Presse : un football tchèque « sexy », l’Europe sans gaz russe et V. Havel élu par les communistes
Cette première revue de presse de l’année 2025 s’intéresse d’abord aux raisons de la renaissance du football tchèque. Autres sujets abordés : l’Europe sans gaz russe, le rappel d’une date historique en lien avec l’ancien président Václav Havel, les prochaines élections législatives et sur la faible volonté des Tchèques de faire des enfants.
Durant les dix à quinze dernières années, le football tchèque était dominé majoritairement par des escrocs, ce qui explique pourquoi aucun homme d’affaires lucide n’aspirait à posséder un club ou à s’engager dans la direction de la fédération nationale. Les fans, quant à eux, n’étaient guère nombreux à fréquenter les stades tandis que le niveau des compétitions était plutôt faible. C’est du moins l’avis de l’auteur d’un texte publié dans le dernier numéro de l’hebdomadaire indépendant Respekt, qui explique néanmoins aussi que la situation est aujourd’hui foncièrement différente :
« L’intérêt de différents hommes d’affaires pour les clubs des deux premières divisions nationales illustre peut-être le mieux cette évolution. Plusieurs clubs ont récemment changé de propriétaire et d’autres sont sur le point de le faire. Les candidats potentiels ne risquent plus d’être automatiquement accusés de corruption et d’autres délits dès lors qu’ils arrivent dans le milieu du football. Les clubs se préoccupent également davantage de leurs supporters et de tout ce qui se passe autour des stades. Bref, le football tchèque est désormais sexy. »
Malgré cette évolution positive, le football en Tchéquie a encore un long chemin à parcourir. Respekt explique pourquoi :
« La qualité d’accueil des stades n’est pas la meilleure dans de nombreux endroits, des actes racistes ou d’autre nature se produisent encore parfois, surtout dans les championnats de niveau inférieur où des soupçons de matchs truqués apparaissent également de temps à autre. Toutefois, le public plus nombreux, la participation régulière de ses clubs aux compétitions européennes, où ils font souvent figure honorable, et l’intérêt croissant des hommes d’affaires montrent clairement que le football tchèque est, enfin, en train de se redresser. »
L’Europe sans gaz russe
« Une époque historique s’est achevée au début de cette année », constate le quotidien économique Hospodářské noviny. Une époque dont le début remonte à 1967, lorsque le gaz en provenance de Sibérie a commencé à être acheminé vers les pays de l’ancien bloc de l’Est par le gazoduc appelé Brotherhood (Fraternité), avant que les pipelines ne soient étendus jusqu’à l’Allemagne de l’Ouest :
« Depuis, l’économie européenne s’est habituée à cette source d’énergie bon marché et c’est pourquoi il a été difficile de convaincre les dirigeants politiques occidentaux qu’après l’effondrement de l’Union soviétique, le gaz est devenu un dangereux outil d’influence russe. Tandis que les pays les plus prévoyants ont abandonné ce rêve dès février 2007, d’autres, moins perspicaces, ont entrepris la même démarche à partir de février 2022, après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Puis il y en a encore ceux, comme le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui continuent à croire au rêve d’un approvisionnement en gaz russe bon marché sans répercussions politiques. De ce point de vue, l’histoire du gaz russe illustre parfaitement la naïveté géopolitique européenne des dernières décennies. »
Le quotidien économique rapporte que les livraisons de gaz russe par gazoduc se sont définitivement arrêtées le 1er janvier 2025. « Désormais, le gaz russe continue d’être acheminé vers l’UE sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) », précise-t-il encore, avant de souligner que l’économie et la sécurité de l’Europe ont besoin d’une perspective totalement nouvelle sans plus aucune nostalgie pour les gazoducs russes.
