Quatre ans de l'Accord d'opposition
L'Accord d'opposition, un document de cinquante lignes, qui a transformé la scène politique tchèque pour toute une période électorale. Qu'en est-il, aujourd'hui, quatre ans après sa signature ? Alain Slivinsky.
L'Accord d'opposition... Une chose peu commune, dans la politique. On pourrait même dire, un non-sens. En effet, généralement accord et opposition ne font pas bon ménage. Pourtant, il y a quatre ans, cet accord a permis de trouver une solution au match nul des élections législatives anticipées, après une crise gouvernementale. Il a permis l'avènement d'un gouvernement minoritaire formé par un seul parti politique, la social-démocratie. Un peu après 10 heures du matin, le 9 juillet 1998, dix-neuf jours après les législatives, quinze fonctionnaires sociaux-démocrates et quinze fonctionnaires du Parti civique démocrate signaient l'Accord d'opposition, dans le bureau parlementaire du chef de la social-démocratie, Milos Zeman. Cet accord fut critiqué de tous les côtés. On ne lui donnait que quelques mois de vie, un avis partagé par les observateurs tchèques et étrangers. Le soir du 9 juillet, Milos Zeman quittait la résidence d'été du président de la République, Vaclav Havel, avec la promesse de ce dernier : il serait Premier ministre. Quatre ans après, Milos Zeman est toujours le chef du gouvernement, un gouvernement qui a sorti le pays de la crise économique, et peut même se vanter d'avoir été l'initiateur de la relance : hausse du PIB, baisse du taux de chômage, augmentation du nombre des investisseurs étrangers, en Tchéquie. Les deux formations politiques, conduites par deux ennemis jurés, Milos Zeman, Premier ministre et chef des sociaux-démocrates, jusqu'à ce printemps, et Vaclav Klaus, président de la Chambre des députés et leader du Parti civique démocrate, ont dû faire des concessions. Le parti gouvernemental a été obligé de terminer les réformes de la droite - privatisations et levée du contrôle des prix. Le principal parti de l'opposition, le Parti civique démocrate, a été obligé d'accepter le déficit budgétaire. Un fait est certain : les deux formations politiques, et leur Accord d'opposition, ont survécu à la pression du Président, à l'arrivée sur la scène politique, de la coalition des Quatre (formée par quatre partis de droite dans l'opposition), aux manifestations des étudiants, et à la crise de la Télévision tchèque. Cela ne veut pas dire que tout va très bien dans le ménage social-démocrate-démocrate civique. Les litiges sont nombreux : en dernier lieu, la prise de becs entre le nouveau chef de la social-démocratie et ministre du Travail et des Affaires sociales, Vladimir Spidla, et le président de la Chambre, Vaclav Klaus. Un fait semble certain, toutefois : l'Accord d'opposition vit toujours, et, selon les spécialistes, il vivra jusqu'aux prochaines législatives, en 2002. Comme le dit, pourtant, Vladimir Spidla, c'est une solution originale unique, pour une situation concrète, et il serait difficile de récidiver...