Un ancien hôtel communiste transformé en parc privé ?
L’hôtel Praha, un des derniers exemples significatifs de l’architecture de la période communiste à Prague, pourrait bientôt être détruit. Son nouveau propriétaire a annoncé la semaine dernière son intention de raser le monstre de e béton armé pour laisser place à un parc privé. Le projet a entraîné les protestations de nombreuses associations luttant pour la protection du patrimoine architectural.
L’édifice aux formes courbées a été racheté en juin par PPF, la société d’investissement de l’homme le plus riche de République tchèque, Petr Kellner.
Mardi dernier, le milliardaire a confirmé son intention de détruire l’hôtel. Le terrain servirait alors de parc privé pour Open Gate, une école d’élite appartenant à la société PPF. Cette décision a entraîné, quelques heures plus tard, une manifestation spontanée de plusieurs centaines de personnes pour empêcher la démolition de ce bâtiment symbolique de l’architecture organisationnelle. Plusieurs associations se sont ainsi réunies pour proposer que l’édifice soit inscrit au patrimoine culturel national. Mais cette initiative a été rejetée par le ministère de la Culture. Historien de l’architecture, Ladislav Zikmund-Lender juge cette décision incohérente :« En tant qu’initiateur de la pétition, je dois dire que ce n’est pas une bonne décision de la part du ministère de la Culture. L’hôtel Praha représente pour moi un patrimoine culturel que l’Etat se doit de préserver. »
Selon Ladislav Zikmund-Lender, l’hôtel Praha, de par ses dimensions artistiques et culturelles, constitue une œuvre architecturale sans équivalent en République tchèque. Ses intérieurs mêlant carreaux de céramique, bois et verre lui ont valu une grande admiration de la part des amateurs d’architecture. Pourtant, un autre historien de l’urbanisme, Zdeněk Lukeš, estime, lui, que le bâtiment ne peut être classé comme monument culturel protégé :« Personnellement, que l’hôtel soit détruit ou pas ne me préoccupe pas beaucoup. On doit le considérer dans son environnement proche. C’est ce qui me dérange le plus dans cet urbanisme, parce que ce bâtiment se trouve au milieu des maisons familiales dans le quartier d’Hanspaulka. C’est un monstre au milieu d’une architecture de petite échelle. »
Depuis 1989, l’hôtel Praha n’a pas rencontré le même succès auprès de ses propriétaires qu’avec les apparatchiks communistes. En effet, ses bailleurs successifs ont été dans l’incapacité de résoudre le problème des pertes significatives qui découlent de l’entretien du bâtiment. Qui plus est, la majorité du mobilier a été emportée par les précédents propriétaires arméniens. Les quelques objets restants, sans réel intérêt selon le nouveau propriétaire, seront offerts aux musées nationaux. Zdeněk Lukeš pense que la logique financière est la raison principale du choix de la démolition :
« Les propriétaires successifs se sont rendus compte que l’hôtel ne pouvait pas fonctionner sans pertes financières significatives. Je pense que c’est la raison pour laquelle le propriétaire actuel veut raser l’hôtel et construire quelque chose d’autre. »La décision finale appartient maintenant à la mairie du VIe arrondissement de Prague. Si la démolition est confirmée, elle devrait avoir lieu au printemps prochain.