Presse : le futur gouvernement tchèque face à des défis et des enjeux difficiles

Le bureau du Gouvernement tchèque

Les défis que le nouveau cabinet tchèque aura à relever sont nombreux. Cette nouvelle revue de la presse en présente quelques-uns. Elle s’intéresse aussi à l’image offerte par le Premier ministre sortant Andrej Babiš depuis sa défaite électorale. Quelques observations ensuite sur une éventuelle candidate à la prochaine élection présidentielle. Halloween ou le Jour des Morts ? Réponse à cette question également au menu du magazine. Un bref regard enfin sur le sommet climatique de Glasgow.

Le prochain cabinet aura à assurer sa mission dans des circonstances particulièrement difficiles. Un constat sur lequel s’accorde une grande partie des commentaires parus ces derniers temps dans les médias tchèques. L’hebdomadaire Respekt a écrit à ce propos :

« Le changement climatique, l’endettement du pays, une nouvelle vague de la pandémie de coronavirus, l’état déplorable de l’administration d’Etat, la hausse des prix des énergies, les impératifs de la numérisation, la sécheresse. Tels sont les principaux défis que le nouveau gouvernement de Petr Fiala aura à relever. Des tâches qui semblent pourtant plus faciles que d’arrêter la dégradation des valeurs démocratiques. Bref, de faire front aux fausses nouvelles et aux menaces hybrides. »

Le commentateur de Respekt estime que c’est, assez paradoxalement, de cette dernière tâche que la prochaine équipe gouvernementale pourrait s’acquitter le mieux. « Depuis quelques mois déjà, ses représentants font preuve de leur volonté de s’entendre et de leur capacité d’éviter des conflits futiles. Une façon de se rendre plus crédibles aux yeux du public et de lutter ainsi contre les manipulations idéologiques et les mensonges », explique-t-il.

L’auteur d’une note mise en ligne sur le site aktualne.cz considère à son tour que la lutte contre les fake news est une des principales tâches qui incombera aux vainqueurs des élections législatives :

« Le nouveau cabinet devrait lancer à cette fin une campagne efficace et intelligente qui s’avère totalement absente actuellement, à quelques exceptions près. Il faut se défendre, car les fake news venues du Kremlin et qui envahissent la Tchéquie influencent fortement nos vies. Sans leur impact, le taux de vaccination contre le Covid serait probablement beaucoup plus élevé en Tchéquie. »

Le commentateur du journal en ligne Forum24 met l’accent sur une autre tâche d’actualité que le nouveau gouvernement a devant lui : stopper les tendances à la violence et à l’agressivité. Suite à la publication sur Facebook des adresses de personnes « ennemies », issues du secteur de la santé et engagées dans la lutte contre la pandémie, par les contestataires du port du masque, il a écrit :

« Le gouvernement sortant d’Andrej Babiš a ignoré les tensions au sein de la société et la volonté croissante de la foule de recourir à l’agressivité. Le nouveau cabinet doit tenir compte du fait que cette vague d’agressivité, de haine et d’appels à la violence est dangereuse pour toute la société. Si les auteurs de tels appels ne sont pas traduits le plus vite possible devant un tribunal, la violence quittera l’univers de Facebook pour se diffuser dans le monde réel ».

Andrej Babiš et sa « métamorphose » post-électorale  

« Le loup devenu agneau ». C’est par cette métaphore que l’auteur d’un commentaire publié sur le site www.rozhlas.cz/plus décrit la « métamorphose » du Premier ministre Andrej Babiš depuis que son mouvement ANO a essuyé une défaite cuisante aux élections législatives du début du mois d’octobre. Il a précisé :

Andrej Babiš | Photo: Viktor Daněk,  ČRo

« Le 28 octobre, jour de la fête nationale, il était difficile de ne pas écarquiller les yeux. Le discours que le chef de gouvernement Andrej Babiš a prononcé à cette occasion a été le plus humble de toute sa carrière politique. L’homme qui a donné avant les élections le feu vert à une campagne de désinformation agressive a prôné dans son discours la tolérance et le respect des adversaires politiques. L’explication est simple : le chef du mouvement ANO s’habitue à son nouveau rôle. Beaucoup sont convaincus que Babiš aspire à la fonction présidentielle. Mais ce n’est pas évident, car ses chances seraient assez incertaines. Un Babiš plus cultivé, plus sensible et consensuel peut se mettre en valeur comme un leader de l’opposition qui cherchera à gagner la confiance même de ceux qui n’ont pas voté pour lui. »

Cela dit, le chemin que le Premier ministre sortant, cinquième fortune tchèque selon Forbes, va finalement emprunter, demeure imprévisible. Et l’analyste de conclure :

« Seuls des personnes naïves peuvent croire qu’une métamorphose de fond d’Andrej Babiš soit possible. Mais son virage vers plus de tolérance et d’empathie, aussi intentionnelle soit-elle, pourrait constituer un précieux apport à la culture politique, celle qu’il a lui-même cherchée à anéantir pendant de longues années. »

Danuše Nerudová : quelle image d’un président idéal ?

