Quand l’Allemagne et la Tchéquie se tendent la main
Le temps est venu pour la discussion sur la période de l’après-guerre en Tchécoslovaquie. C’est ce que pense le président allemand Christian Wulff qui a été reçu, lundi, à Prague par son homologue tchèque Václav Klaus et le Premier ministre Petr Nečas. A cette occasion les deux présidents se sont félicités de l’excellente qualité des relations tchéco-allemandes.
« Nous avons mené pendant deux heures des conversations très détaillées et très amicales dont le contenu m’a fait grand plaisir. Je pense que nous sommes d’accord avec M. le président qu’en ce moment les relations tchéco-allemandes sont probablement les meilleures de l’histoire. M. le président a dit une très belle phrase, à savoir que les relations actuelles sont ‘ein Geschenk der Geschichte’, c’est-à-dire que la qualité de nos relations actuelles est un véritable cadeau de l’histoire, et cette attitude me fait très plaisir. »
Ces paroles de Václav Klaus ont été confirmées par le président allemand :
« Nous sommes amis, nous sommes voisins, nous sommes partenaires dans de nombreuses organisations internationales. Nous avons une très bonne coopération économique. L’Allemagne est le plus grand investisseur étranger en République tchèque, et je suis très content que vous ayez de très bons ingénieurs et un niveau d’instruction élevé. Je suis très content aussi de la coopération des régions frontalières, notamment avec la Saxe, coopération qui continue à s’approfondir. »Les deux présidents ont évoqué cependant aussi les périodes sombres des relations tchéco-allemandes, et notamment la Deuxième Guerre mondiale et l’après-guerre. Selon Christian Wulff, le souvenir des atrocités que les Allemands ont commises à cette époque, est toujours vivant et l’Allemagne doit assumer la responsabilité de ces crimes. Et le président de souligner que ces atrocités ne peuvent pas et ne doivent pas être comparées aux aberrations commises par les Tchèques lors de l’expulsion des Allemands des Sudètes après la guerre. Il estime pourtant que, 65 ans après la guerre, les deux pays pourraient évoquer aussi cette période. Cette discussion, à son avis, ne devrait pas se limiter aux intellectuels et devrait être dépourvue de toute tension.
Les deux hommes d' Etat se sont entretenus aussi des questions européennes et de la situation économique actuelle. Christian Wulff a apprécié l’originalité de certaines opinions de Václav Klaus qui, comme il a constaté, souvent ne font pas l’unanimité mais provoquent une discussion saine et nécessaire. Une petite divergence de vue s’est manifestée seulement sur la position des deux hommes d’Etat vis-à-vis de la monnaie européenne. Tandis que le président tchèque se montre réticent à l’adoption de l’euro, son homologue allemand est d’un autre avis :« Personnellement, je souhaiterais que la République tchèque s’engage plus activement dans la voie vers l’euro. (…) D’autre part je sais que nous devons prendre encore des décisions politiques notamment en ce qui concerne la création du système d’alarme et des mesures juridiques contre les pays violant les règles de la zone euro. Je pense que la République tchèque et son gouvernement ont joué un rôle très constructif dans ce sens. J’aimerais vous donner un peu de courage parce que je pense que les effets de l’euro en Europe sont positifs. »
Christian Wulff a également apprécié le rôle que la Tchéquie joue en tant que médiateur dans les relations Est-Ouest.