Réforme fiscale : après les régionales, Petr Nečas bat en retraite
L’agitation qui accompagne leur annonce étant retombée, l’heure est désormais à l’analyse, la tête froide, des résultats après la tenue des élections régionales qui se sont tenues vendredi et samedi derniers. Vainqueurs dans onze des treize régions concernées par ce scrutin, les sociaux-démocrates et les communistes, les deux principales formations de gauche du pays, ont entamé les premières négociations pour la formation de coalitions. Quant au Parti civique démocrate (ODS), grand perdant de ces élections, son leader, le Premier ministre Petr Nečas, a déjà réagi à la déroute en proposant un compromis sur certains points de son programme, et notamment sur la réforme fiscale que le gouvernement, partisan de la rigueur budgétaire, s’efforce pour l’heure vainement de faire adopter.
« Si le Premier ministre vient me voir avec un projet concret au nom de l’ensemble de l’ODS en m’expliquant qu’il souhaite une modification dans le plan de stabilisation des finances publiques, nous accepterons. Néanmoins, avant cela, il faudra nous garantir que les lois sur la réforme des retraites seront adoptées, comme celle sur la restitution des biens aux Eglises. »
Outre le résultat très décevant des élections pour l’ODS, qui dans certaines régions a même pris les allures d’une débâcle, le Premier ministre doit également s’adapter à la très faible majorité que possède son gouvernement à la Chambre des députés et au mécontentement grandissant de certains membres de son propre parti. Début septembre, le projet de hausse de la TVA, et avec lui l’ensemble du plan de stabilisation des finances publiques, indispensable à l’adoption du budget 2013, avait ainsi été rejeté. Six députés de l’ODS, principale formation de la coalition, s’étaient prononcés contre le texte en deuxième lecture, fragilisant singulièrement la position du gouvernement et celle de son chef. Ce pas en arrière de Petr Nečas sur le principal taux de TVA pourrait donc lui permettre de calmer quelque peu les ardeurs dans les rangs de son parti, comme il l’a concédé :« Nous ne sommes pas des ignorants et je ne suis ni sourd, ni aveugle ni imperméable ou inattentif à ce qui se passe. C’est la première chose. La deuxième est que je considère naturel et logique que, dans une seconde moitié de mandat, le contenu d’une politique puisse être quelque peu modifié. »
Quelque peu modifié, le paquet de mesures fiscales sera représenté au Parlement la semaine prochaine afin qu’il fasse l’objet d’une nouvelle procédure législative. En cas de nouveau rejet, le cabinet, qui serait dans l’impossibilité d’appliquer une politique d’austérité qui constitue pourtant une de ses priorités, devrait alors démissionner puisqu’ayant lié le sort de la réforme à un vote de confiance.En attendant ce vote décisif, dans le camp opposé, à gauche, et même parfois très à gauche, les préoccupations ne sont bien entendu pas les mêmes. Deux jours après la fermeture des bureaux de vote, les négociations vont déjà bon train, même si aucunes n’ont encore abouti. En position de force dans neuf régions, les sociaux-démocrates ont entamé des pourparlers avec tous les partenaires possibles, y compris avec les communistes, que les électeurs de deux régions ont placés en tête.