurpation du groupe de Visegrád par Orban, ainsi qu’aux appels confus invitant à la sortie de la Tchéquie. »
L’épidémie de coronavirus, deux ans déjà
« Il faut admettre que le Covid-19 a une véritable emprise sur nous et qu’en réalité, nous sommes impuissants face à lui ». Une observation formulée dans une récente édition du quotidien Lidové noviny qui rappelle que deux ans se sont écoulés depuis l’apparition du virus qui n’a depuis de cesse d’avoir un impact sur nos vies. La dissonance due aux vues contradictoires serait une des preuves de cette impuissance :
« Tantôt un scientifique prétend que le nouveau variant Omicron n’est pas très dangereux et qu’il augure la fin de la pandémie, tantôt un autre expert met en garde contre lui. Que faut-il croire, alors que le virus ne semble pas vouloir nous quitter et la vaccination ne représente pas une protection tout à fait sûre ? »
L’auteur de la note publiée dans Lidové noviny constate que même si les pertes financières liées à la pandémie sont immenses, le pire est plutôt la lassitude liée à cette lutte qui dure depuis deux ans déjà et les espoirs déçus d’un proche retour à la normale :
« Il y a cent ans, nos ancêtres ont lutté contre la grippe espagnole qui a également duré deux ans et qui a coûté la vie à des dizaines de millions de personnes. Nous avons le privilège d’être protégés et en partie sauvés par les vaccins. Mais la fatigue, la peur et la dépression que nous ressentons sont les mêmes que les leurs. »
Covid-19 : le dialogue impossible
Toujours en lien avec l’épidémie de coronavirus, le journal en ligne Forum24 rapporte que le débat a cédé la place à des monologues hostiles, tant dans l’espace public qu’au sein des familles. Un constat qu’il développe :
« Les effort déployés sur le long terme pour empêcher la destruction de notre planète est une tâche qui devrait unir l’ensemble de sa population. Mais l’humanité en sera-t-elle capable ? Cette question est d’actualité, car le Covid-19 divise les sociétés d’une façon peu compréhensible et jamais vue auparavant. Un phénomène qu’on observe de manière marquante tant en Tchéquie qu’ailleurs. »
« Lorsqu’un dialogue entre des camps opposés est difficile pour ne pas dire impossible, comment cela se finit-il ? », s’interroge le commentateur de Forum24 :
« Nous sommes face à une expérience inédite. Une de celles qui se multiplient ces derniers temps et qui témoignent d’une certaine ‘érosion’ de la démocratie. L’an dernier, l’assaut du Capitole par une foule furieuse, après la défaite du président Donald Trump, en a été un des signes les plus flagrants. »
Quand la Tchéquie cherchera son futur président
Qui sera le futur président tchèque ? A un an de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, cette question est très présente dans les médias. Une note publiée sur le site aktualne.cz s’interroge sur les caractéristiques dont devrait être pourvu le futur chef de l’Etat tchèque:
« Ce qui manque aujourd’hui à la société tchèque, ce sont des impulsions spirituelles et la modestie. Un climat qu’inspirait après la chute du régime communiste l’ancien président Václav Havel. Contrairement à ce que beaucoup pensent, on peut trouver dans le pays aujourd’hui aussi beaucoup d’hommes et de femmes dont la pensée n’est pas uniquement asservie à des objectifs économiques. On peut hélas supposer que de tels individus n’aspirent pas à cette position car ils supposent qu’ils ne seraient pas élus. La Tchéquie a besoin de quelqu’un qui prend aussi en compte les plus faibles, les exclus, les gens en situation de précarité, les familles monoparentales. Elle pourrait s’inspirer en Slovaquie voisine et de son actuelle présidente Zuzana Čaputová, ainsi que de son prédécesseur Andrej Kiska. »
En outre, comme l’estime le commentateur du site aktualne.cz, il faut chercher un président qui sera bien considéré à Bruxelles. Un président riche d’une expérience internationale :
« Cherchons un président sensible aux problèmes de la Tchéquie, avec ses manquements et ses faiblesses et qui, en même temps, sera à même de voir sa situation dans une perspective internationale. Un président qui réalise que pour pouvoir faire front aux appétits agressifs de la Russie, le pays a besoin d’alliés démocratiques forts. »
Le journal Deník N souligne pour sa part que le principal enjeu de la prochaine élection présidentielle sera de trouver un candidat capable de battre Andrej Babiš, leader du mouvement ANO et ancien Premier ministre.