Témoignage d'une femme médecin tchèque, après une année avec MSF au Rwanda

Photo: Rosa Crestani/MSF

« Médecins Sans Frontières » a ouvert, mercredi, son bureau à Prague, le premier en Europe de l'Est. Son objectif est de recruter de nouveaux volontaires prêts à partir dans l'un des 70 pays du monde auxquels MSF apporte une aide médicale. Romana Kumsterova, femme médecin tchèque est l'une de la trentaine de médecins de notre pays qui ont déjà relevé le défi. Quels étaient les motifs de sa décision d'aller travailler pendant presque une année au Rwanda, qui souffre encore des séquelles du génocide de 1994 ?

« J'ai travaillé dans un hôpital régional et après dix ans, pour moi, c'est devenu un peu la routine. Comme j'ai des amis en France, j'ai commencé à apprendre le français à l'Institut français de Prague. J'ai reçu une bourse et j'ai passé un mois à l'hôpital Pitié Salpêtrière à Paris, au service de médecine tropicale parce que c'est ma spécialisation, la médecine tropicale et infectieuse. Et c'est à Paris qu'un médecin français m'a recommandé de contacter MSF. Je suis partie pour le Rwanda, il y a onze mois. Au début, c'était difficile, parce que j'ai commencé à apprendre le français quatre ans seulement avant mon départ, mais comme j'ai habité avec une collègue française, petit à petit, mes connaissances du français se sont améliorées. »

Le travail devait être dangereux, intéressant et enrichissant ?

« Oui, c'était le Rwanda. Avant de partir, j'ai entendu parler du génocide, j'ai vu le film L'hôtel Rwanda, c'était ma première rencontre avec ce pays et après ce film, je me suis dit, mais ce n'est pas possible... Maintenant, presque quatorze ans après le génocide, la situation est différente, c'est calme, mais bien sûr, après tant d'années, les gens sont refermées sur eux, ils ne communiquent pas, réfléchissent toujours sur ce qui s'était passé : ce n'est plus dangereux, vous pouvez vivre sans problèmes, mais pour la population rwandaise, vous voyez que, mentalement, psychologiquement, ce n'est pas normal. »

Vous étiez dans un hôpital ?

« J'ai travaillé au nord du Rwanda, à la campagne, j'ai habité en ville, mais le centre de santé où j'ai travaillé se trouvait tout au nord du Rwanda, près de la frontière avec l'Ouganda et le Congo. Il y avait six MSF, chacun s'occupait d'un centre de santé composé d'une partie ambulatoire, d'une partie hospitalière, d'une petite maternité et d'un laboratoire.

Il y a le manque d'eau potable, un grand problème ce sont les toilettes, la propreté, c'est pour cela qu'il y a beaucoup de maladies : diarrhée, paludisme, infections des voies respiratoires. Les gens sont vraiment pauvres, ils n'ont pas de chaussures, sont insuffisamment habillés : le changement des périodes de pluies et de sécheresse est un moment critique pour l'apparition des maladies. »

Cela vous a beaucoup influencé, voudriez vous repartir avec MSF?

« Je ne sais pas, je suis retournée il y a un mois et le 1er février je commence à travailler dans un service médial. Je suis sûr que je veux rester pendant un certain temps dans le pays et après, je verrai... En tous cas, c'était une bonne expérience, je ne regrette pas. »