Tennis : la participation des joueurs russes et biélorusses interdite en Tchéquie, sauf exceptions
Deux tournois de tennis organisés cette semaine en Tchéquie ont fait l’objet de beaucoup d’attention, à cause de l’interdiction – ou non – de la participation de joueurs russes et biélorusses.
Près d’un an et demi après le début de l’invasion russe, le débat sur les compétitions sportives avec ou sans Russes et Biélorusses n’est pas nouveau mais il est encore d’actualité en Europe centrale. La joueuse de tennis russe Vera Zvonareva a été interdite d’entrer sur le territoire polonais alors qu’elle venait participer au tournoi de Varsovie la semaine dernière.
En Tchéquie, avant le début de l’Open de Prague qui se déroule en ce moment, la police tchèque a effectué un contrôle sur une personne de nationalité russe à l'aéroport de la capitale tchèque et lui a délivré un ordre de quitter le territoire.
« Il s'agissait de la première participante au tournoi à arriver en République tchèque avec un passeport russe. Nous avons immédiatement informé toutes les autres participantes au tournoi ayant la citoyenneté russe ou biélorusse de la situation par l'intermédiaire de la WTA et il leur a été demandé de ne pas se rendre au tournoi. La direction du tournoi respecte pleinement la procédure actuelle des autorités de l'État », a déclaré Miroslav Malý, le directeur de l’Open de Prague.
La décision tchèque critiquée par la WTA
Plusieurs joueuses russes et biélorusses devaient à l’origine participer à ce tournoi tchèque. Anastasia Pavlyuchenkova a fait savoir sur les réseaux sociaux qu’elle avait dû y renoncer.
Dans la foulée, la WTA, la fédération internationale de tennis féminin, a publié vendredi un communiqué pour dénoncer la décision prise à Prague :
« Les joueuses de la WTA dont la nationalité est russe/biélorusse continuent de concourir sur le Tour sur une base neutre. Malgré leur neutralité, certaines joueuses de la WTA se voient refuser par les autorités gouvernementales tchèques la possibilité de participer à l'événement WTA 250 qui se tiendra à Prague la semaine prochaine.
Les règles de la WTA stipulent que toutes les joueuses doivent être autorisées à concourir uniquement sur la base du mérite, sans discrimination. Nous continuerons d'examiner la situation en tenant compte d'importantes considérations entourant ces questions géopolitiques complexes ».
Ce communiqué dénonce donc la position du gouvernement tchèque, qui a décidé fin juin d’interdire toute participation de sportif russe ou biélorusse à des compétitions en Tchéquie.
Mais ce règlement n’est pas si simple, même si l’Agence nationale du sport a tenté de clarifier les choses.
Deux joueurs russes au tournoi de Liberec
Preuve en est avec, du côté du circuit masculin, le tournoi ATP Challenger qui se déroule en ce moment à Liberec : deux joueurs russes ont finalement pu y participer.
Le directeur du tournoi a déclaré à iDNES.cz que les informations disponibles plaidaient en faveur des deux joueurs. « L'un (Denis Klok) est né en Crimée et a été ukrainien jusqu'en 2014. Il est ici avec une délégation locale. Il n'a reçu un passeport russe qu'en raison de l'annexion de la Crimée (par la Russie). L'autre joueur (Kirill Kivattsev) vit en Italie depuis huit ans et a demandé la nationalité italienne », a déclaré Tomáš Trsek.
Pour le président de la fédération tchèque de tennis, c’est à la police de faire appliquer la récente décision du gouvernement, pas aux organisateurs de compétitions. Que se passe-t-il si un joueur ou une joueuse russe ou biélorusse est inscrit(e) à un tournoi ? Réponse d’Ivo Kaderka :
« La fédération internationale (WTA ou ATP) vous envoie une liste de départ, sur laquelle figure son nom. Si son visa est en règle et que la police nationale des étrangers ne trouve rien qui soit en violation de la loi et de la résolution du gouvernement, alors bien sûr - cela s'est appliqué par exemple à Denis Klok, qui a un passeport russe aujourd'hui - la police des étrangers a décidé qu'il ne s'était rien passé et qu'il pouvait jouer. »
« Circonstances difficiles »
Le problème est épineux et la nouvelle réglementation gouvernementale sujette à différentes interprétations, ce que regrette Dominik Hašek, l’un des plus fervents partisans de l’interdiction de compétition aux sportifs russes et biélorusses. L’ancien gardien de hockey sur glace demande à ce que le texte du gouvernement soit corrigé « de manière à ce que la règle soit claire et que le public puisse comprendre quelle était la différence entre la joueuse russe interdite de territoire et les deux joueurs autorisés à jouer à Liberec ».
En Pologne non plus la règle n’est pas très claire, car tandis que Zvonareva était refoulée à l’aéroport, d’autres joueuses russes et biélorusses ont pu participer au tournoi de Varsovie.
A Washington, où un autre tournoi WTA se déroule en ce moment, des joueuses biélorusses et russes ont pris part à la compétition. Sur écran géant était affiché un texte expliquant que l’Ukrainienne Svatolina et la Biélorusse Azarenka ne se serreraient pas la main après le match - pour éviter les sifflets.
« Nous apprécions votre respect pour les deux athlètes pendant et après le match, ainsi que votre compréhension dans ces circonstances difficiles », pouvait-on lire sur cet écran.
« Questions géopolitiques complexes », « circonstances difficiles » : les formules paraissent très empruntées, tandis que l’agression russe continue de faire de nombreuses victimes.
Visant la WTA et l’ATP, l’Ukrainien Alex Dolgopolov a loué les efforts des gouvernements tchèque et polonais tout en indiquant que « si les organisations ont perdu leur dignité et leurs valeurs humaines, des forces politiques supérieures doivent leur rappeler qu'elles existent ».
Ancien n°13 du tennis mondial, il est depuis mars 2022 engagé - comme de nombreux autres sportifs ukrainiens dont certains sont déjà morts au combat - contre l’envahisseur et est opérateur de drones.
