Terry Haass, une artiste d'origine tchèque vivant à Paris expose en Tchéquie

Jenufa

Depuis le 23 mars, et jusqu'au 15 mai, le Musée des Arts d'Olomouc présente une rétrospective de l'oeuvre de Terry Haass, née Tereza Haass en 1923 tout près d'Olomouc, à Cesky Tesin, et qui a fui le nazisme en 1939. Anna Kubista qui se trouve justement à Olomouc a parcouru les oeuvres de l'artiste qui vit aujourd'hui à Paris, et nous en dit plus :

C'est dans le cadre d'un projet qui présente de grandes femmes artistes, tchèques mais aussi étrangères, que s'inscrit l'exposition des oeuvres de Terry Haass à Olomouc. Une première mondiale, car c'est la toute première rétrospective qui lui est consacrée présentant des oeuvres qui vont des années 1940 jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit d'oeuvres représentatives de toutes les phases de création de Terry Haas, depuis ses travaux graphiques, sculptures, en passant par des collages ou bien encore des modèles de costumes futuristes liés à l'oeuvre musicale de Leos Janacek. Lumière. Temps. Espace. L'exposition s'articule autour de ces trois phénomènes que Terry Haass est parvenue à relier entre eux. Pas seulement comme sculptrice qui joue traditionnellement avec la lumière et l'espace, explique Gina Renotière, commissaire de l'exposition, ni même comme peintre qui fait de la lumière un compagnon, mais en faisant intervenir le temps, qui suite à ses travaux archéologiques au Proche et au Moyen-Orient l'a inspirée pour des collages et des travaux graphiques. De cette artiste d'origine tchèque paradoxalement si peu connue dans son pays, le Musée d'Olomouc a d'ailleurs réussi à faire entrer l'essentiel des oeuvres de l'exposition dans sa collection permanente.

Un documentaire fin et sensible, réalisé à cette occasion, montre l'artiste dans son quotidien parisien, mémoire vivante d'un demi-siècle d'art qui a côtoyé les plus grands, comme Picasso.

Après s'être exilée aux Etats-Unis puis en France, Terry Haass n'est jamais retournée dans son pays natal sous le communisme. Elle raconte son premier retour dans les années 90 dans un pays qu'elle avait quitté plus de 50 ans auparavant. Alexis Rosenzweig lui a téléphoné à Paris, où elle vit désormais :

« Ce sont des amis suisses qui m'ont proposé de venir avec eux à Prague, pour les guider, même si je connaissais très peu la ville pour n'y avoir jamais vécu. J'étais absolument enchantée, et je n'avais qu'une envie : revenir encore. Je suis ravie d'être retournée à Olomouc. Je suis allée voir le Pöttingeum, une école dans laquelle j'ai vécu pendant trois ou quatre ans. Cela m'a fait un énorme plaisir de revoir cet endroit et de me promener dans les couloirs. »

D'où est venue l'idée de cette exposition ?

« De mon ami, Petr Spielmann, ancien directeur du musée de Bochum en Allemagne, qui avait amené tous les Tchèques pour exposer dans son musée, aux côtés de Kupka par exemple. Petr Spielmann a ensuite pris sa retraite à Brno, sa ville natale, et a insisté pour que j'expose à Brno l'année dernière. A cette occasion nous avons rencontré le directeur du musée d'Olomouc qui m'a invité à exposer là-bas. »

Certaines de vos oeuvres sont inspirées des musiques de compositeurs tchèques, dont Leos Janacek.

« C'est encore grâce à M. Spielmann, qui à organisé une exposition « Hommage à Janacek » à Brno. Des artistes du monde entier sont venus et ont contribué à cette exposition. Nous avons tous été inspirés ; on aimait tous Janacek évidemment. »

Et il y a d'autres compositeurs tchèques qui vous inspirent ?

« J'écoute souvent Dvorak, mais aussi Huml. J'aime beaucoup la musique baroque tchèque. »

« Je ne peux dire que du bien de cette exposition à Olomouc. Les photos de mes sculptures qui ont été faites là-bas sont les meilleures que j'ai jamais vues. »

Est-ce que ça vous donne envie d'exposer davantage en République tchèque, et notamment à Prague ?

« Avec grand plaisir, mais il faudrait savoir où et avec qui... J'étais en contact avec les gens du Narodni muzeum, et la direction changeait très souvent, de sorte que l'un ne savait pas ce que l'autre avait promis, et ça ne s'est jamais fait. »