« Sons, codes, images » : Une exposition pour explorer le son à l’œil nu

Alois Bílek, 1913, photo: GHMP

Comment représenter le son et le rendre visible ? C’est à ce paradoxe que s’attaque l’exposition Zvuky/Kódy/Obrazy (Sons/Codes/Images), à la Maison de la cloche de pierre, sur la place de la Vieille-Ville. Radio Prague a visité l’exposition avec sa commissaire, Jitka Hlaváčková. Une ballade sonore des plus déroutantes.

L’histoire de cette exposition commence il y a quinze ans, au Centre Pompidou. Jitka Hlaváčková y visite l’exposition Sons et Lumières, revenant sur les interactions entre le visuel et le sonore. Le point de rencontre entre ces domaines porte un nom, la synesthésie, concept cher à Baudelaire qui, dans son poème Correspondances écrivait :« Les images, les parfums et les sons se répondent ».

Cela fait donc quinze ans que cette exposition tourne dans la tête de Jitka Hlaváčková qui, en République tchèque, est l’une des premières à se saisir de la question de ce dialogue entre le son et l’image, depuis le début de l’art abstrait jusqu’à nos jours. Cela donne une exposition assez longue, exigeante, mais aussi très interactive.

En effet, de nombreux dispositifs sont mis en place pour que le public puisse lui aussi faire l’expérience la plus concrète possible du son. Par exemple, une fois arrivé au deuxième étage, comment résister au plaisir de faire rouler une bille dans un tuyau qui la mènera au rez-de-chaussée ?

Milan Knížák,  photo: GHMP
Plus enfantin encore, cette salle isolée où le visiteur est invité à dessiner sur une feuille de papier posée sur un bureau, un bureau qui réagit aux coups de crayon et les interprète en sons… Percussions, cordes frottées, systèmes très complexes d’amplification du son, tout est fait pour rendre le son le plus concret possible, au mépris parfois de toute musicalité.

Bon, mais qu’en est-il des images ? La commissaire de l’exposition a sélectionné des œuvres de peintres tchèques qui, pour certains, sont plutôt connus du grand public. František Kupka, par exemple, pionnier d’une approche scientifique de l’art. La Tchéquie et ses artistes sont à l’honneur dans cette exposition, et il est intéressant de noter que nombre d’entre eux sont passés par la France. Arne Hošek fut ainsi membre des Artistes Musicalistes en 1932, ce groupe composant ses tableaux comme une partition musicale, et agençant ses couleurs et sa matière visuelle comme un musicien traiterait ses notes et sa matière sonore.

Arne Hošek,  photo: GHMP
La dernière salle nous projette directement dans des préoccupations actuelles en nous présentant le concept d’écologie acoustique. Plus politique, cette nouvelle tendance artistique consiste à donner à entendre des écosystèmes en voie de transformation. L’impact de l’homme sur son environnement est aussi quelque chose qui s’écoute. L’écologie acoustique est aussi à la pointe de la technologie. Ainsi, au fond de la salle, un large dispositif amplifie les signaux électriques qu’il capte dans la Maison de la cloche de pierre.

Un morceau de piano qui semble s’affoler clôt l’exposition. Il joue automatiquement une très longue partition affichée sur le mur de la cour intérieure de la galerie. Mais en fait de partition, il s’agit d’un relevé de températures réalisé de 1572 à 1992 au Clementinum, au centre de Prague. Une œuvre que son auteur, Milan Gustar, a malicieusement nommée les 420x4 saisons.

L’exposition Sons/Codes/Images est donc à visiter à la Maison de la cloche de pierre, sur la place de la Vieille-Ville, jusqu’au 13 octobre prochain.

Alois Bílek,  1913,  photo: GHMP