Quand Václav Havel était élu président par les communistes
Le site Seznam Zprávy a, lui, évoqué un événement historique remontant au 29 décembre 1989 : l’élection, par l’Assemblée fédérale, de Václav Havel président de la République socialiste tchécoslovaque. Une élection qui, pour la Tchécoslovaquie, pays qui était alors toujours occupé par les troupes soviétiques, a constitué la troisième des six étapes-clés de la transition pacifique vers la démocratie. Pour l’auteur, ce rappel est l’occasion de s’attarder sur un point curieux : le fait que Václav Havel, ancien dissident et figure de proue de l’opposition au régime, ait été élu par la majorité communiste au Parlement, et ce, par acclamation et à l’unanimité, comme il en était de coutume à l’époque :
« Malheureusement, il n’y avait alors pas d’autre Parlement disponible pour élire Havel puisque les premières élections libres, desquelles s’est formé un nouveau Parlement, se sont tenues en juin 1990. Bien sûr, l’élection de Havel a constitué l’aboutissement d’un transfert de pouvoir négocié et finalement très pacifique. Mais elle a aussi représenté une dernière humiliation pour le pouvoir communiste. Pendant vingt-et-un ans, le Parti communiste avait été maintenu au pouvoir par les chars soviétiques (qui stationnaient en Tchécoslovaquie depuis 1968), et il semblait qu’il en serait toujours ainsi. Et ce, encore même au milieu du mois de novembre 1989, alors que la Pologne avait déjà été le théâtre (en juin) d’élections partiellement libres, que la Hongrie était, elle aussi, sur le point d’organiser ses premières élections et que le mur de Berlin était déjà tombé. Et puis, tout à coup, du jour au lendemain, il en a été fini aussi dans l’ancienne Tchécoslovaquie. »
Seznam Zprávy rappelle néanmoins aussi qu’après cette première élection, Václav Havel n’a plus jamais obtenu la moindre voix d’un député communiste. Et que Havel non plus, tout au long de ses mandats successifs de président, n’a jamais invité le moindre d’entre eux à participer à une quelconque réunion au Château de Prague... Toujours en rappel de cette élection qui s’est déroulée sous la baguette communiste, le journal en ligne Echo24.cz remarque, lui, qu’il s’agissait là d’une situation absurde comme l’ont d’ailleurs été toute la vie et l’œuvre de Václav Havel.
Les prochaines élections législatives, un défi pour l’évolution démocratique de la Tchéquie
Les élections législatives qui se dérouleront à l’automne prochain seront le thème central sur la scène politique en Tchéquie en 2025. Les politologues que le site Info.cz a sollicités à neuf mois de cette échéance sont tous d’accord sur le fait que la campagne qui les précédera sera brutale. Selon eux, il faut également s’attendre à ce que le mécontentement persistant à l’égard de la situation politique et de la direction du pays affecte non seulement l’opposition, mais aussi les électeurs des partis au pouvoir. « Ce mécontentement est susceptible d’aboutir à un conflit important sur le caractère fondamental de l’État, lorsqu’il apparaîtra si une majorité de Tchèques souhaitent suivre une voie similaire à celle de la Slovaquie et de la Hongrie ou si, au contraire, la société civile reste suffisamment forte pour corriger les excès politiques », peut-on ainsi lire. Info.cz ajoute encore :
« Toutefois, la société tchèque possède plusieurs atouts importants qui peuvent jouer un rôle-clé dans le maintien de son orientation démocratique. Il s’agit notamment du niveau d’éducation élevé de la population, de son urbanisation et de l’héritage de la Première République de Masaryk, autant d’éléments qui exercent toujours un effet sur la culture démocratique dans le pays. En dépit des turbulences politiques, ces différents facteurs pourraient contribuer à ce que l’évolution démocratique se maintienne en Tchéquie. »
Toujours autant de décès et, surtout, toujours moins de naissances en Tchéquie
Les dernières données statistiques relatives à l’évolution démographique en Tchéquie n’ont pas étonné grand monde. Elles confirment la prépondérance du nombre de décès sur celui des naissances. Cette tendance est d’ailleurs plus marquante encore qu’en 2021, quand le taux de mortalité avait été plus élevé en raison de la pandémie de Covid-19. « En fait, c’est simple, nous ne nous reproduisons plus parce que nous ne le voulons pas », observe lejournal en ligne Lidovky.cz, qui poursuit :
« D’une part, les jeunes couples retardent leur parentalité, les femmes mettent leur premier enfant au monde souvent si tard qu’elles ne peuvent en avoir qu’un seul. D’autre part, il y a de plus en plus de personnes qui n’en veulent tout simplement pas, considérant qu’une vie sans enfants est beaucoup plus confortable, source de moins de soucis et d’une plus grande prospérité. Et bien que la majorité des politiques parlent de la nécessité de soutenir les jeunes familles, ces déclarations de bonnes intentions ne se traduisent pas aucune mesure concrète. »
Tout en constatant que « nous nous éteignons volontairement », Lidovky.cz journal estime néanmoins que la situation n’est pas encore aussi dramatique qu’elle en a l’air :
« Le déclin démographique est faible et incomparable à ceux qui ont suivi les deux guerres mondiales, sans même parler de l’exemple classique de la guerre de Trente Ans qui a réduit de plus de moitié la population de l’Europe. De même, nous pouvons nous féliciter de l’arrivée des réfugiés ukrainiens qui occupent les postes vacants sur le marché du travail. Une seule chose est certaine : la natalité ne repartira pas à la hausse tant que notre mode de vie, fondé sur un hédonisme sans fin, ne changera pas. »