Ski - Ester Ledecká continue d’écrire son Histoire
Ester Ledecká a signé une performance majeure, vendredi dernier à Lake Louise (Canada), en devenant la première skieuse tchèque de l’histoire à remporter une épreuve de descente en Coupe du monde. Un peu moins de deux ans après son double titre olympique aux Jeux de Pyeongchang, marqué notamment par un sacre dans le super-G que beaucoup d’observateurs ont considéré comme un heureux concours de circonstances, la Tchèque, élu Sportif de l’année dans son pays en 2018, confirme ainsi, avec ce succès dans la discipline reine, qu’elle a bien sa place sur les pistes de ski comme sur celles de snowboard avec sa planche.
Peu importaient les langues, les commentateurs des chaînes de télévision du monde entier n’ont pas lésiné sur les superlatifs, vendredi, pour qualifier et saluer la victoie d’Ester Ledecká. Tous ont bien souligné que la double championne olympique en titre de snowboard et de super-G était devenue la première skieuse tchèque de l’histoire à s’imposer dans une épreuve de vitesse en Coupe du monde. Dans une course où les habituelles favorites n’ont pas particulièrement brillé, la Tchèque a devancé de 35 centièmes de seconde la Suissesse Corinne Suter, l'Autrichienne Stephanie Venier complétant le podium.
Voir une skieuse tchèque monter sur la plus haute marche du podium avec à ses pieds les représentantes de deux nations traditionnellement fortes des sports alpins, constitue une performance pour le moins inhabituelle qui a naturellement fait les titres des journaux tchèques ce week-end et ce lundi encore. « Jiná Ester » - « Une autre Ester », titrait ainsi par exemple Mladá fronta Dnes. Le grand quotidien national souligne qu’après ce week-end canadien qui l’a donc d’abord vue être la plus rapide vendredi avant de terminer à la quatrième place de la deuxième descente disputée samedi, on peut désormais « attendre de grandes choses » de Ledecká. Moins choquée, elle, par sa propre performance qu’elle n’était apparue en février 2018 en Corée du Sud à l’arrivée du super-G olympique, la principale intéressée, qui avait signé les huitième et cinquième meilleurs temps lors des entraînements précédant la course, a d’abord mis en avant le travail accompli ces derniers mois :« Je suis très heureuse d’avoir reproduit en course ce que j’avais réussi aux entraînements. J’ai même éliminé les quelques erreurs que je faisais, même si je sais que je peux faire encore mieux. Ce qui est bien aussi, c’est qu’il me reste encore une grande marge de progression. C’est bien sûr une sensation incroyable, surtout en portant le dossard rouge de leader de la Coupe du monde. Je ferai mon maximum lors des prochaines courses pour le conserver le plus longtemps possible et réaliser de nouvelles bonnes performances. »
Plus un hasard désormais
Pour Ledecká, qui possède déjà deux titres de championne du monde et quatre globes de cristal récompensant le vainqueur du classement général des épreuves parallèles (slalom géant et slalom) en Coupe du monde de snowboard, cette victoire à Lake Louise est aussi la première de sa carrière en Coupe du monde de ski alpin. Et à en croire son entraîneur, l’ancien skieur Tomáš Bank, même si sa protégée ne figurait pas parmi les principales favorites au Canada en ouverture de la saison, il ne s’agit plus tout à fait d’une surprise non plus :« Les Jeux olympiques ont bien sûr été un choc absolu, mais nous savons qu’Ester est une bonne skieuse et qu’elle possède les qualités pour gagner des courses. Aujourd’hui, nous sommes d’abord contents qu’après une saison dernière loin d’être excellente, elle confirme que son titre olympique n’était pas un accident. »
Sur un parcours raccourci en raison des chutes de neige et sur une piste qui lui réussit généralement bien (7e de la descente en 2018), Ester Ledecká a su profiter de son statut d’outsider qui avait tout à gagner pour tirer son épingle du jeu. Tomáš Bank a d’ailleurs reconnu qu’elle avait profité de conditions favorables :
« La course s’est finalement bien passée, car il a toujours neigé avec la même intensité. Seules les quatre concurrentes qui sont passées après Ester ont eu un peu de brouillard. La course s’est donc déroulée dans des conditions équitables, sans vent, ce qui rehausse encore la performance d’Ester. Nous nous sommes entraînés ici au Canada et on avait bien vu qu’elle était rapide avec de bonnes sensations sur les skis. Honnêtement, on pensait qu’elle avait les moyens et la forme pour finir dans le Top 10, mais de là à espérer qu’elle puisse gagner, non, ce n’était pas dans nos esprits. Pour gagner, il faut toujours que toutes les conditions soient réunies et que toutes les planètes soient alignées. »
Après Olga Charvátová dans deux épreuves de combiné et de slalom dans les années 1980, puis Šarka Strachová (anciennement Záhrobská) en slalom dans les années 2000, Ester Ledecká est donc devenue la troisième skieuse tchèque de l’histoire à remporter une épreuve de Coupe du monde. Et son entraîneur espère bien qu’elle sera en mesure de poursuivre sur sa lancée :
« Je ne pense pas qu’Ester soit là pour gagner chaque course, nous avons encore beaucoup de travail devant nous et il faut garder les pieds sur terre. Mais cela peut lui arriver de faire un coup d’éclat comme aujourd’hui ou comme aux Jeux. Je pense quand même qu’elle a le potentiel pour figurer régulièrement dans le Top 10, surtout en descente. »
Sportive désormais parmi les plus populaires en République tchèque, Ester Ledecká a confirmé ses bonnes dispositions dès samedi en terminant quatrième de la seconde descente, remportée cette fois par l’Autrichienne Nicole Schmidhofer. Et s’il ne lui a manqué que deux malheureux centièmes de seconde pour grimper une nouvelle fois sur le podium, la Tchèque n’en venait pas moins de réaliser les deux meilleures performances de sa carrière en Coupe du monde de ski alpin. La voilà du coup leader du classement général de la descente, et elle pouvait difficilement rêver mieux pour lancer cette nouvelle saison prometteuse.