Semi-marathon de Prague : une 12e édition record, mais sans record

Pavel Nedvěd, photo: CTK

Le semi-marathon international de Prague s’est couru samedi. Cette 12e édition a été marquée notamment par une participation record avec pas moins de 8 500 coureurs dans les rues de la capitale, parmi lesquels Pavel Nedvěd. Mais le semi-marathon de Prague, disputé dans des conditions météo difficiles cette année, ne s’est pas résumé, loin s’en faut, à la seule présence de l’ancien footballeur.

Václav Klaus,  photo: CTK
Comme de tradition pour les départs de chaque course à pied organisée à Prague, c’est sur l’air de la Vltava de Smetana que les 8 500 coureurs de près de 70 pays se sont élancés samedi aux douze coups de midi. A la différence du marathon, qui possède la place de la Vieille Ville pour cadre, le lieu de départ, donné par le président de la République, et d’arrivée du semi-marathon est situé à côté du Rudolfinum, édifice de style néo-Renaissance traditionnellement réservé à la culture et à la musique tchèques plutôt qu’au sport.

Cette année, les organisateurs espéraient voir le vainqueur non seulement battre le record de 1h00’07’’ établi l’année dernière mais aussi descendre sous la limite de l’heure. Finalement, le Kénian Joel Kemboi Kimuner a parcouru les 21 kilomètres deux secondes moins vite, en 1h00’09’’. Et à l’arrivée, Jana Moberly, chargée de la participation des coureurs d’élite au sein de la société du Marathon International de Prague (PIM), ne cachait pas une certaine déception à l’idée que seulement dix petites secondes avaient manqué pour atteindre l’objectif :

Joel Kemboi Kimuner,  photo: CTK
« Mon sentiment est un peu mitigé. Je pense que lorsque la déception sera passée de ne pas être descendu sous l’heure après avoir été si près, je serai contente du résultat. Courir un semi-marathon en seulement une heure et neuf secondes reste une performance exceptionnelle. Il ne faut pas oublier que c’est un temps de niveau mondial et je suis contente qu’il ait été réalisé chez nous. »

Le responsable de ces dix petites secondes manquantes n’a pas été Joel Kemboi Kimuner, mais bien plutôt les conditions météo, comme le regrettait Jana Moberly :

« Le vent a gâché nos plans. Il y avait vraiment beaucoup de vent et ce ne sont pas de bonnes conditions pour la course à pied. Le vainqueur a néanmoins démontré que réaliser un temps inférieur à une heure était dans ses cordes. Je pense même que s’il n’y avait pas eu ce vent, il aurait pu descendre en dessous des 59 minutes. Il a fait une course fantastique : je lui tire mon chapeau d’avoir fini dans un temps légèrement supérieur à une heure avec ces conditions météo. »

Photo: CTK
Six minutes derrière, avec un temps de 1h06’07’’, le premier Tchèque, Róbert Štefko, a terminé à la onzième place… et souffle coupé devant la performance du coureur kényan :

« Ce qu’ont fait les Kenyans aujourd’hui est incroyable ! Je n’arrive pas à m’imaginer quel temps ils auraient pu réaliser s’il n’y avait pas eu tout ce vent. Ils auraient pu être plus rapides encore, peut-être même de 40 ou 50 secondes, et ce sont des performances vraiment exceptionnelles. »

Outre les coureurs d’élite, l’autre grande figure de ce 12e semi-marathon était l’ancien footballeur de la Juventus Turin Pavel Nedvěd. Et le Ballon d’or 2003 était lui aussi admiratif :

« Je pense aussi que c’est incroyable. C’est leur discipline, mais cela n’enlève rien au fait que courir en une heure reste exceptionnel. Moi aussi je leur tire mon chapeau. Ils sont les meilleurs au monde et ils l’ont encore prouvé. »

Pavel Nedvěd,  photo: CTK
Avec un temps de 1h49’44’’, Pavel Nedvěd a terminé dans la foule des anonymes et des passionnés de course à pied. Un passionné qu’il devient lui aussi peu à peu après avoir raccroché les crampons en fin de saison dernière. En tous les cas, Pavel Nedvěd, qui participait à une course de fond de ce type pour la première fois, était satisfait à l’arrivée :

