« Surrealism is not dead ! »

0:00
/
0:00

L’exposition intitulée « Jiný vzduch », soit « Un autre air », consacrée aux activités du groupe surréaliste tchécoslovaque entre 1990 et 2011, se tient jusqu’au 4 avril prochain à la galerie de l’ancien Hôtel de Ville de Prague. Cet événement permet au grand public de redécouvrir un courant artistique déjà ancien, mais cependant encore bien vivace.

André Breton
Le mouvement surréaliste est né en France pendant la période de l’entre-deux-guerres. Influencé par des poètes tels que Rimbaud et Lautréamont et par le mouvement Dada des années 1910, le surréalisme voit officiellement le jour en 1924 avec la première publication du « Manifeste du surréalisme », écrit par André Breton. Breton devient la tête de file de ce nouveau courant artistique, il est rejoint par des jeunes artistes tels que Paul Eluard ou encore Salvador Dalí. Pour André Breton, « le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. » Son but est l’exploration du « fonctionnement réel de la pensée », et il compte sur ce moyen pour changer la société, c’est ainsi que dans les années 1920 le mouvement se rapprochera du marxisme révolutionnaire avant de s’en détourner par dégoût de l’autoritarisme communiste.

Mouvement international, le surréalisme trouve très tôt un fort écho en Tchécoslovaquie et s’y implante rapidement. Prenant la relève du groupe d’avant-garde pragois « Devětsil », qui avait été fondé entre autres par Jaroslav Seifert et Karel Teige, le groupe surréaliste tchécoslovaque voit le jour en 1934. Bertrand Schmitt, artiste surréaliste français vivant à Prague, dont certaines œuvres sont exposées dans le cadre de cette exposition, nous rappelle l’historique du groupe et sa relation avec le mouvement en France :

« En 1934, le poète Vítězslav Nezval, les peintres Toyen, Štýrský, le psychanalyste Brouk et d’autres, ont décidé de fonder le groupe surréaliste tchécoslovaque. Tout de suite ils ont eu des contacts, puis les ont maintenus et intensifiés, avec les Français. En 1935, André Breton et Paul Eluard sont venus à Prague et il y a eu une rencontre internationale. Les contacts, y compris pendant la période communiste, entre les surréalistes tchécoslovaques et les surréalistes français, se sont maintenus et ont continué. Bien entendu, après la révolution de velours en 1989, ces liens et ces contacts ont repris de façon intensive : en 1990 a été organisée à Paris une exposition sur la revue des surréalistes tchèques qui s’appelle Analogon. C’est lors de cette exposition que la plupart des jeunes membres du groupe surréaliste tchécoslovaque ont rencontré les jeunes membres du mouvement surréaliste français. Les contacts ont repris et ont continué. »

Le groupe surréaliste tchécoslovaque a réussi, malgré les vicissitudes de l’histoire tchèque, à survivre. Il est de nouveau très vivace et sa composition se renouvelle. Le groupe s’exprime par l’intermédiaire de sa revue, Analogon. L’exposition « Un autre air » se veut donc une rétrospective du travail de ce groupe durant les vingt dernières années, mais aussi une présentation du travail des artistes surréalistes à l’échelle européenne. De quoi découvrir que le surréalisme n’a pas disparu et poursuit toujours son but : changer la vie, comme nous l’affirme Thomas Mordant, artiste français dont quelques œuvres sont visibles dans cette exposition :

« En très grande partie, ce qui m’a fait rentrer dans le mouvement surréaliste, c’est le développement à partir d’un jeu d’écriture automatique collective d’un projet de ‘civilisation surréaliste’ qui a été fait en commun entre le groupe de Prague et le groupe de Paris et qui s’appelle ‘La civilisation surréaliste’. Nous voulons remplacer le travail par le jeu, l’inégalité par l’égalité. Mais mon objectif n’est pas un objectif politique, c’est-à-dire que l’égalité et une certaine liberté me semblent absolument minimales, ce que nous cherchons c’est une autre vie. »

Pour plus de renseignements sur l’exposition et sur les activités proposées dans le cadre de celle-ci, consultez le site web de la revue Analogon : www.analogon.cz. Nous reviendrons sur l’exposition « Un autre air » ce samedi, dans Culture sans frontières.