Le journal E15 a publié ce jeudi une interview avec Danuše Nerudová, rectrice sortante de l’Université Mendel de Brno, que les médias classent parmi les futurs candidats à la prochaine fonction présidentielle. Tout en refusant pour l’instant de telles spéculations, elle a brossé pour ce périodique l’image d’un président idéal :

Danuše Nerudová | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo

« La situation dans la société est grave, les gens ne se sentent plus en sécurité. La société est émiettée aussi en raison de l’agressivité accentuée par les campagnes électorales. Nous vivons dans une époque de crise des valeurs, car nous avons oublié ce qui nous unissait. A mon sens, le futur président devrait être une personne qui en tient compte et qui est à même de surmonter les divergences et d’accentuer les valeurs que nous avons en commun. La société a besoin de s’apaiser et d’être dotée de certitudes élémentaires. La moitié des problèmes économiques surgis pendant la pandémie a été causée par l’incertitude. »

Selon l’économiste, notre pays a été dirigé pendant huit ans comme une entreprise. Pourtant, selon elle, « il doit être géré comme une famille, car ce n’est qu’en famille qu’on peut s’occuper des plus vulnérables et des plus faibles ».

Halloween ou le Jour des morts ?

« Doit-on favoriser la fête d'Halloween qui tombe le 31 octobre ou bien le Jour des Morts du 2 novembre ? » Cette question qui semble préoccuper une partie importante des Tchèques a été soulevée dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny de samedi dernier. Son chroniqueur a à ce propos remarqué :

Le Jour des Morts  (Dušičky) | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« En Tchéquie, le Jour des Morts (Dušičky) est une fête traditionnelle, sérieuse et intime, appelant les gens à se rendre dans les cimetières. Halloween est fêté dans le pays notamment depuis la fin des années 1990 et est devenue une fête populaire et commerciale, aimée des jeunes et des très jeunes. La principale controverse liée à ces deux fêtes concerne leur origine. Dans la conscience collective, le Jour des morts est considéré comme une tradition ancienne et authentique tchèque, tandis qu’Halloween comme une fête américaine importée, artificielle et fausse. De ce fait, outre la Saint-Valentin, il n’y a probablement pas d’autre fête qui provoque au sein de la société tchèque autant d’émotions controversées. »

Toutefois, comme le remarque le commentateur, les embarras qui accompagnent ces deux fêtes automnales ne sont pas vraiment justifiés. « Elles ont toutes les deux non seulement un thème en commun, mais elles puisent leurs origines dans des traditions archaïques de l’Europe chrétienne et pré-chrétienne », explique-t-il. Un autre point à souligner, c’est qu’Halloween constitue une des rares fêtes archaïques costumées qui existent dans l’espace public. Une raison de plus, selon lui, pour que les Tchèques soient plus indulgents à son égard.

Des attentes prudentes liées au sommet de Glasgow

Le sommet climatique de Glasgow ne constituera pas un tournant dans la lutte contre le réchauffement de la planète. C’est du moins ce qu’estime un commentateur du journal Deník qui salue en même temps le fait que l’événement se déroule en Grande-Bretagne. Un pays qui, à la différence de la Pologne qui avait accueilli le précédent sommet, veut servir d’exemple dans la lutte contre le changement climatique :

Le sommet climatique de Glasgow | Photo: Alberto Pezzali,  ČTK/AP

« C’est effectivement l’empreinte britannique qui marquera le plus le sommet de Glasgow. Elle donnera le coup d’envoi à un débat rationnel sur les démarches à entreprendre pour plus de durabilité, tant au niveau économique que social. Mais ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas de conférences de climatologues, mais ce sont celles d’énergéticiens, de scientifiques et d’économistes. Seuls ces experts pourront dire comment il faut s’y prendre et évaluer les coûts des opérations possibles. »