Presse : des manifestations contre les mesures anti-Covid qui se radicalisent

L’obsession des Tchèques pour les piscines privées, rarement vue ailleurs, est-elle une preuve d’une forme de repli sur soi ? Réponse dans cette nouvelle revue de la presse. La radicalisation des manifestations contre les mesures anti-Covid à Prague, illustrée par la présence d’une potence lors du dernier rassemblent en date, est un autre sujet traité. Rappel ensuite d’un crash survenu dans l’ancienne Tchécoslovaquie il y a 50 ans. Il y sera également question de la situation du hockey sur glace tchèque qui peine à renouer avec son passé glorieux. 

Les piscines privées se sont multipliées ces dernières années en Tchéquie. C’est ce dont fait part la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt :

Photo illustrative: Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« Un sondage d’il y a cinq ans a révélé qu’en Tchéquie, un jardin sur trois, qu’il s’agiss de celui d’une maison, d’une résidence secondaire ou d’un chalet, était pourvu d’une piscine. En Europe, seuls les Français et les Espagnols peuvent rivaliser avec les Tchèques dans ce domaine. Ces derniers pourtant, contrairement à leurs deux confrères européens, ne vivent pas dans un climat subtropical. »

Pour trouver une explication à cette manie visiblement dépourvue de logique et pour la replacer dans un plus large contexte, le magazine se réfère au nouveau livre du sociologue Pavel Pospěch, Une société inconnue (Neznámá společnost), qui porte un regard aussi inédit qu’étonnant sur la société tchèque. Selon lui, cette passion liée aux piscines est la preuve du  « repli sur soi » et du désintérêt des gens pour les affaires publiques. Des traits qui semblent caractéristiques des comportements et des mentalités au sein de la population tchèque. Toujours sur la base de cet ouvrage, Respekt indique :

« Certes, ce repli sur soi n’est pas une spécificité tchèque, car il est présent également dans les démocraties occidentales. Dans les pays postcommunistes, il est quand même beaucoup plus marquant. Cela dit, on ne saurait l’excuser uniquement par les quarante ans de régime communiste qui ont ébranlé toute foi envers ce qui relève du domaine public. »

Le livre propose encore d’autres détails concernant la société tchèque. « C’est grâce à cela, qu’il est devenu dès sa sortie au début de l’année un véritable événement littéraire. Son succès confirme la forte demande de textes qui cherchent à interpréter le monde d’aujourd’hui et qui permettent de s’y orienter », ajoute le magazine Respekt.

Radicalisation des manifestations contre les mesures anti-Covid

Ces derniers temps, les manifestations contre la vaccination et les restrictions gouvernementales anti-Covid se sont fortement radicalisées. Selon un texte publié dans le journal en ligne Forum 24, « elles se sont transformées en un jaillissement de haine contre tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de la pandémie ». La dernière manifestation en date qui s’est tenue mardi en est un exemple flagrant :

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Pour donner libre cours à leur colère et à leur agressivité, les manifestants ont déployé une potence devant le bâtiment de la Chambre des députés qui étaient justement en train de débattre d’une modification de la loi pandémique. Une façon de montrer ce à quoi ceux que les manifestants considèrent comme des ‘traîtres à la patrie’ peuvent s’attendre. »

En lien avec le dernier rassemblement des militants antivax à Prague, un commentaire publié sur le site aktualne.cz constate à son tour que la tension monte. Il rappelle cependant que ce n’est pas la première fois qu’une potence a fait son apparition lors d’une manifestation à Prague :

« On en a vu, par exemple, en 2018 lors d’une manifestation contre le chef de gouvernement Andrej Babiš ou, trois ans auparavant, lors d’une manifestation contre les réfugiés. A l’époque, la police n’était pas intervenue tout comme elle ne l’a pas fait non plus cette fois-ci, hormis le fait qu’elle ait fait enlever la potence par son initiateur. »

L’auteur d’un article publié sur le site Seznam Zprávy considère pour sa part qu’il faut intervenir contre ces pratiques destinées à punir les « traîtres à la patrie ». Même si la nouvelle équipe gouvernementale prétend vouloir combler le fossé au lieu de l’approfondir, le temps n’est pas, selon lui, à l’apaisement.

50 ans depuis un crash d’avion lié à un record de survie

« Il n’y a pas beaucoup de records qui tiennent plus d’un demi-siècle. C’est pourtant le cas de celui lié à un crash d’avion qui a marqué l’actualité dans l’ancienne Tchécoslovaquie, il y a 50 ans de cela ». C’est ce que l’on peut lire en introduction d’un article publié dans l’édition de mardi du quotidien Lidové noviny qui a rappelé :

La chute d’un avion de la compagnie aérienne yougoslave JAT en 1972 | Photo: ČT

« La chute d’un avion de la compagnie aérienne yougoslave JAT, avec 28 personnes à bord, survenue en 1972 dans le nord de la Bohême, a été causée par l’explosion d’une bombe. La Tchécoslovaquie communiste était confrontée pour la première fois à un acte terroriste qui, tout en ayant été attribué au mouvement anti-yougoslave des oustachis, n’a jamais été revendiqué. »

Une seule personne, l’hôtesse de l’air yougoslave Vesna Vulovič, 22 ans, a survécu au crash avant d’être soignée et de guérir de ses graves blessures dans des hôpitaux tchécoslovaques. Elle est à ce jour détentrice du record du monde de la plus haute chute libre sans parachute à laquelle un être humain ait survécu, soit 10 160 mètres. Le journal Lidové noviny rapporte en outre que l’hôtesse de l’air serbe est devenue une héroïne nationale dans son pays avant de mourir en 2016, à l’âge de 66 ans.

Le hockey sur glace tchèque ou la nostalgie d’un âge d’or

A quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, l’auteur d’un commentaire publié dans le journal en ligne Neviditelný Pes s’interroge sur le hockey sur glace tchèque et pose la question : Quo vadis ? L’occasion pour lui de porter un regard critique sur la situation d’une discipline sportive très populaire en Tchéquie :.

Photo: Martina Schneibergová,  Radio Prague Int.

« Le hockey sur glace tchèque, qui a pu se targuer de succès mondiaux pendant des décennies, est sur le déclin. N’en déplaise à beaucoup, force est de constater que ses derniers bons résultats atteints sur la scène mondiale ont été le fruit d’un travail systématique hérité du ‘méchant’ régime communiste. Dans l’euphorie post-révolutionnaire, on s’est mis à liquider tout ce qui pouvait avoir un lien avec l’époque totalitaire. Une pratique qui a touché aussi le hockey sur glace. Ainsi, trois ans ont suffi pour liquider un système qui servait d’inspiration à plus d’un pays étranger. »

Au fur et à mesure, le hockey sur glace tchèque a essayé d’implanter des concepts venus d’ailleurs, finlandais, russe, suisse ou encore suédois. « Mais pour renaître, il faut sauvegarder sa propre identité, celle d’un hockey traditionnel et intelligent », souligne le commentateur du site Neviditelný Pes avant de conclure :

« Je n’aurais jamais pensé que le pays qui a vu naître des vainqueurs olympiques et des champions mondiaux, le pays des fondateurs du hockey sur glace européen, allait connaître un jour un désastre aussi spectaculaire. Le clientélisme, le manque de concept, la corruption, la bureaucratie et l’incapacité à créer un milieu concurrentiel pour la formation de nouveaux talents : autant de problèmes qu’il faut prioritairement résoudre. Seules des transformations radicales sont à même d’empêcher que notre sport national ne devienne une simple distraction à caractère provincial. »