Quid du Green Deal européen en République tchèque ?
Quel regard la presse tchèque porte-t-elle sur les ambiguïtés tchèques en lien avec le Green Deal européen ? C’est une des questions auxquelles nous répondrons dans cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée. Autres thèmes d’actualité : l’attitude de l’UE et de la Tchéquie face aux protestations en Biélorussie, la reprise de l’épidémie de coronavirus, le comportement des automobilistes tchèques et l’évolution des drones en Tchéquie.
Les espoirs des lobbies fossiles qui s’attendaient à ce que la pandémie de coronavirus contraigne l’UE à quitter le Green Deal, ou le Pacte Vert de l’Europe, sont déçus. C’est ce que soulignait le quotidien économique Hospodářské noviny, dans son édition de jeudi, en réaction au premier discours sur l’état de l’Union prononcé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen. « Comment le gouvernement tchèque réagira-t-il au plan de réduire d’au moins 55% au lieu de 40% les émission des gaz à effet de serre d’ici à 2030 ? », s’interroge le journal, qui explique pourquoi il est difficile de faire des prévisions :
« La position du gouvernement tchèque à l’égard du ‘green deal’ est ambiguë. Le Premier ministre Andrej Babiš a fait plusieurs pirouettes qui laissent à penser qu’il tient à satisfaire les deux camps opposés. Il prétend refuser ce plan pour plaire aux électeurs qui sont méfiants vis-à-vis de l’UE et des tendances progressistes. D’un autre côté, à Bruxelles, il prétend l’inverse pour éviter d’être isolé. On peut supposer qu’il poursuivra cette façon de faire qui, certes, est hypocrite, mais tant bien que mal acceptable. Si la Tchéquie voulait saboter le ‘green deal’, elle se priverait d’immenses moyens financiers de son propre gré. »
Hospodářské noviny rappelle qu’en raison de sa politique énergétique basée sur le charbon, la Tchéquie se trouve dans une situation plus difficile que d’autres pays. Elle doit donc promptement réfléchir aux moyens de se débarrasser de sa dépendance aux combustibles fossiles. « Outre les objectifs climatiques, l’enjeu, c’est aussi une modernisation de l’économie dont la Tchéquie a fortement besoin », peut-on lire en conclusion.
Suivre de plus près les protestations en Biélorussie
« L’Europe devrait intervenir, car Loukachenko se comporte comme un lâche qui ordonne de frapper les femmes et les jeunes filles », titre le magazine Reflex, qui se penche sur l’évolution de la situation en Biélorussie :
« Depuis plusieurs semaines déjà, le leader biélorusse agit avec une agressivité peu commune comme s’il sentait que sa fin approche. Même si la brutalité des forces de sécurité lui permet de se maintenir au pouvoir pendant un certain temps encore, l’opinion publique le considérera comme un farceur qui s’oppose à toute discussion avec les manifestants et l’opposition. »
Selon le commentateur, l’UE et les Etats-Unis s’interrogent sur la manière de contraindre Loukachenko à faire des concessions. « En même temps, ils vouent peu d’attention à l’importante dimension humaine, souvent tragique, du drame biélorusse », remarque-t-il également.
« Beaucoup de manifestations sont organisées par des femmes, dont certaines sont très jeunes. Elles font preuve d’un admirable courage. Le régime répond à cette ingénieuse stratégie de l’opposition par une violence inacceptable. Jusqu’à quand l’UE hésitera-t-elle ? Les sociétés occidentales démocratiques, qui tiennent beaucoup au respect de leurs propres valeurs de civilisation, du principe de la non-la violence, sont appelées à agir avec plus de fermeté et de détermination à l’égard du régime de Loukachenko. La lâcheté n’a pas sa place. »
Le week-end dernier, le journal Hospodářské noviny rapportait que la Tchéquie avait la réputation d’un pays qui soutient la lutte de l’opposition biélorusse. « Cette image change. Les journalistes biélorusses indépendants sont désormais enclins à penser que la Tchéquie, face à la pression de la Russie, a modifié sa politique vis-à-vis de la Biélorussie », écrit-il à ce propos.
