Presse : faut-il raser les bâtiments dont l’architecture est liée à l’époque communiste ?
Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord au regard porté en Tchéquie sur l’architecture de l’époque communiste. Autres sujets traités : les jeunes qui intéressent peu les dirigeants politiques, l’absence de représentants tchèques à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, la projection d’un nouveau documentaire avec une touche tchèque au festival Sundance ou encore le prix d’un repas de Noël.
« Depuis le début du millénaire, et probablement même depuis la chute du régime communiste et les années 1990, de nombreux bâtiments publics construits sous le régime communiste ont été démolis sans ménagement dans le pays. » C’est ce que note le quotidien en ligne Lidovky.cz suite à la sortie dans les salles d’un film documentaire intitulé « L’architecture de la République socialiste tchécoslovaque 58-89 ». L’auteur précise sa pensée :
« Il est paradoxal que, aujourd’hui, des bâtiments dont l’édification remonte au début de l’instauration de la dictature communiste après 1948 soient protégés comme monuments historiques et que personne parallèlement ne remette en question le réalisme socialiste, soit le style assez hideux qui les caractérise. Ce sont surtout les bâtiments des années 1970 et 1980 qui sont mises en cause, et ce, alors bien qu’il s’agit bien souvent de réalisations de pointe dans le contexte de l’architecture mondiale, sans parler de leurs magnifiques décorations. Leurs créateurs avaient pour habitude de faire appel aux meilleurs artistes, verriers, sculpteurs et peintres. Le film met en lumière l’absurdité du système dans lequel ces grandes œuvres ont vu le jour. Mais il confirme également que nous possédions à l’époque d’excellents architectes qui ont brillé dans leur domaine bien qu’ils vivaient et travaillaient derrière le rideau de fer. »
Démolir différentes parties des villes historiques dans le but de les améliorer n’est pas quelque chose de nouveau, comme on a pu le voir à différentes époques. Cela dit, il est dommage, comme l’estime encore Lidovky.cz, que de nombreux bâtiments de qualité construits pendant l’époque communiste aient été démolis ou en soient en train de l’être. Fruit du brutalisme, le complexe de bâtiments appelé Transgas, situé à côté du siège de la Radio tchèque, est un excellent exemple de cette vision des choses. « Remplacer une architecture unique en son genre par des créations médiocres et fades ne sert pas les intérêts de la ville », souligne l’auteur.
De son côté, le quotidien Deník N cite l’exemple des « Cubes Pragner » dans l’enceinte du couvent d’Emmaüs, autre élément apprécié de l’architecture brutaliste à Prague qui, lui aussi, fait l’objet d’un débat houleux sur l’intérêt, ou non, de sa conservation.
Les jeunes n’intéressent pas les politiques tchèques
Dans son dernier éditorial, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire libéral Respekt attire l’attention de ses lecteurs sur ce qu’il considère être « une contradiction intéressante » :
« Tout indique que les jeunes sont la génération la plus loyale de toutes vis-à-vis de l’évolution démocratique en Tchéquie. Selon une enquête de l’agence CVVM, 66 % des personnes âgées de 15 à 19 ans qui ont été interrogées pensent que le système actuel est meilleur que celui d’avant 1989, date de la chute du régime communiste. Parmi les personnes âgées de 20 à 29 ans, le chiffre demeure encore assez élevé, autour de 53 %, tandis seul un tiers des personnes de plus de 65 ans partagent cet avis. Force est pourtant de constater que les dirigeants politiques ne s’intéressent que très peu aux jeunes. »
L’auteur constate que tous ceux qui s’attendaient à ce que le gouvernement de centre-droit de Petr Fiala concentre son action, par exemple, sur le soutien à l’éducation ou au logement, peuvent être déçus. Et ce, d’autant plus que les partis qui forment la coalition ont remporté les dernières élections législatives en grande partie grâce à la mobilisation des jeunes. La question de savoir pourquoi le logement plus particulièrement ne figure pas parmi les priorités du gouvernement mérite donc d’être posée. « Comment se fait-il que les politiques n’entendent ou n’écoutent pas le ‘cri de détresse’ des jeunes qui résonne pourtant depuis si longtemps ? » se demande-t-il ainsi. Avant de lancer cet avertissement :
« L’histoire et la situation actuelle du monde occidental nous montrent ce qui se produit lorsque les jeunes ont le sentiment que rien de bon ne les attend à l’avenir. Ils se radicalisent. Si la situation en Tchéquie n’est pas encore dramatique, elle n’en est pas moins grave et, surtout, cela fait longtemps qu’aucune solution n’a été proposée. Les jeunes attendent toujours d’être écoutés. Mais leur patience, qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur, a des limites et risque de s’épuiser un jour. »
