Sur les traces des femmes tchèques mariées en Syrie

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Ils étaient des milliers, les jeunes ressortissants d'Afrique et d'Asie, moins d'Amérique Latine à avoir étudié, sous le communisme, en Tchécoslovaquie. C'est à cette époque-là que remonte la « vague » la plus importante de mariages mixtes qui ont conduit des centaines de jeunes filles Tchèques vers des pays lointains. Dans notre programme d'aujourd'hui, nous suivrons les traces de trois d'entre elles qui se sont fixées en Syrie.

Quelques deux cents, voire trois cents femmes tchèques vivent à présent en Syrie. A Damas, mais aussi dans d'autres grandes villes - Allep, Homs ou Lattakie. Jaromir Marek de la rédaction tchèque des émissions internationales a pu récemment rencontrer, lors d'un séjour dans la capitale syrienne, trois d'entre elles. Dagmar Kolarova-Dardar vit à Damas depuis 42 ans.

« Après avoir épousé un Syrien, je suis venue ici en 1964. J'ai été l'une des premières Tchèques ici. A cette époque-là, je n'y avais pas de copines. Ce n'est que plus tard que j'ai pu faire connaissance d'autres compatriotes et les rencontrer. Mais ce n'était pas grave, car j'avais peu de temps. M'occuper de ma famille, de mes enfants, était ma principale tâche ».

Madame Dagmar trouve la vie à Damas très agréable... C'est ce que pense aussi Jana Stoulilova-Hilvani qui est venue en Syrie plus tard. Elle a épousé l'un des très nombreux Syriens qui faisaient leurs études en Tchécoslovaquie, un pays « normalisé », dans les années soixante-dix et quatre-vingts. Elle se souvient.

« L'accueil que l'on m'a réservé a été chaleureux. Contrairement à ce que l'on pense, ce n'était pas du tout difficile. La famille de mon mari n'est pas très grande. Je n'avais plus de beau grand-père ni de belle grand-mère qui, parfois, ont tendance dans les familles à compliquer un peu la vie d'un jeune couple. Ce qui me fait plaisir, c'est que tous mes enfants parlent tchèque. Je peux dire que nous sommes une famille tchèque et que dans notre maison, nous avons des coutumes et un milieu tchèque... Non, vraiment, je n'ai pas connu de problème d'assimilation, car toujours, mon mari se mettait de mon côté et me soutenait ».

Katerina Lesinova Barakat est venue en Syrie il y a un an et demi, pour suivre son mari qu'elle venait d'épouser dans son pays d'origine, la Tchécoslovaquie. Elle n'avait pas elle non plus beaucoup de difficultés à s'adapter à la vie dans ce pays.

« J'apprécie la gentillesse des gens et la solidité des relations familiales qui existent ici. Mais il y a aussi des choses à déplorer. Ma famille par exemple est très conservatrice. La situation de mes belles-soeurs est très différente de la mienne. En tant qu'étrangère, je suis heureusement libre de sortir pratiquement quand je veux. Mon mari me permet de sortir. Tout ce qu'il veut savoir c'est où je vais et où je suis. Sa seule crainte est de me voir perdue quelque part dans les rues de Damas ».

Katerina est la seule des trois femmes à ne pas s'habiller « à l'européenne », mais à porter des habits de musulmane. Elle est aussi la seule à s'être convertie à l'islam. Elle explique :

« L'idée m'est venue déjà en Tchéquie, il y a deux ans. J'ai puisé mon inspiration dans des livres. Puis, j'ai visité une mosquée et voilà, ma décision a été prise. Force m'est de constater que c'est mon propre choix que personne ne me contraignait à le faire ».

Aujourd'hui, les trois femmes que nous vous avons présentées, se donnent régulièrement rendez-vous, parfois même plusieurs fois par mois, pour bavarder et parfois pour s'épauler.

Jaromir Marek s'est rendu en Syrie pour la deuxième fois déjà. Son intérêt est motivé en partie par le fait qu'il connaissait beaucoup de Syriens qui avaient étudié à Brno, ville qu'il habitait et qu'ils étaient souvent ses copains. A l'époque, rappelle-t-il, c'étaient les rares étrangers que l'on pouvait voir dans le pays. Rentré en Tchéquie, il a pu constater :

Damas
« Ce qui m'a surpris une nouvelle fois, c'est que la plupart des femmes tchèques qui ont épousé des Syriens s'intéressent toujours à ce qui se passe dans leur pays d'origine, tentent de lire des journaux, d'écouter la radio. Pourtant, politiquement et géographiquement parlant, la Syrie est un pays tellement différent... Elles parlent toutes très bien le tchèque. Leurs enfants d'ailleurs aussi. Certains arrivent à faire valoir leurs connaissances, en travaillant par exemple dans une agence de voyage spécialisé dans les séjours en Tchéquie, d'autres encore aimeraient venir en Tchéquie pour y étudier ou travailler... je trouve un peu dommage que l'on connaîsse si peu la Syrie, chez nous, et qu'elle figure dorénavant en quelque sorte sur l'index, suite à l'invention de cet « l'axe du mal ». C'est un pays très intéressant, avec une histoire à couper le souffle, avec des monuments ravissants... Quand on me dit Syrie, je suis toujours prêt à y aller ».