Sarah Caron : être photographe indépendant dans les régions de conflit
La photographe de guerre française, Sarah Caron, travaille pour Le Monde, The New York Times et Newsweek et bien d'autres magazines et journaux encore. Elle est venue récemment à Prague, sur l'invitation de l'Institut français, accompagnée de Patrick Chauvel, l'un des reporters de guerre le plus reconnu dans le métier. Par ailleurs, Patrick Chauvel a suivi, pendant un an, Sarah Caron en Afghanistan, en Irak et ailleurs, avec sa caméra, pour témoigner de la manière dont travaille la nouvelle génération des photoreporters. Sarah Caron, photographe free-lance, explique, elle-même...
« Avec le digital, la façon d'exercer le photojournalisme est différente d'il y a dix ans. Les grandes agences, comme Reuters, AP etc. ont de très bons photographes locaux qui vont répondre immédiatement à leur demande. Ces personnes pourront diffuser rapidement les événements. Pour un photographe indépendant, comme moi, c'est une concurrence totale. Il n'est plus intéressant d'être sur le même terrain que ces personnes. Sur un dossier chaud qui intéresse le photographe particulièrement (en 2006, par exemple, j'ai passé du temps en Israël et en Palestine), il vaut mieux rester longtemps. A ce moment-là, les magazines pour lesquels vous travaillez vont peut-être vous demander, à vous, de faire une histoire parce que vous y êtes déjà. Mais il est beaucoup plus rare qu'un photographe indépendant soit envoyé quelque part, parce que ça coûte cher. Du coup, moi, je travaille sur des sujets magazine. C'est-à-dire développer, rester, approfondir, avoir un peu de recul et de distance avec l'événement, essayer de comprendre et d'analyser. Ce n'est pas de l'actu chaude, c'est une photographie qui a aussi une recherche artistique, émotionnelle, de compréhension et d'analyse de situation. »
« J'ai commencé à photographier en 1994, en Amérique du Sud, notamment à Cuba, pendant la 'période spéciale', lorsque les Soviétiques ne soutenait plus, économiquement, le pays. L'état de l'économie cubaine est devenu dramatique. Castro a décidé de résister comme il pouvait, en motivant le peuple à économiser. Cela a éclaté en août 1995, où les Cubains sont partis par centaines sur des petites embarcations construites avec un jean pour faire la voile, un morceau de bois...J'étais à Cuba à ce moment-là et j'ai commencé à faire la photo sur cet événement. »
Ce dimanche, Sarah Caron et Patrick Chauvel seront les invités de Culture sans frontière.