On respire toujours aussi mal en République tchèque
La qualité de l’environnement augmente sensiblement en République tchèque ; de plus en plus de foyers sont par exemple reliés à un système de canalisation permettant le traitement des eaux sales. Pour autant, l’air reste largement pollué, en témoigne la désormais habituelle présence de smog durant l’hiver, notamment dans les régions de Moravie-Silésie et du nord de la Bohême. Un rapport gouvernemental pour l’année 2013 fait état de cette pollution contre laquelle le ministère de l’Environnement dit vouloir lutter.
Le ministre ne se contente cependant pas de ce tableau flatteur et reconnaît la persistance du problème de la pollution atmosphérique. En ce qui concerne la concentration de particules fines dans l’air, la législation européenne impose de ne pas dépasser une certaine limite plus de 35 jours dans l’année. A Olomouc et Prostějov, au cœur de la Moravie, ce seuil a été franchi 42 jours rien que pour cette année 2014. Avec des conséquences certaines sur la santé, ainsi que le précise Radim Šrám de l’Institut expérimental de médecine de l’Académie des Sciences de République tchèque :
« La concentration de benzopyrène cancérogène dans l’air est trop élevée en République tchèque pour 55% de la population. Durant les mois d’hiver, nous avons la preuve que cette concentration a une influence néfaste sur les grossesses et entraîne une hausse significative des maladies respiratoires chez les enfants. »Outre l’industrie lourde, les principaux responsables de cette pollution sont le transport, notamment dans une ville comme Prague, et le chauffage individuel. C’est essentiellement sur ce dernier point qu’a décidé d’agir le ministère de l’Environnement, en fixant l'objectif du remplacement de 100 000 chaudières polluantes par des appareils répondant à des critères écologiques plus strictes. En Moravie-Silésie, à l’est du pays, une région en pleine transition industrielle particulièrement touchée par la pollution, cela ne sera jamais que le septième plan de la sorte. Pourtant le ministre Richard Brabec veut y croire :
« Nous souhaitons convaincre la Commission européenne - et nous sommes actuellement dans la phase finale de ces discussions -, de nous aider à investir une grande somme d’argent, près de 9 milliards de couronnes, environ 33 millions d’euros, pour remplacer massivement les systèmes de chauffage domestiques. Nous avons ensuite d’autres grands projets d’investissement qu’il s’agisse du programme opérationnel pour l’environnement, de standards écologiques plus élevés pour de grandes entreprises ou bien encore de l’écologisation de la technologie. »A un an de la conférence climatique de Paris et alors que des températures historiquement hautes ont de nouveau été enregistrées en ce mois de novembre, le gouvernement tchèque n’entend pourtant toujours pas s’attaquer globalement à la question de la transition énergétique mais continue de s’y intéresser partiellement. Prague était ainsi l’une des capitales européennes les plus réticentes à la volonté de Bruxelles de fixer de nouveaux objectifs en termes d’émissions de gaz à effet de serre ou de production d’énergie renouvelable.