Tennis : faute de Coupe Davis, la Fed Cup est de nouveau tchèque
Troisième titre en quatre ans et huitième succès en neuf finales : en battant l’Allemagne (3 points à 1) samedi et dimanche à Prague, l’équipe féminine de République tchèque de tennis a remporté une nouvelle Fed Cup. Emmenées par une Petra Kvitová au mieux de sa forme et une Lucie Šafářová qui a confirmé qu’elle venait de réaliser la meilleure saison de sa carrière, les Tchèques n’ont guère laissé planer le suspense lors d’une finale qui s’annonçait initialement plus indécise. Mais n’avoir fait qu’une bouchée, ou presque, de l’Allemagne d’Angelique Kerber et Andrea Petkovic, respectivement 10e et 14e meilleures joueuses mondiales actuelles, n’enlève certainement rien à leur mérite et n’a gâché en rien la joie de joueuses et d’un public tchèques ravis de reconquérir une coupe qu’ils ont fait un peu leur.
En 1975, Martina Navrátilová, qui vivait encore dans son pays d’origine, avait offert, aux côtés de Renáta Tomanová, la première Fed Cup, qui s’appelait alors encore Coupe de la Fédération, à la Tchécoslovaquie. Trente-neuf ans plus tard, celle qui est devenue entretemps une des plus grandes joueuses de tennis de l’histoire, était présente à Prague pour assister à la victoire, la huitième tchèque de l’histoire (Tchécoslovaquie comprise), des gauchères Petra Kvitová et Lucie Šafářová.
Une victoire qui a été assurée dès le troisième simple avec un seul set concédé lors de ses trois premiers matchs. On pourrait penser que le succès tchèque a été une formalité, tant la domination de Petra Kvitová et Lucie Šafářová, au vu des scores et devant un nombreux public totalement acquis à leur cause, a été évidente. A l’exception du duel fantastique et décisif entre Petra Kvitová et Angelique Kerber dimanche, long de près de trois heures (7-6, 4-6, 6-4), cette finale entre la République tchèque et l’Allemagne n’a pas proposé le drame et les émotions auxquels on pouvait s’attendre. Cela ne doit rien enlever au mérite de Tchèques qui ont battu une équipe d’Allemagne dont les deux joueuses alignées en simple ce week-end à Prague figurent dans le Top 15 mondial. En neuf finales disputées depuis la première donc en 1975, les Tchèques ont donc remporté leur huitième. Un bilan flatteur dont peu d’autres pays dans le monde peuvent se targuer, mais dans lequel Helena Suková, elle aussi vainqueur de quatre Fed Cups dans sa carrière avec la Tchécoslovaquie, ne voit rien de particulièrement extraordinaire :« C’est effectivement une belle statistique, mais je pense que l’explication n’est pas très difficile à trouver : simplement notre équipe a toujours été meilleure que celles de nos adversaires. »
L’adage selon lequel, en sport, ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne, ne s’appliquerait donc pas au tennis féminin tchèque. Du moins pas lorsqu’il en va de la Fed Cup, une compétition qui tient à cœur des Tchèques, comme le démontre l’investissement irréprochable depuis plusieurs saisons d’une Petra Kvitová qui pourrait pourtant choisir de donner priorité à ses intérêts personnels. Déjà présent à la tête de l’équipe titrée en Russie en 2011 puis contre la Serbie à Prague en 2012, le capitaine Petr Pála est sans doute le mieux placé pour expliquer les raisons de ces succès à répétition. Mais pas plus pour lui que pour Martina Navrátilová et Helena Suková, il n’est pas nécessaire de chercher midi à quatorze heures :« Je suis content que le bilan soit tel qu’il est. Mais nous sommes un pays de tennis et avons toujours eu de très bonnes joueuses. Elles sont plusieurs à évoluer à un très bon niveau mondial depuis plusieurs saisons, et cela facilite bien entendu nos succès. »Vainqueur de Wimbledon pour la deuxième fois de sa carrière l’été dernier et actuelle quatrième meilleure joueuse mondiale, Petra Kvitová, leader sans se forcer de son équipe, est la première concernée par les propos de son capitaine. Mais pour l’héroïne du week-end, il existe encore une autre explication possible à cette troisième victoire en quatre ans de la République tchèque :
« Je pense que cela vaut le coup de jouer cette coupe à fond. Dans ce sport, c’est la seule compétition par équipes et elle procure des émotions, comme lors de cette finale, que vous ne pouvez vivre nulle part ailleurs dans la saison. Avec toutes les joueuses, nous formons un très bon groupe. Nous nous entendons parfaitement en dehors du court, la Fed Cup nous tient toutes à cœur et c’est vraiment important que cela se passe aussi bien. »Si tous ces arguments se complètent, c’est peut-être cependant la capitaine allemande Barbara Rittner qui résumait le mieux la finale et la supériorité tchèque durant ces deux jours de finale : « Vous pouvez le sentir qu’elles forment véritablement une équipe. Elles ont aussi Petra Kvitová qui joue à chaque fois très bien. Et puis toutes les conditions étaient en faveur des Tchèques ce week-end. Elles avaient leur public derrière elles et elles avaient choisi une surface de jeu très rapide sur laquelle elles ont joué un excellent tennis. »
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aciles vainqueurs des deux premiers simples respectivement contre Andrea Petkovic (6-2, 6-4) et Angelique Kerber (6-4, 6-4), Petra Kvitová et Lucie Šafářová ont effectivement été à la hauteur de l’événement. Dès samedi soir, les Tchèques menaient 2 à 0 et il ne leur manquait alors plus qu’un petit point pour achever le travail.Si Lucie Šafářová avait eu droit à tous les honneurs lors de la précédente finale victorieuse contre la Serbie en 2012 disputée déjà devant les 13 000 spectateurs de l’O2 Arena en s’imposant contre Ana Ivanocic puis Jelena Jankovic dans le match décisif, cette fois c’est la photo Petra Kvitová qui, lundi matin, figurait en une des pages sportives des journaux tchèques. Au terme d’une bien belle bagarre contre Angelique Kerber, la Tchèque a offert le point décisif à son pays, remportant par la même occasion le dix-huitième de ses vingt derniers matchs disputés en Fed Cup. Une statistique de plus qui en dit long sur sa volonté de bien faire :
« Je ne dirais pas que cette victoire a plus de valeur que les autres parce que c’est moi qui ai remporté le point décisif. Un titre est un titre et se gagne en équipe. Le plus important est d’avoir trois points à l’issue de la finale et peu importe qui les remporte. C’est un peu chacun notre tour. La dernière fois, c’était Lucie, cette fois, c’est moi. Bien sûr que je suis contente, mais si je le suis, c’est aussi parce que je suis entrée sur le court avec la volonté de tout donner. Et c’est ce qui s’est passé. »Autre différence pour les Tchèques avec 2012 : si les filles ont bien gagné la Fed Cup comme il y a deux ans à Prague, les garçons, eux, ne les imiteront pas en remportant la Coupe Davis. C’est la France à Lille, et pas la République tchèque à Prague, qui aura la chance d’accueillir la Suisse de Roger Federer fin novembre.