UE et URSS : bonnet blanc et blanc bonnet selon Vaclav Klaus
Alors que ce jeudi s'ouvrait à Bruxelles le sommet de l'Union européenne, qui promet des négociations houleuses autour de son budget pour les sept années à venir, le président tchèque, au cours de son voyage officiel en Ukraine, a une fois de plus critiqué l'idée d'une Union comme super-Etat. Sa comparaison forte, avec l'Union soviétique d'antan, n'est guère une coïcidence dans le contexte d'un sommet de toutes les divisions, où, en filigranne, c'est la définition même de l'Union qui est en jeu.
La question est, en effet, de savoir de quelle Union européenne on parle, à quelles valeurs on fait référence, à quel modèle économique on se rattache, en bref, quels sont les piliers de ce projet de vie commune à Ving-Cinq, a fortiori si l'on envisage un élargissement. C'est là que le bât blesse, et le président Klaus ne le que sait que trop bien, quand, dans une tentative de mise en garde contre trop d'angélisme pro-européen, il a comparé l'Union européenne à l'ancienne Union soviétique. S'il s'est déclaré un fervent partisan de la suppression des frontières, pour la libre circulation des personnes et des capitaux, il a encore une fois critiqué ce qu'il considère comme une tentative de Bruxelles de faire de l'Union un Etat supranational. La référence à l'Union soviétique peut faire mouche dans un pays qui en a fait partie, quand on sait qu'elle a des résonnances en Europe centrale même.
Le président Klaus affine donc sa rhétorique entamée il y a longtemps, et l'actuelle crise identitaire de l'Union lui laisse toute lattitude pour s'engouffrer dans la brêche créée par les deux « non » successifs à la Constitution. Une manière d'appuyer sa propre définition et vision de l'UE, tandis que de plus en plus de voix dans les Etat-membres, s'élèvent en faveur d'une pause dans le processus de ratification, et que la question même de l'élargissement fait pour l'heure figure d'un cadavre qu'on aurait placé dans un placard, jusqu'à nouvel ordre. Une vision de l'Europe selon Vaclav Klaus qu'il propose donc à des aspirants à l'intégration, alors que ses fondateurs même sont plus divisés que jamais.