Sainte Ludmila, princesse de Bohême et grand-mère de saint Venceslas
Cette fois-ci, dans le cadre de l’émission d’aujourd’hui nous allons nous déplacer bien des siècles en arrière, pour faire la connaissance de l’exquise princesse Ludmila. Epouse du premier prince de la famille des Přemyslides, Bořivoj Ier de Bohême et grand-mère du prince Venceslas, patron des Tchèques, elle est la première femme en Bohême à avoir été canonisée.
D’après les anciens écrits, la princesse Ludmila, fille de Slavibor, seigneur des Sorabes de la région de Mělník, est née aux environs de 860. Agée de quinze ans à peine, elle a épousé le prince Bořivoj Ier, issu de la famille des Přemyslides. Elevée dans la religion païenne slave polythéiste, elle a adopté la foi chrétienne en Bohême peu après son époux Bořivoj. Ce dernier a été baptisé en Moravie par l’archevêque Méthode, apôtre des Slaves, qui a également baptisé la princesse Ludmila. C’était un acte ingénieux car par cette conversion au christianisme, les Přemyslides se sont forgés une forte position politique et sont devenus la famille noble la plus importante en Bohême. De plus, ils avaient l’avantage de siéger en Bohême centrale, région clef sur le plan stratégique. La force du pouvoir des Přemyslides fut pendant de longs siècles, inébranlable. La dynastie s’éteignit en ligne masculine par le meurtre de Venceslas III, le 4 août 1306 à Olomouc. Lorsqu’après quatorze ans de vie commune, l’époux de Ludmila mourut, ce fut leur fils aîné Spytihněv Ier qui accéda au trône de Bohême. Mais la jeune veuve, qui était une femme intelligente et instruite, ne se retira pas du monde comme il était d’usage à l’époque. Elle resta au château de Prague et participa activement à la vie sociale et publique du Royaume de Bohême. Elle a eu incontestablement un grand mérite sur la prise du gouvernement par ses fils Spytihněv Ier et Vratislav Ier, qui succéda à ce dernier en 915 et épousa Drahomíra de Stodor. La princesse Ludmila aida également sa belle-fille, Drahomíra à élever et à éduquer ses petits-fils et petites-filles. Les deux princesses ne se sont jamais liées d’amitié mais lorsque l’époux de Drahomíra, le prince Vratislav Ier décéda en 921, les relations entre les deux femmes empirèrent encore. Le pouvoir fut réparti entre les deux princesses. Drahomíra de Stodor est nommée régente et Ludmila est chargée de l’éducation des princes Venceslas et Boleslav. Drahomíra supporta très mal cette décision et se sentit offensée tout autant dans son rôle de mère que celui de princesse. Le conflit entre les deux femmes n’était pas seulement personnel mais également politique. A cette époque, les princes slaves nouaient des alliances fructueuses et stratégiques pour renforcer leur autorité. Drahomíra de Stodor voulait plutôt se lier avec la Saxe alors que la princesse Ludmila penchait incontestablement pour la Bavière, jusqu’alors étroitement liée avec la Bohême. Ludmila était bien consciente que la liaison avec la Saxe, limiterait l’indépendance de la Bohême. Le conflit entre Drahomíra de Stodor et la princesse Ludmila culmina par un meurtre. Probablement le 15 septembre 921, Drahomíra fit assassiner son inconfortable rivale au château fort de Tetín, où la princesse Ludmila s’était réfugiée. Cet assassinat fut accompli par les hommes de Drahomíra, Tunna et Gomon. Il existe deux versions de la mort de la souveraine-douairière. La première dit que les deux malfrats ont défoncé la porte de ses appartements et l’ont étranglée brutalement avec le châle qu’elle portait alors qu’elle s’agenouillait pour prier. La seconde variante est beaucoup plus poétique. Tunna et Gomon seraient silencieusement entrés dans les appartements de la princesse Ludmila alors qu’elle se préparait pour la prière du soir. Ayant entendu un bruit étrange, elle se retourna et aperçu les deux hommes qui s’approchaient. Ludmila comprit vite quelle était la raison de leur venue et que son sort était décidé. Elle les pria d’attendre qu’elle ait terminé sa prière. Tunna et Gomon attendirent derrière la souveraine-douairière et lorsqu’elle prononça les dernières paroles de sa prière, chacun d’eux attrapa le châle par une extrémité et tira avec force. Lors de l’assassinat de la princesse Ludmila, Venceslas était âgé de quatorze ans. Quatre ans plus tard, il fit transporter la dépouille mortelles de sa grand-mère du château fort de Tetín à Prague, au sein de la basilique Saint-Georges qui abrite le tombeau de la souveraine-douairière jusqu’à nos jours. La princesse Ludmila a été canonisée au XIe siècle et le châle avec lequel elle a été étranglée est devenu le symbole de son martyr. Drahomíra de Stodor est finalement entrée en conflit également avec Tunna et Gomon, qui sont devenus ses pires ennemis. Elle a chassé les membres de leur famille du pays et ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir ont été assassinés par la cruelle princesse, avide de pouvoir.
Il existe à Prague beaucoup de monuments consacrés à sainte Ludmila, comme par exemple la Statue de sainte Ludmila avec saint Venceslas enfant qui se trouve sur le pont Charles, l’église de Sainte-Ludmila sur la place de la Paix (Náměstí Míru), construite dans un style néogothique ou l’église de Sainte-Ludmila au château fort de Tetín.