Le Covid-19 et les politiques
Le journal E15 replace la reprise de l’épidémie de coronavirus en Tchéquie, avec plus de 3 000 cas positifs – nouveau record - recensés jeudi, dans un contexte politique :
« Il est justifié de critiquer le gouvernement qui a sous-estimé les préparatifs à une nouvelle reprise du coronavirus. Des décisions et des mesures chaotiques ont été prises. Une façon d’augmenter l’incertitude et l’inquiétude des Tchèques, qui sont de moins en moins enclins à respecter les restrictions. Les partis d’opposition, quant à eux, qui sont pourtant censés proposer des alternatives, se contentent dans la majorité des cas de critiquer l’incapacité du gouvernement. Aussi logique soit-elle, cette approche est insuffisante. »
Le Covid-19 permet de nous libérer de notre dépendance au gouvernement et à l’Etat, observe pour sa part le site aktualne.cz :
« L’expérience du coronavirus nous invite à compter désormais davantage sur nous-mêmes, car il n’y a rien ni personne qui puisse nous protéger efficacement. Comme le gouvernement n’a pas bien assuré sa mission, c’est à nous qu’il appartient de prendre les choses en mains. »
« Les prévisions sur l’évolution à venir ne sont pas optimistes », peut-on lire aussi dans le quotidien Deník N. Selon l’auteur, la pleine responsabilité politique incombe au Premier ministre Andrej Babiš, ce que ce dernier a d’ailleurs lui-même reconnu au printemps. Il indique :
« Le ‘lockdown’ total instauré au début de l’épidémie est ce que le gouvernement a fait de mieux. Il a permis d’éviter que l’épidémie atteigne des proportions comme en Italie, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Mais pour le reste, il est difficile de lui attribuer d’autres points positifs. »
Sur les routes tchèques, à quoi bon respecter les règles ?
L’épidémie de coronavirus semble avoir un impact, aussi, sur le comportement des automobilistes tchèques. C’est ce qu’estime l’auteur d’une note intitulée « Une drôle d’année, où les règles ont cessé d’être appliquées », publiée dans le quotidien Mladá fronta Dnes. Il précise à ce sujet :
« Cet été, pendant les vacances, les accidents de la route ont fait 98 victimes, soit un bilan très satisfaisant comparé aux dernières années. C’est d’ailleurs difficile à croire tant d’après ce que l’on peut observer sur les routes tchèques, on pourrait s’attendre à des chiffres beaucoup moins positifs. De plus en plus d’automobilistes se comportent comme si la vie, la leur comme celle des autres, n’avait aucune valeur. Certes, les statistiques sont plus précises que les impressions. Je suis pourtant convaincu que, cette année, le climat sur les routes tchèques s’est brusquement détérioré. Ceux qui ignorent les règles et prennent de graves risques sont trop nombreux. »
Toujours selon le même auteur dans Mladá fronta Dnes, le comportement sur les routes témoigne du fait, plus généralement, que les gens cessent de respecter l’ensemble des règles existantes :
« Le respect des règles, écrites ou non, ne semble pas faire partie du bagage mental des Tchèques. Cette année, la population a été confrontée à des règles, comme le port obligatoire du masque, qu’elle n’avait encore jamais connues. Et comme celles-ci ont été fréquemment modifiées, les gens ont cessé de les prendre au sérieux. Cette anarchie s’est peu à peu élargie aux règles que les gens étaient habitués à considérer comme naturelles et logiques, comme le comportement actuel sauvage des automobilistes le confirme pleinement. »
La Tchéquie, un pays de drones ?
Les domaines d’activité basés sur les technologies modernes font partie de ceux qui présentent les meilleures perspectives pour l’avenir de l’économie tchèque. C’est du moins ce qu’estime l’expert en robotique Vladimír Mařík dans le quotidien Lidové noviny :
« Il existe par exemple une opportunité de faire de la Tchéquie un pays de drones. Elle possède des ingénieurs qui savent les développer, ainsi qu’une bonne électrotechnique et une bonne production mécanique. De même, elle dispose d’experts qui savent se servir de l’intelligence artificielle. Le pays est en mesure de produire tout ce qu’il faut, comme les moteurs et les hélices, et donne également naissance à des algorithmes qui permettent de mettre les drones en mouvement. »
L’expert interrogé par Lidové noviny remarque également que c’est aussi en Tchéquie que de nombreux programmes pour les monnaies virtuelles ont été créés.