Presse : La Tchéquie de nouveau sous l’emprise de la pandémie de Covid-19
En attendant la formation d’un nouveau cabinet issu des récentes élections législatives, la Tchéquie cherche à gérer une nouvelle vague de la pandémie de Covid. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse. Un président de la République doit-il siéger au Château de Prague ? Et quelles sont les questions auxquelles le prochain cabinet devra s’intéresser ? Deux questions qui y sont également soulevées. S’agissant de l’agenda international, il y sera question des liens entre Taïwan et la Tchéquie et de la crise à la frontière polono-biélorusse.
Avec l’arrivée de l’automne, la Tchéquie cherche de nouveau une réponse pour savoir comment dompter la pandémie de coronavirus qui gagne en puissance. « Le tout au moment où la Tchéquie se trouve dans une situation assez malheureuse », constate un commentaire publié dans une récente édition du quotidien Hospodářské noviny. Voici l’explication de son auteur :
« Les indicateurs du Covid-19 sont de plus en plus inquiétants, mais le gouvernement sortant d’Andrej Babiš n’a pas l’air de s’en préoccuper beaucoup, excepté le fait qu’il a ordonné le port de masques respiratoires dans les espaces intérieurs et décidé de rendre payants les tests de dépistage. Une façon de motiver les gens à se faire vacciner. D’un autre côté, les cinq partis de l’ancienne opposition qui ont gagné les élections législatives et qui sont en train de former le prochain gouvernement, ne présentent eux non plus pas beaucoup d’idées qui permettraient de gérer la nouvelle vague de Covid. A l’heure actuelle, c’est pourtant leur coalition qui est censée prendre l’initiative et présenter un programme clair afin de ne pas inquiéter la population. »
« Toutefois, les principaux coupables des risques auxquels la Tchéquie est à l’heure actuelle confrontée sont ailleurs », constate le journaliste de Hospodářské noviny. Les coupables sont, selon lui, ces milliers de personnes irresponsables qui ne protègent ni elles-mêmes ni les autres, celles qui refusent la vaccination et le port de masques. « Tout le monde a pourtant eu l’occasion de comprendre ce que le nouveau coronavirus engendre », souligne-t-il. Sa conclusion est catégorique :
« Le fait de voir aujourd’hui un si grand nombre de gens qui appartiennent à ce dernier groupe, en dit long sur la mentalité de la population tchèque. L’image n’est pas très encourageante ».
Le Château de Prague, un siège propice pour un président ?
« Le prochain chef de l’Etat ne devrait pas exercer sa fonction au Château de Prague ou au château de Lány qui sert de résidence estivale présidentielle », estime l’auteur d’une note publiée dans le journal en ligne Forum 24. Il a à ce propos rappelé :
« Siège depuis le 9è siècle des princes et des rois tchèques, le Château de Prague est le plus important château du pays. Devenu en 1918 siège du président de la République, il est le plus grand château habité au monde, sa superficie dépassant même celle du château de Windsor en Grande-Bretagne. Abritant les joyaux de la couronne et les restes des seigneurs, des saints et des patrons du pays tchèque, il constitue le symbole de la ville et de l’Etat. »
Pour le publiciste du journal Forum 24, il est désormais grand temps d’ouvrir le Château de Prague tout comme celui de Lány, enveloppé lui aussi d’un genius loci, au public. Dès lors, le siège de la chancellerie présidentielle devrait trouver une autre localisation pour être comparable à ceux dans d’autres pays. « Cela empêcherait les locataires temporaires de ces châteaux et à leurs collaborateurs de succomber à l’illusion d’être les héritiers de la majesté monarchiste ou de la tradition du président Masaryk », remarque-t-il avant d’ajouter :
« Les compétences du président de la République sont clairement définies par la Constitution qui stipule qu’il n’est pas un souverain suprême de son pays. L’élection du président au suffrage universel direct ne peut rien changer à ce constat. Le président de la République est une fonction, et non une majesté. A cette fin, il n’a pas besoin d’un appareil administratif hypertrophique, du plus grand château au monde et d’un château spacieux près de Prague. Après des années d’abondance, l’heure sera désormais à l’austérité. Au lieu de se moquer des gens, le président et son équipe doivent servir d’exemple. »
Ces questions que le prochain gouvernement ne devra pas omettre
« Est-il normal que les femmes tchèques touchent des salaires 20% plus faibles que ceux des hommes, et qu’une trentaine voire une quarantaine d’entre elles subissent quotidiennement une agression sexuelle ? », s’interroge le publiciste du site aktualne.cz. L’occasion pour lui de souligner que « les femmes sous-estimées et violées sont les thèmes que le prochain gouvernement ne devra pas éviter ». Il écrit :
