Restriction de la publicité sur la Télévision tchèque à partir de novembre 2011
Bientôt la fin de la publicité sur les deux chaînes publiques les plus regardées : mercredi dernier, les deputés ont accepté un amendement concernant la loi sur les médias qui interdira la publicité sur ČT1, chaîne généraliste et sur ČT24, chaîne d’information continue, à partir de novembre 2011. Les revenus des spots publicitaires étaient utilisés pour financer partiellement le Fonds national de la cinématographie. Ce seront désormais les chaînes privées, Nova, Prima et Tv Barrandov, qui mettront à contribution 2% de leurs revenus annuels provenant de la publicité afin de soutenir ce Fonds.
Logiquement, les annonceurs s’inquiètent. Pavel Brabec, le président de l’Association des agences de publicité tchèques explique leur point de vue :
Les contribuables assujettis à la redevance audiovisuelle devraient cependant se satisfaire de ce nouvel amendement. Il y deux ans, le coût de cette redevance avait en effet été multiplié par deux. En échange, les autorités avaient promis de faire disparaître la publicité sur toutes les chaînes publiques lors de leur passage au numérique. Avec la loi ainsi modifiée, il n’y aura donc plus de spots publicitaires sur ČT1 et ČT24 à partir de l’hiver 2011. De plus, le téléshopping et la publicité sur les sites Internet des quatre chaînes publiques seront également interdits.
Ondřej Aust, rédacteur en chef du site Médiář.cz, approuve la décision des députés tchèques. Selon lui, les revenus de la publicité de la Télévision tchèque sont en baisse depuis 2007. Les 150 millions de couronnes, un peu plus de 6 millions d’euros, que la Télévision publique devait reverser annuellement au Fonds national de la cinématographie devraient largement être couverts par les prélèvements obligatoires sur les chaînes privées. Ondřej Aust ne s’inquiète pas non plus du fonctionnement futur de ČT1 et de ČT24 sans publicité, prenant la BBC comme exemple :« De façon générale, la BBC, un médium de droit public modèle, montre bien qu’une chaîne de télévision qui ne doit pas adapter sa programmation à ses parts d’audience ou aux revenus de son activité commerciale, peut devenir un média cultivé. La Télévision tchèque elle-même est fondée sur ce concept - nous paierons tous la redevance pour voir ce que les autres chaîne privées, commerciales, ne nous offrent pas. Logiquement, sans publicité et messages commerciaux, elle devrait aussi devenir plus cultivée. »
Les deux autres chaînes de la Télévision publique, ČT2, qui se spécialise dans la culture et les sujets de société et ČT4, qui couvre les événéments sportifs, pourront consacrer 0,5% de leur programmation quotidienne aux spots publicitaires. Les revenus de la publicité sur ČT2 seront reversés au Fonds national de la culture alors que ČT4 gardera ses bénéfices pour la production de ses émissions sportives. Jan Potůček, analyste des médias, commente ces changements :
« De nouveau, il s’agit d’une décision dans un contexte où l’Etat tchèque ne s’était pas encore prononcé sur la manière dont il veut financer la culture. Le ministère de la Culture cherche depuis deux ans les moyens de financer le Fonds de la culture qui soutient les institutions culturelles. Sur ČT2, une chaîne minoritaire, il y aura de la publicité et paradoxalement, elle devra augmenter sa part d’audience pour alimenter le Fonds de la culture du ministère. En ce qui concerne ČT4, je comprends assez bien la nécessité des revenus de la publicité pour pouvoir acheter les droits de diffusion des événements sportifs qui sont assez chers. »Bien sûr, il faudra encore attendre le vote de ce nouveau texte par le Sénat et la signature par le président de la République. Ensuite, elle devrait entrer en vigueur dès le 11 novembre.