Rendez-vous à Saint-Jean-sous-le-rocher
Prague de très beaux environs et je vous conduirai aujourd'hui en direction ouest, à la découverte d'un village au nom romantique, Saint-Jean-sous-le- rocher. Situé à moins de 20 kilomètres de la station terminale du métro pragois et à 9 kilomètres du célèbre château fort de Karlstejn, Saint-Jean-sous-le-rocher est recherché pour sa nature et ses monuments et pour la légende sur le moine ermite Ivan auquel il doit sa fondation. La chapelle d'Ivan, à l'intérieur d'une grotte, est en effet, la plus grande attraction de Saint-Jean-sous-le-rocher qui y attire les visiteurs.
Au début du XXe siècle, le village Saint-Jean a été un établissement de cure. Plus tard, il a vécu un chapitre noir lorsque, dans les années cinquante, le couvent a été transformé en prison pour détenus politiques et le ministère de l'Intérieur l'utilisait comme centre de formation de la police secrète, la StB. "Nous avons décidé de remettre tout en ordre pour que le village soit de nouveau joli," dit notre guide M. Sevcik, de la Société de Saint-Jean grâce à laquelle plus de 5 millions de couronnes ont déjà été investies dans le renouveau des monuments. Nous lui demandons de nous présenter son village:
"Le village est exceptionnel, pas comme les autres, car vous ne trouvez pas ici un seul champ. Saint-Jean-sous-le-rocher, c'est le ruisseau, la route, les prés, les forêts, les rochers, l'église, le couvent, et beaucoup de bâtiments et monuments historiques. Le village est exceptionnel du fait aussi qu'il est entouré de tous les côtés du Karst de Bohême, proclamé il y a 30 ans réserve naturelle protégée. Le territoire est riche en formations géologiques et naturelles précieuses, ainsi qu'en flore et faune rares. Ainsi, la plus grande colonie de chauve-souris en Bohême centrale a trouvé un abri sous le toit du couvent. Les rochers calcaires de couleur blanche cachent plus de 300 grottes différentes. Le Karst est le lieu de trouvailles de fossiles, preuve de ce que, autrefois, la Bohême était baignée d'une mer. Les premières trouvailles d'animaux marins fossiles dans le Karst ont été réalisées par l'ingénieur français Joachim Barrande, lors de la construction d'un chemin de fer reliant Prague à Pilsen. A sa mémoire, cette formation géologique s'appelle barrandeum."
Une légende serait à l'origine de Saint-Jean-sous-le-rocher. Notre guide, M. Sevcik, explique:
"Un moine ermite aurait posé les fondements du village. Il s'appelait Ivan, et plus de 11 siècles se sont écoulés, depuis son arrivée ici, vers l'an 880. La légende dit que c'était le fils d'un prince de la tribu slave des Croates installée en Bohême orientale. De retour des études dans un couvent germanique, Ivan s'est réfugié dans une grotte nichée au pied de la paroi rocheuse se dressant au-dessus de l'église actuelle, et il a passé 42 ans dans l'isolement absolu. Une seule fois, le moine a quitté sa grotte: c'était au moment où le prince Borivoj, installé au château voisin de Tetin, l'a découverte, lors d'une chasse. Selon la légende, Ivan a converti le prince à la religion chrétienne ce qui fait de lui le premier missionnaire en Bohême. Après la mort du moine, Borivoj a fait construire une petite chapelle au-dessus de sa tombe, et il l'a confié aux soins des bénédictins d'Ostrov, au confluent de la Sazava et de la Vltava. C'est le début de l'histoire du couvent de Saint-Jean-sous-le-rocher," continue à raconter M. Sevcik:"Le couvent Saint-Jean-sous-le-rocher a ses origines à Ostrov près de Davle où le deuxième couvent des bénédictins dans notre pays a été fondé, en 999, après celui de Prague Brevnov, de 6 ans son aîné. Après la destruction du couvent d'Ostrov par les hussites, en 1420, les bénédictins sont partis à Saint-Jean où ils ont créé leur nouveau centre."
Nous arrivons à la principale attraction de Saint-Jean-sous-le-rocher, la chapelle de Saint-Ivan, à l'endroit duquel les bénédictins ont élevé leur couvent. A l'origine, la grotte de l'ermite Ivan faisait partie du massif rocheux abritant l'actuelle église. Aujourd'hui, on ne peut entrer dans cette chapelle que par une porte dans le mur latéral de l'église baroque de Saint-Jean-Baptiste. Réalisée en 1661 d'après les plans de l'architecte italien, Carlo Lurago, l'église a été remaniée en 1712 par Christoph Dientzenhofer. Sa partie la plus précieuse, le reliquaire doré et argenté où sont déposés les ossements du moine ermite. La plus intéressante est, néanmoins, la grotte d'Ivan. A l'entrée on peut lire que c'est la plus grande grotte en Europe centrale vieille de 6 - 10 000 ans. Le guide nous montre le lieu de prière d'Ivan, l'endroit ou il est mort et qui est marqué par une plastique. Plus au fond, nous apercevons un autel modeste et le lieu du dernier repos des moines bénédictins. La grotte plongeant dans l'obscurité produit une forte impression d'un ancien lieu de culte, avec ses coins mystérieux et un grand trou au plafond surnommé cheminée du diable par lequel Ivan aurait chassé, par la force du crucifix, les diables venus déranger ses méditations. Juste à côté de la grotte d'Ivan jaillit une source aux effets curatifs.
De nombreux visiteurs viennent à Saint-Jean-sous-le-rocher, pendant toute l'année. M. Sevcik précise:
"Nous sommes heureux de voir que les visiteurs qui viennent chez nous sont de plus en plus nombreux, que Saint-Jean devient de plus en plus connu. Ils viennent à cause de sa belle nature, ses monuments et aussi, pour écouter les concerts de musique classique. Au cours des 10 dernières années, la Société de Saint-Jean en a donné 88 dans l'église Saint-Jean-Baptiste. Nous accueillons des visiteurs de Prague, des endroits plus éloignés de notre pays, ainsi que des touristes étrangers. Les plus nombreux sont ceux d'Allemagne, des Pays-Bas, il y a aussi beaucoup d'Américains, de Russes, d'Ukrainiens, de Polonais, d'Autrichiens, d'Italiens..."La voix de la cloche de l'église Saint-Jean-Baptiste nous accompagne sur notre chemin de retour à Prague. Nous espérons que la visite de Saint-Jean-sous-le- rocher vous a été agréable, merci de votre attention et à très bientôt sur Radio Prague.