« C’était bien, et c’est ce que j’en attendais. Je voulais avant tout profiter de la course et de l’ambiance. Je suis content pour une première fois. Mon temps n’a rien d’exceptionnel, mais je voulais finir en moins de deux heures : l’objectif est donc atteint. C’était une découverte et je n’étais pas venu pour me ruiner physiquement, mais pour me faire plaisir, admirer Prague. C’était plus dur qu’un match de foot, mais j’ai passé un bon moment et je conseille à tout le monde de participer. »

Comme tout le monde, Pavel Nedvěd ne s’est finalement plaint que d’une chose, la météo :

« Le plus difficile, c’était le vent. Pour nous, footballeurs, et pour nos chevilles, le bitume et les pavés, c’est sans doute ce qu’il y a de pire. Nous n’y sommes pas habitués. Mais peut-être que dans six semaines, il y aura moins de vent. »

Pavel Nedvěd,  photo: CTK
Dans six semaines est programmé l’épreuve phare et reine des courses à pied à Prague, le marathon, à laquelle Pavel Nedvěd hésite encore à participer. En revanche, plusieurs femmes tchèques s’aligneront à son départ, comme d’autres l’ont fait pour le semi-marathon. Dix femmes font en effet partie du projet « Women’s challenge », qui a vu le jour cette année pour la première fois. Son initiatrice, Anne Scheuner-Descloux, chargée de marketing et de la communication au sein de la société PIM, et elle-même marathonienne, nous en a dit un peu plus quelques jours avant la tenue du semi-marathon :

Anne Scheuner-Descloux
« Ce projet est né du constat que par rapport aux autres pays européens, nous avons un faible nombre de femmes qui participent à nos courses, aussi bien au semi qu’au marathon. Nous nous sommes donc dit qu’il fallait absolument faire quelque chose pour essayer de les convaincre. C’est peut-être dans la culture tchèque : les femmes courent moins et participent moins aux courses une fois qu’elles ont une famille. On voulait donc leur montrer et les convaincre que courir un semi-marathon ou un marathon est possible pour tout le monde. L’idée de notre projet est donc de suivre dix femmes qui ont toutes un passé très différent, qui ont ou n’ont pas d’enfants, sont jeunes ou plus âgées, actives ou pas, à la maison ou étudiantes, etc. Nous les suivons depuis le mois de janvier avec des coachs et une équipe médicale. Elles ont toutes un programme qu’elles doivent suivre et s’entraînent quotidiennement ou plusieurs fois par semaine. Nous les rencontrons ensuite une fois par mois pour faire le point et échanger nos expériences. Elles sont très motivées : il y en a cinq qui vont courir le semi-marathon et cinq autres le marathon. »

-Plus concrètement, pourriez-vous nous présenter quelques profils parmi ces dix femmes ?

« Chacune d’entre-elles a un but à atteindre. Elles ont décidé de cet objectif avec leur entraîneur. Pour certaines, il s’agit de perdre du poids, comme pour beaucoup de femmes en général. Mais pour d’autres, il s’agit par exemple de retrouver un rythme dans leur entraînement. Un des profils intéressants est celui de Martina, qui a quatre enfants, dont sa fille aînée qui est adolescente et avec laquelle elle a quelques soucis. Elle va donc courir avec elle. Grâce au projet, elle a trouvé une relation particulière avec sa fille. Une autre, Irena, a eu quelques problèmes de santé ces dernières années. Elle n’était pas du tout sportive, mais elle veut courir le marathon et perdre treize kilos. C’est un objectif vraiment pas facile à atteindre pour quelqu’un qui travaille tous les jours. Et puis je citerais encore Milena, 52 ans qui restaure les églises et tous les autres beaux bâtiments de Prague. C’est une femme très active mais qui n’a jamais eu le courage de s’inscrire pour une course sur une longue distance. Et elle va courir en équipe le semi-marathon. »

Et la prochaine course sur une longue distance à Prague et dans son centre, ce sera donc le marathon, le 9 mai. Et que vous soyez Kényan, ancien sportif de haut niveau, simple passionné ou femme, un seul conseil : à vos baskets !