Škoda, des voitures héritage du riche passé industriel tchèque

« Škoda, simplement évident » a longtemps été le slogan du constructeur automobile dont l’essentiel des usines restent installées en Tchéquie. Comme une évidence, partout dans le monde, on roule aujourd’hui dans des voitures Škoda. Partenaire officiel du Tour de France cycliste ou du championnat du monde de hockey sur glace, la marque d’origine tchèque, devenue filiale du groupe Volkswagen après la révolution, reste un symbole du savoir-faire industriel tchèque.

Si, depuis près de vingt ans, Škoda est l’un des partenaires majeurs et le fournisseur de la voiture officielle du Tour de France, ce n’est pas seulement parce que la marque, encore relativement méconnue en Europe de l’Ouest au début des années 2000, souhaitait augmenter ses exportations. C’est aussi parce que l’histoire de Škoda a débuté non pas sur quatre, mais bien sur deux roues, comme nous le rappelle Ivana, guide au musée Škoda Auto :

Photo: Archives de Škoda Auto

« L’histoire de la société commence en 1895 avec la décision de Václav Laurin et de Václav Klement d’ouvrir un atelier de production de vélos. Laurin & Klement a été le premier nom de la société, ce n’est qu’en 1925 que c’est devenu Škoda. On a lancé la production du vélo Slavia qui a très vite été un grand succès. Grâce à ce succès, il y a eu assez d’argent pour investir dans la production de motocycles, qui représentaient l’avenir. A l’époque, des tricycles à moteur étaient déjà exportées en Chine, en Inde en version vélo taxi ou encore au Mexique pour la poste. La réputation était déjà très bonne et c’est pourquoi on a pu investir encore plus, et cette fois dans la production de voitures. On est alors en 1905, dix ans après la création de la société. »

Situé à Mladá Boleslav, à 80 kilomètres au nord-est de Prague, au même endroit où reste basé l’essentiel de l’activité de la société, le musée Škoda, entièrement rénové il y a dix ans, raconte cette histoire longue aujourd’hui de près de 130 ans.

Longtemps sujet de plaisanteries sous le régime communiste, la marque Škoda amuse encore parfois les étrangers un tant soit peu tchécophones, parce que le mot tchèque « škoda » signifie « dommage, dégât » ou encore « préjudice ». Forcément embêtant pour des voitures dont on entend vanter la fiabilité… Mais son rachat par le groupe allemand Volkswagen dès 1991 a progressivement fait oublier tout mauvais jeu de mots au sujet des véhicules de construction tchèque, comme le souligne Michal Velebný, responsable de l’atelier de restauration du musée :

« Volkswagen et Renault avaient été présélectionnées dans l’appel d’offres final et Volkswagen a finalement gagné grâce à sa capacité à voir le potentiel et les perspectives de développement de Škoda. La société pouvait se targuer d’un haut niveau de construction et de développement, et parmi les pays de l’ancien bloc de l’Est nous étions pratiquement les seuls en mesure de développer une voiture moderne. La fusion s’est donc faite en raison de ces différents éléments. »

Emil Škoda | Photo: public domain

En réalité, et peu de Tchèques le savent, Škoda est le nom d’un ancien grand entrepreneur de la fin du XIXe siècle, très probablement même, aux cotés par exemple du fabricant de chaussures Tomáš Baťa, un des plus grands hommes d’affaires de l’histoire tchèque : Emil Ritter von Škoda.

Ingénieur de formation, c’est lui qui, en 1869 à Plzeň, en Bohême de l’Ouest, rachète une petite société d’armement et de constructions mécaniques qui comptait alors 33 employés. Une société à laquelle il donne son nom et, surtout, qu’il développe jusqu’à en faire la plus grande entreprise multisectorielle en Autriche-Hongrie et dans la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres, et même un des plus grands conglomérats industriels dans l’Europe du XXe siècle. C’est ainsi qu’en 1925, vingt ans après la production de la première voiturette, Laurin & Klement et Škoda fusionnent.

Škoda Popular,  1934 | Photo: Archives de Škoda Auto

Si, depuis, les usines Škoda ont été divisées, souvent avec le même succès, en diverses sociétés en fonction de leurs activités, le savoir-faire du constructeur automobile, même sous pavillon allemand depuis désormais plus de trente ans, n’en reste pas moins l’héritage de  ce riche passé industriel tchèque.

Škoda Enyaq,  Tour de France | Photo: Škoda Auto

Malgré le Covid, la guerre en Ukraine, l’arrêt de ses activités en Russie, la pénurie de puces électroniques, la concurrence dans le monde ou encore les diverses craintes liées aux énergies et à l’inflation, Škoda Auto, qui au fil des années est devenu la marque la plus rentable du groupe Volkswagen et se tourne désormais vers l’électrique, reste ainsi tout à la fois le principal constructeur automobile en Tchéquie, le plus grand employeur (35 000 salariés) et un des moteurs, au propre comme au figuré, de l’industrie et de l’économie du pays.

Škoda Kodiaq | Photo: Škoda Auto
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