Professionnalisation : l'armée tchèque à la recherche de méthodes pour attirer de nouvelles recrues
Comme les autres pays de la région telle la Hongrie ou la Slovaquie, la République tchèque est en train de réformer son armée de manière drastique dans le but d'en faire une armée entièrement professionnelle. Le ministère de la Défense et l'Etat-major ont dû changer leur approche pour restructurer un corps militaire qui comptera quelque 33 000 hommes et femmes à compter de l'année 2006. Dès la fin du mois de décembre, les derniers conscrits quitteront les immenses casernes qui leur étaient réservées et l'armée tchèque s'emploie déjà depuis quelques mois à trouver de nouvelles stratégies pour les remplacer.
A l'heure où la Tchéquie vit encore au rythme du football et des exploits de son équipe au Portugal, le service de communication de l'armée du pays cherche le bon moyen de séduire les jeunes et d'éveiller leur intérêt pour l'uniforme.
"Tu veux porter le maillot national et regrettes de ne pas avoir été sélectionné dans l'équipe de Pavel Nedved ? Alors rejoins l'armée tchèque, une équipe qui gagne" peut-on lire sur la publicité insérée dans le supplément spécial du quotidien Sports, consacré à l'euro 2004. Une ligne de téléphone a été mise en service et des centres de recrutements militaires accueillent les candidats potentiels.
A Prague, le centre de recrutement, en charge de toute la Bohême centrale, se trouve à Bubenec. C'est là que nous avons rencontré le major Fisar, en charge de la coordination du centre. Il tient à nuancer les difficultés liées à la professionnalisation de l'armée:
"Je pense que la situation n'est pas si compliquée. Il y a pour l'instant assez de jeunes gens qui souhaitent embrasser une carrière militaire. Il est vrai que tous ne remplissent pas les conditions, mais nous avons eu un afflux de candidatures ces derniers temps. Peut-être qu'à l'avenir en revanche, une fois que cette première vague sera passée, nous aurons plus de peine à recruter mais pour l'heure, nous n'avons pas de problèmes."
"Nous assurons aux jeunes gens la sécurité de l'emploi et leur proposons des perspectives de carrière avec des conditions financières intéressantes. Ils ont en plus l'opportunité de travailler en utilisant les techniques les plus modernes."Les arguments avancés par le major pour attirer de potentielles recrues sont simples, mais efficaces. Au centre de recrutement, quelques jeunes attendent leur tour. Parmi eux, Milan, 20 ans :
"J'étais curieux, et j'ai trouvé des informations sur Internet. Ce qui m'attire c'est le travail dans l'armée. Je suis du genre hyperactif, je ne peux pas rester assis alors le mouvement, l'adrénaline aussi, ça me plaît. Les conditions financières sont intéressantes aussi, c'est sûr. La sécurité assurée par l'Etat pour toute la vie, c'est primordial."
Le site internet de l'armée tchèque, www.novakariera.cz, est un site tout en kaki qui rappelle les jeux vidéos. Ces nouvelles méthodes de séduction employées attirent les jeunes, mais comme l'explique en anglais le major Tucek aux journalistes, seule une faible proportion d'entre eux pourra porter l'uniforme:
"Nous avons constaté qu'après tous les tests physiques que nous imposons aux candidats, nous ne pouvons sélectionner que 37% d'entre eux, et seuls 18,5% des candidats de départ parviennent à passer les test psychologiques..."
"Nos critères ne sont pas très élevés, ce sont des critères normaux, mais malheureusement la population n'est pas en très bonne santé."
Comme Tereza, quelques jeunes femmes souhaitent intégrer une armée tchèque qui s'ouvre à elles:
"Mon père était dans l'armée, c'est lui qui m'a donné envie de faire ce métier. Je n'ai pas de diplôme, alors pour moi c'est très intéressant."
Cependant, les jeunes filles présentent au centre de recrutement pragois sont souvent là pour accompagner leur petit copain. Convoqué seulement 4 jours après avoir écrit un premier email, Zdenek,venu avec sa copine, est avant tout attiré par les conditions financières:
"Je n'ai pas réfléchi longtemps avant de venir ici, seule la rémunération m'intéresse. Je n'ai même pas fait mon service militaire, j'ai effectué le service civil. On peut signer ici pour une durée de deux ans, cinq ans ou plus d'après ce que j'ai lu sur leur site internet."
Auparavant, un conscrit tchèque touchait une indemnité de 400 couronnes par mois. Aujourd'hui, le salaire moyen d'un soldat non gradé dans la nouvelle armée professionnelle est compris entre 10 000 et 12 000 couronnes. La République tchèque fait partie de l'Otan depuis 1999. Au sein de l'Alliance, son armée sera spécialisée dans la lutte contre les armes de destruction massive, la médecine militaire et les systèmes d'observation et de détection passive.