UE: cinq ans depuis l'élargissement et l'adhésion de la République tchèque
La République tchèque est depuis cinq ans membre de l’Union européenne. Le 1er mai 2004, l’Europe des Quinze élargie à 10 nouveaux Etats d’Europe centrale et orientale est devenue l’Europe des Vingt-cinq.
Cinq ans après, l’importance de l’événement est récapitulée par Vladimír Špidla, actuel eurocommissaire tchèque en charge de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Egalité des chances et ancien premier ministre de la République tchèque :
« Quand j’ai obtenu l’information que nous avons gagné le référendum sur l’adhésion de la République tchèque, pour moi c’était vraiment le sommet politique. Le référendum était pour moi le moment important. J’ai attendu le résultat en savant qu’en Slovaquie le résultat était positif mais la participation était limite, pareil en Pologne si je me souviens bien... J’étais un peu anxieux, et à 22h les résultats sont arrivés et ils étaient bons, avec 77% de oui et une participation solide. »
Il y a 5 ans, Vladimír Špidla était le Premier ministre du gouvernement qui a achevé les négociations d’adhésion et conduit le pays au sein de l’Union européenne. Les drapeaux étoilés et bleu-blanc-rouge flottaient ce 1er mai 2004 sur la place Venceslas inondée de milliers des Tchèques célébrant le retour du pays dans l’Europe :
Ramiro Cibrian, ancien chef de la délégation de la Commission européenne, désigné pour sa contribution comme le « Monsieur Europe » de la République tchèque, tant il symbolisait cette entrée, était il y a 5 ans dans la foule des gens qui célébraient l’événement sur la place Venceslas :
« Ce sont des sentiments de joie et de satisfaction partagée avec mes amis tchèques et européens avec lesquels j'ai eu le privilège, pendant beaucoup d'années, de travailler pour que ce jour puisse se concrétiser, devenir une réalité. Je suis extrêmement content. Je remercie mes amis tchèques qui m'ont invité à venir ici pour vivre avec eux cette journée véritablement historique. »
Bien que l’émotion était forte dans les premières minutes après l’élargissement, pour certains Tchèques participant aux festivités, la vie dans l’Union était cependant un saut dans l’inconnu :
« On espère une vie meilleure pour nos enfants, mais c'est tout. C'est une belle fête mais pour ce qui va venir après... On craint que la différence qui existe entre nous et le reste de l'Europe soit trop importante. Pour l'instant, on ne peut pas vraiment voyager sans passeport, circuler tout à fait librement. Le marché du travail n'a pas été ouvert à tous. On trouve ça un peu discriminatoire. Et ce qu'on souhaite à notre pays ? Eh bien, beaucoup de prospérité... »
Cinq ans après avoir adhéré à l’UE, la République tchèque fait partie, depuis déjà deux ans, de l’espace Schengen, espace européen de libre-circulation. Le 1er janvier 2009, elle est devenue le deuxième pays de l’ancien bloc de l’Est, après la Slovénie, à avoir l’honneur d’exercer la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’UE. Cinq ans après leur intégration, les citoyens tchèques peuvent travailler dans 25 des 27 pays membres actuels.
A la veille du 5e anniversaire, la Belgique et le Danemark qui, avec l’Allemagne et l’Autriche, limitaient l’accès à leur marché du travail, ont officiellement annoncé qu’ils ne prolongeraient pas les restrictions pour les citoyens des nouveaux pays entrants de 2004, parmi lesquels la République tchèque. La décision a été saluée par Pavel Hořák, conseiller économique de l’ambassade tchèque à Bruxelles :
« En premier lieu, c’est la levée des barrières appliquées pendant la période de transition, barrières limitant la libre circulation des personnes et de la main d’œuvre. Cela signifie que les citoyens tchèques et ceux des 9 autres entrants de 2004 ne seront plus obligés de demander un permis pour travailler en Belgique. »
Pour Vladimír Bartovic, de l’Institut de politique européenne, la Belgique n’avait plus d’arguments pour prolonger la période de transition, car, comme cela s’est avéré, les craintes d’un afflux de travailleurs tchèques ne se sont pas accomplies :« Les pays où les travailleurs des nouveaux pays se sont notamment dirigés sont la Grande-Bretagne et l’Irlande, suivies de l’Allemagne et de l’Espagne. Les Tchèques ont été, en général, incomparablement moins nombreux à aller travailler en Europe que les Polonais, les citoyens des pays baltes ou les Slovaques. »
A l’opposé de la Slovaquie, qui fait déjà partie de la zone euro, la Tchéquie n’a pas encore adopté la monnaie unique et elle est aussi, avec l’Irlande, le seul pays qui n’a pas ratifié le Traité de Lisbonne réformant les institutions de l’Europe élargie.