Témoignage de ravisseurs angolais sur l'enlèvement des Tchécoslovaques en1983
Les circonstances de l'enlèvement de 66 citoyens tchécoslovaques, en 1983, en Angola, en arrivent, plus de 20 ans après, à un dénouement surprenant. Pour la première fois, les victimes apprennent qu'elles n'étaient pas la cible visée par l'acte des ravisseurs de l'Unita, comme elles le pensaient jusqu'à présent.
Le 12 mars 1983, les rebelles du mouvement Unita ont enlevé, dans la ville angolaise d'Alto Catumbela, 66 membres des familles d'experts tchécoslovaques, venus travailler sur invitation du gouvernement angolais marxiste dans une usine de fabrication de papier. Après des mois de captivité, les otages étaient contraints de se déplacer vers une base dans le sud de l'Angola. Pour 21 enfants, 17 femmes et 28 hommes, une marche épuisante longue de 1500 kilomètres à travers le pays a commencé. Entre-temps, des négociations secrètes ont été entamées entre Prague et la direction de l'Unita. Les Tchécoslovaques détenus ont été libérés en plusieurs étapes. L'Unita a fini par imposer sa revendication qu'un représentant officiel, qui était le vice-ministre des Affaires étrangères de l'époque, Stanislav Svoboda, vienne chercher les vingt derniers hommes détenus pour confirmer de fait, le mouvement d'opposition Unita.
Jusqu'à présent, les Tchèques enlevés étaient convaincus que l'action des insurgés de l'Unita était orientée directement contre eux. Ce lundi, ils ont appris la vérité, dans un reportage de la TV publique tchèque. D'anciens ravisseurs, aujourd'hui des politiciens angolais haut placés, ont, pour la première fois, témoigné. Selon l'un d'entre eux, Mario Vasco Vatuva, la ville d'Alto Catumbela, la cible de l'attaque, avait une importance stratégique. « Nous avons voulu intervenir contre les Cubains qui soutenaient les unités gouvernementales, nous ne savions pas qu'il y avait des Tchécoslovaques, ce n'étaient pas nos ennemis », affirme Vatuva.
Les révélations sur les circonstances de l'enlèvement sont perçues comme frustrantes et décevantes par ses anciennes victimes. Le technicien de Brno, Lubomir Sazecek, qui a toujours en vive mémoire les conditions atroces de leur marche de 3 mois à travers l'Angola refuse de croire au témoignage rendu par les anciens membres de l'Unita. C'est d'autant plus frustrant, dit-il, que l'un des Tchèques, Jaro Navratil, est mort après 38 jours de cette marche terrible.