« Certes, la propagation de la pandémie de Covid et l’endettement de l’Etat sont les principaux problèmes que le prochain cabinet aura à affronter. Mais pour l’évolution ultérieure du pays, pour son bien-être, il existe beaucoup d’autres défis à relever qui demeurent ignorés jusqu’à maintenant et qui ont pourtant un grand intérêt pour différents groupes de la population, femmes, jeunes, personnes en situation de précarité. »
Vu la composition de la Chambre des députés où le Parti pirate, principal défenseur des sujets minoritaires, n’aura que quatre représentants au lieu d’une vingtaine précédemment, le publiciste doute qu’un changement dans ce domaine soit possible. Selon lui, le Parti civique-démocrate (ODS) qui sera le leader de la prochaine coalition gouvernementale s’est jusqu’ici présenté comme « un parti dur et indifférent à l’égard des questions sociales », tout en étant très réservé face aux impératifs du ‘Green Deal’. « Il sera alors difficile d’imposer les sujets libéraux qui intéressent les jeunes, en dépit de ce que les candidats aux postes ministériels cherchent à prétendre », écrit le publiciste du site aktualne.cz. Ces craintes concernent également les droits des femmes :
« Le prochain gouvernement, qui sera composé majoritairement d’hommes d’âge moyen et avancé, plutôt conservateurs, donne à supposer que c’est la famille dite ‘traditionnelle’ qui sera favorisée. On peut aussi estimer que les différents sujets liés à la vie des femmes seront désormais mis en arrière-plan. Par ailleurs, les conservateurs tchèques ont été très critiques envers le mouvement MeToo, en dépit des chiffres liés aux cas de viols des femmes tchèques qui sont alarmants. »
« On peut pourtant croire que ‘la coalition du changement’ au pouvoir va prendre tous ces doutes en compte et impliquer les sujets concernés dans son programme, car ils n’appartiennent ni à la gauche, ni à la droite », conclut le commentateur.
Taïwan – Tchéquie, une alliance économique pas comme les autres
La venue d’une délégation d’entrepreneurs de Taïwan et du chef de la diplomatie taiwanaise Joseph Wu cette semaine à Prague a eu un grand retentissement dans la presse nationale. Un commentateur du quotidien Deník l’a située dans un plus large contexte :
« La plus grande usine automobile Škoda a été contrainte d’arrêter sa production en raison de la pénurie de puces. Selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le transfert de la production de puces vers l’Union européenne constitue une des plus grandes tâches pour l’ensemble de l’institution. Et c’est dans cette situation, qu’on voit atterir à Prague un avion avec une importante délégation d’entrepreneurs d’un pays qui produit 70% de l’ensemble des puces au monde. C’est pour cette raison, que cette visite et la coopération avec la variante démocratique de la Chine constituent une des plus grandes chances économiques de ces dernières années pour la Tchéquie. La chance de la transformer d’un ‘atelier de montage en un pays de cerveaux’ ».
Le commentateur de Deník rapporte que cette visite rappelle celle du chef du Sénat Jiří Vystrčil et d’une délégation d’entrepreneurs tchèques l’année dernière à Taïwan. « Ce pas important que la Tchéquie a fait n’avait pas eu pour autant l’effet économique prévu, en raison notamment de la situation pandémique », constate-t-il. L’alliance avec une des économies les plus développées au monde a pourtant, selon lui, un sens, « donnant à la Tchéquie la chance de sauter au XXIIè siècle. »
La crise à la frontière polono-biélorusse et la Tchéquie
La crise des migrants à la frontière polono-biélorusse déclenchée par le régime biélorusse s’aggrave. Dès lors, elle peut toucher également la Tchéquie. C’est ce qu’estime un chroniqueur de l’hebdomadaire Reflex qui a, à ce propos, remarqué :
« En Tchéquie, l’attention donnée à cette situation dramatique demeure assez faible, au moment où nos relations avec la Pologne sont plus mauvaises que jamais depuis l’an 1989. Au cas où les autorités allemandes introduisent des contrôles à la frontière avec la Pologne, nous pouvons nous attendre à ce que les réfugiés souhaitent passer par notre pays pour se rendre par la suite en Allemagne et en Autriche. Et si, dans un tel cas, ils ne peuvent pas franchir les frontières de ces deux pays, il faudra bâtir sur notre territoire des camps pour eux. Il y a alors lieu de se demander si nos autorités et nos politiciens tiennent compte d’une telle éventualité et s’ils y sont préparés ».