Quid de l’appel d’offres pour l’achèvement de Temelín ?

Photo: CzechTourism

Que va-t-il advenir du projet d’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín et de l’appel d’offres lancé pour la construction de deux nouveaux réacteurs ? C’est la question que se sont posée ces derniers jours beaucoup d’observateurs du marché énergétique tchèque. Mercredi, en effet, ČEZ, la société nationale de production et de distribution d’électricité, et le gouvernement avaient annoncé que l’achèvement de la centrale pourrait être retardé de plusieurs années. Mais jeudi, le conseil de surveillance de ČEZ n’a pas débattu de la chose, comme cela était attendu. Où en sont donc les choses ?

Photo: CzechTourism
C’est là une question à laquelle il est bien difficile de répondre après la réunion du conseil de surveillance. Mercredi, le porte-parole du géant énergétique tchèque avait pourtant indiqué que ČEZ envisageait de différer les travaux sur la base des discussions menées avec les trois groupes retenus pour l’appel d’offres, parmi lesquels figure notamment le français Areva. Toujours selon ČEZ, les candidats eux-mêmes auraient réclamé plus de temps avant de présenter leur projet. Parallèlement, le Premier ministre, Petr Nečas, et le ministre de l’Industrie et du Commerce, Martin Kocourek, ont affirmé que l’appel d’offres allait prendre du retard. Initialement, la signature du contrat, qui prévoit notamment la construction de deux nouveaux réacteurs pour 2020, était prévue pour la mi-2012. Un contrat qui contient également la promesse de réalisation de trois autres réacteurs à plus longue échéance et dont le montant pourrait grimper, selon certaines estimations, jusqu’à 20 milliards d’euros.

Jeudi, cependant, ČEZ a annoncé qu’elle n’envisageait pas d’abandonner le projet…

Martin Říman
Il faut d’abord préciser que les trois groupes qui ont été retenus pour l’appel d’offres ont indiqué qu’ils n’avaient pas été informés officiellement d’un quelconque ajournement. Et puis, surtout, à la sortie de la réunion du conseil de surveillance de ČEZ, le président de ce conseil, Martin Říman, a expliqué que ČEZ, confrontée à la baisse de la consommation d’électricité, entendait consacrer la majorité des moyens dont elle dispose actuellement justement à la réalisation de ses projets en République tchèque. Martin Říman :

« L’électricité coûtait 90 euros par mégawatt il y a encore quelques années de cela, quand les prix étaient les plus élevés. Aujourd’hui, le prix est passé à 50 euros, il s’agit donc d’une baisse de près de moitié. Forcément, cela a des conséquences sur les profits des sociétés énergétiques comme la nôtre. ČEZ va donc abandonner certains investissements initialement prévus à l’étranger, et ce notamment parce que la priorité des investissements se situe en République tchèque, qu’il s’agisse de la rénovation des centrales à charbon ou de l’achèvement de Temelín. »

Les choses pourraient toutefois encore évoluer la semaine prochaine. C’est du moins ce qu’a déclaré le Premier ministre…

Petr Nečas,  photo: CTK
Petr Nečas a effectivement rappelé que la décision définitive concernant ce dossier d’achèvement de la centrale nucléaire était de la compétence du gouvernement, l’Etat possédant une voix prépondérante au sein du conseil de surveillance de ČEZ. Une nouvelle orientation pourrait donc être annoncée mardi, à l’issue de la réunion du conseil de sécurité de l’Etat. En attendant, le ministre de l’Industrie et du Commerce a déjà fait savoir que l’achèvement de Temelín était influencé par la baisse de la consommation d’électricité. L’énergie produite par les deux nouveaux réacteurs pourrait aboutir à une offre trop importante dans dix ans. Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse. Le porte-parole de ČEZ a d’ailleurs réagi aux propos du ministre en expliquant que les prédictions relatives à la consommation d’électricité en 2020 ne jouaient aucun rôle dans la décision d’ajourner ou non l’appel d’offres, et que la priorité de ČEZ était de disposer de suffisamment de temps pour bien préparer le projet d’achèvement de la centrale, et ce afin de ne pas prendre de retard ensuite dans les travaux.