Le quotidien économique Hospodářské noviny, pour qui « ce pays n’est pas fait pour les jeunes », va plus loin encore dans sa critique du gouvernement :
« Le fait que l’élite dirigeante et les partis politiques ignorent cette situation absolument lamentable, dont profitent les agents immobiliers et les investisseurs, est alarmant. On peut même se demander si les jeunes ne devraient pas redescendre dans la rue, trente-cinq ans après la révolution de velours, pour provoquer un véritable changement de système dans ce domaine. »
L’absence remarquée (à Prague) des dirigeants tchèques à Paris
Il est difficile de comprendre pourquoi la Tchéquie n’était représentée par aucun politique à Paris lors de la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame, samedi 7 décembre. C’est du moins ce que regrette le site Info.cz :
« Le président de la République ou le Premier ministre auraient pu rencontrer et discuter avec des dirigeants importants à Paris. Mais ils ont refusé. Si le président Petr Pavel, qui la veille assistait à un concert de la Philharmonie tchèque à New York, ne pouvait pas participer à la réouverture de Notre-Dame, le Premier ministre, lui, aurait pu se rendre en France. Il est d’usage que l’un ou l’autre se rende à un événement aussi important. C’est donc là une occasion manquée puisque même le ministre de la Culture a brillé par son absence. Certes, les politiques ne sont pas tenus de se rendre partout où ils sont invités. Mais dans le cas présent, un des plus hauts dirigeants tchèques aurait pu profiter de cette occasion informelle pour s’entretenir avec des hommes d’État aussi importants que le président français Emmanuel Macron ou le futur président américain Donald Trump. C’était une opportunité qu’Andrzej Duda, Frank-Walter Steinmeier, Karl Nehammer ou Giorgia Meloni n’ont, eux, pas manqué de saisir. »
L’auteur constate également que le seul représentant tchèque à la cérémonie était le cardinal Dominik Duka « qui représentait toutefois l’Église catholique, à la place de l’archevêque Jan Graubner, qui ne pouvait pas y aller. »
« Mr Nobody contre Poutine »
« Les cinéastes tchèques se réjouissent d’un nouveau succès mondial », remarque le site Novinky.cz en lien avec la présentation en première mondiale du documentaire intitulé « Mr Nobody contre Poutine » à la prochaine édition du festival du film de Sundance. Il signale également :
« Produit par la société danoise Made in Copenhagen en coproduction avec la société tchèque PINK, le film offre un regard inédit sur la Russie contemporaine de Poutine grâce aux images tournées en catimini et à la narration d’un jeune enseignant populaire, Pavel Talankin, surnommé ‘ Pasha ‘, qui en est également le coréalisateur. Il montre la transformation radicale de la société russe après le début de la guerre en Ukraine. C’est dans la ville russe de Karabash, une bourgade de 10 000 habitants, que Talankin a rencontré le réalisateur danois David Borenstein, avec qui il s’est lié d’amitié et avec qui il a trouvé un moyen de faire sortir les images du pays. »
Novinky.cz raconte que Pavel Talankin vit actuellement en Tchéquie, après avoir commencé à planifier son départ de Russie l’année dernière, avec l’aide d’un certain nombre de personnes, avant d’être repéré par les forces de sécurité russes. En Tchéquie, le documentaire sortira dans les salles en mars 2025, dans le cadre du festival One World.
Les fêtes de Noël au temps du ralentissement de la croissance des prix
« Le prix moyen du dîner du réveillon de Noël le 24 décembre pour une famille tchèque moyenne de quatre personnes s’élèvera cette année à 869 couronnes (35 euros) et ne sera, donc, que 2% plus cher que l’année dernière. Un constat positif si l’on se souvient qu’en 2023, cette inflation avait été de l’ordre de 16%. Or, le menu traditionnel d’un réveillon tchèque, composé d’une soupe de poisson, d’un filet de carpe ou d’une escalope panée accompagné d’une salade de pommes de terre, est plutôt bon marché par rapport à ce qui se fait dans d’autres pays. »
De ce constat, le journal en ligne Echo24.cz déduit que la croissance des prix à la consommation s’est ralentie dans le pays, la Banque nationale tchèque ayant réussi à maîtriser l’inflation de manière significative.
Le site Aktualne.cz indique pour sa part que les pâtisseries et les biscuits de Noël faits maison, dont la tradition en Tchéquie est très ancienne, sont plus chers cette année. « La raison est la forte augmentation des prix du beurre et des œufs. Les consommateurs paient également beaucoup plus cher pour le cacao et ses produits dérivés », explique-t-il.